Vampiris Sanguinare T1 | y.seok - n.gi

22.

Les jours suivants, Yoongi ne reçut pas de nouvelles concernant les leçons et il n'eut pas l'occasion d'y songer beaucoup. Il y avait de quoi le maintenir occupé aux écuries, car il faisait de plus en plus froid. Par conséquent, beaucoup de chariots allaient et venaient dans la cour, chargés de réserves pour les jours hivernaux qu'il fallait stocké ici, au château. La plupart provenait de la collecte des taxes et avait fait le voyage depuis tous les comtés. Yoongi avait appris ça d'un des palefreniers, mais il n'arrivait toujours pas à croire que certains de ces sacs de grains avaient parcourus davantage de distance que lui dans toute son existence et avaient vus des paysages que ses yeux n'avaient jamais perçus.

Quoi qu'il en soit, il fallait des bras pour décharger les sacs, et même si Yoongi se voyait souvent traiter de maigrichon, il donnait tout de même un coup de main. Telma, la cuisinière, semblait d'ailleurs s'être aperçu de son allure qu'elle jugea aussitôt trop frêle, un jour que l'écuyer lui rapportait des œufs du poulailler. Elle s'était donné pour mission de lui faire prendre du poids, si bien qu'à chaque fois que Yoongi venait en cuisine pour manger avec les palefreniers, elle insistait pour lui servir des parts plus grosses qu'aux autres, rajoutant souvent une ou deux cuillerées de potage dans son bol. Quelques soldats ronchonnèrent de cette injustice, mais la plupart s'en amusèrent et bientôt, tout le monde plaisantait sur son nouveau surnom, le chouchou de Telma.

Jusqu'à présent, Yoongi n'avait pas pris un gramme et ne se plaignait pas de cet excès d'attention. Il était même satisfait d'avoir repris une petite routine, de connaître un peu mieux le fonctionnement de ce petit monde, même s'il songeait souvent à ce qu'il y avait d'autres à voir à la citadelle ou, mieux encore, au-delà de l'enceinte de la ville. Bien que sa dernière sortie ne se soit pas exactement déroulé comme prévu, il y se prenait souvent à imaginer ce qu'il serait advenu si, à Cardend par exemple, il était monté sur n'importe quel bateau, à combien d'autres possibilités lui donneraient les chemins qui partaient de la capitale. De plus, il y avait quelque chose dehors qu'il désirait, quelqu'un qu'il devait trouver. L'idée lui collait à la peau, sans pour autant le frustrer d'être bloqué ici. La broche qu'il gardait chaque jour dans sa chemise, contre son torse, lui rappelait sans cesse cette vague et lointaine mission.

Néanmoins, Yoongi sentit poindre une légère appréhension lorsqu'un après-midi où il étrillait la monture de sire Jung, une servante du château vint lui apporter un message. Le chevalier voulait qu'il s'installe le soir même dans sa nouvelle chambre. Ça signifiait sans doute que les leçons allaient débuter, donc que sire Jung avait finalement choisi un enseignant. Si apprendre à lire le rendait nerveux mais aussi impatient, l'idée de quitter les écuries l'enchantait bien moins.

Peu enclin à faire le déménagement, Yoongi écouta les pas de la servante lorsqu'elle repartit, mais il n'alla pas chercher ses quelques affaires. Il termina de panser la robe déjà soyeuse du cheval, puis flatta son encolure en appréciant le calme qui régnait dans la stable. La paille bruissait sous ses bottes, et il songea qu'il ne pourra plus autant profiter de tout ça une fois à l'intérieur du château. Il se demanda à quel point les leçons seraient prenantes. Il aurait voulu rester plus longtemps ici, dans cet endroit qui, quelque part, lui rappelait sa maison dans le comté de Haik...

Malheureusement, Yoongi ne trouva rien d'autres à faire pour s'occuper et retarder le moment de partir. Il dut se résoudre à aller rassembler ses affaires. Il quitta la stable, referma derrière-lui d'un geste habitué et traversa le couloir des écuries. Il croisa un palefrenier occupé à balayer et ce dernier le salua en utilisant son nouveau sobriquet. L'écuyer lui répondit brièvement avant de s'enfoncer dans ce qui lui servait jusqu'alors de chambre. Il y faisait un peu plus sombre qu'ailleurs, mais ça ne l'empêcha pas de trouver ses affaires, éparpillées çà et là. Il collecta les vêtements raccommodés que lui avaient donnés Telma, les empaqueta pour en faire une boule mal pliée et maintint le tout sous son bras. Puis il balaya la minuscule pièce des yeux, scrutant les bottes de paille à la recherche d'un objet oublié. Mais il avait tout.