05.

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Hoseok scrutait la cime des arbres, à la recherche d'une pointe à peine plus haute et immobile dans la clarté des cieux, qui indiquerait la fin de leur périple. Mais son œil n'était pas assez entraîné; il ne la trouva pas. Peut-être étaient-ils encore trop loin ? Le chevalier se demanda combien de temps ils leur faudraient pour parvenir au château. Le chemin, qui les faisait sillonner entre les sous-bois et fendre des champs d'herbes fades, était en bon état, quoique interminable. Ils parviendraient assurément à destination sans embûche.

Le chevalier jeta un rapide coup d'œil de côté pour zieuter le corps supplémentaire que transportait l'un des chevaux des soldats. Dès lors, il douta.

Le garçon inconscient avait été installé sur la croupe d'une monture, empaqueté dans des fourrures, des tissus et fermement attaché par des sangles afin de l'empêcher de tomber. On avait fait avec les moyens disponibles. Son visage était caché, mais Hoseok était certain qu'il était toujours inconscient. Il ne s'était pas réveillé depuis que le groupe l'avait trouvé devant la bâtisse vide, bien qu'étonnamment, il respirait et vivait encore. À présent, son crâne dodelinait au rythme soutenu de la monture qui le portait, laquelle s'efforçait de rester à la même allure que les autres. Pour ce faire, son cavalier donnait régulièrement des petits coups d'étrier. Malgré tout, emmener ce garçon avait ralenti le groupe déjà en retard. Mais les ordres du commandant étaient formels; ils emmenaient ce garçon avec eux.

Hoseok eut un faux sourire en coin. Pourquoi l'avaient-ils seulement emmenés ? Il aurait été plus raisonnable de le laisser dans la première auberge, dans le premier hameau trouvé. De se délester de lui et de la charge inutile qu'il représentait. La curiosité du commandant était-elle plus forte que la raison ? Sûrement voulait-il connaître le triste destin de ce garçon, savoir ce qui lui était arrivé, à lui et à l'homme qu'ils avaient trouvé mort. Hoseok avait du mal à se dire qu'on pouvait ainsi considérer le destin d'un simple paysan. Et puis, en fouillant leur maison, le groupe n'avait pas trouvé grand chose; une chaumière encore tiède, une étable remplie de bêtes grotesques qu'ils avaient eut tôt fait de libérer, car à présent sans propriétaire valide. Aucune réserve n'avait été dénichée, au grand damne des soldats lassés, ce qui les avaient rendus plus réticents à emmener le garçon avec eux.

En plus de ça, ils avaient perdus du temps en enterrant leur second cadavre du voyage. Ce ne fut pas un plaisir. Le chevalier l'avait deviné aux mines de dégoûts de ses camarades, et aux efforts qu'avaient fournis les bras creusant la boue. Mais les ordres étaient les ordres. Aucun d'entre eux n'avaient l'autorité pour les outrepasser. Pas même Hoseok. Ce dernier talonna son cheval, qui passa dès lors au trot. Il rattrapa le commandant à la tête du groupe.

« Commandant, salua formellement le chevalier d'une voix assurée. »

L'homme ne cessa pas de regarder droit devant lui, une main tenant les reines et l'autre reposant sur le pommeau de son épée. Il fit un signe du menton pour lui donner l'autorisation de parler.

« Commandant, que comptez-vous faire du garçon une fois à la citadelle ?

– Ils s'occuperont de lui au château. »

Hoseok fut quelque peu surpris. Le commandant comptait donc l'emmener jusqu'au château ? Il n'y avait pas plus haut lieu dans la région.

« Mais commandant, pourquoi ne pas le laisser au temple ? suggéra le chevalier. Les prêtres pourraient s'occuper de lui. »

Le commandant Jeon balaya sa proposition d'un bref mouvement de la main, comme s'il y avait déjà songé.

« Pour que des rumeurs se mettent à circuler en ville s'il se réveille et ouvre la bouche ? dit-il, le front plissé et l'air dur. Nous ne savons pas ce qui lui est arrivé et ce qu'il risque de dire. Mieux vaut l'interroger d'abord. Puis nous aviserons.

Vampiris Sanguinare T1 | y.seok - n.giOù les histoires vivent. Découvrez maintenant