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— On va te demander de faire des tests. Essayer d'accéder à ton inventaire magique, tes flammes... la totale. Séra... Un Týr te surveille, donc évite de mentir.

Il avait failli dire son prénom, notai-je avec un sourire. Ils étaient réellement amis. Mais s'il avait su combien ce pauvre Séraphin avait souffert par ma faute, il n'aurait probablement jamais été aussi aimable avec moi.

— Dis-lui bonjour de ma part, narguai-je malgré tout.

Le mouvement des mains de Kalyan, jusque là fluide, s'interrompit un bref instant, et je me mordis les lèvres. Peut-être qu'il savait, en fait, ou au moins se doutait de quelque chose. Provoquer maintenant n'était pas une bonne idée. Pour la forme, même si je ne le pensais pas vraiment, je marmottai :

— Désolée...

Je n'allais pas regretter ce que j'avais fait pour mon boulot, aussi ignoble cela puisse-t-il paraître aux yeux des autres. Tout comme je ne demanderais jamais à Kalyan de regretter ce qu'il avait fait pour m'obliger à parler. C'était ridicule, ce genre d'émotion n'avait pas sa place dans notre univers.

— J'éviterai de lui parler de toi, souffla-t-il, et on va considérer que tu n'as rien dit.

Un simple hochement de tête approbateur de ma part scella l'arrangement. Je me permis un sourire en sentant ses doigts s'attarder un peu plus longtemps que nécessaire sur ma peau.

— Observe et apprends, lui lançai-je lorsqu'il s'éloigna finalement.

Il referma derrière lui, m'adressa un clin d'œil narquois, et leva la main vers les scientifiques postés un peu partout sur les passerelles en hauteur.

Ce que je n'avais pas prévu, c'était que ma cage se mette à vibrer, comme secouée par une main invisible, puis se soulève en tanguant. Je vacillai, levai la tête, surprise, remarquant pour la première fois la corde qui sortait du plafond et qui me tractait vers le haut. Un rire m'échappa, je tournai sur moi-même, observai les dizaines de paires d'yeux azur qui surveillaient chacun de mes déplacements.

On immobilisa ma prison de verre à environ quatre mètres du sol, au niveau de la première passerelle. Je poussai un grognement frustré, dépitée de ne pas savoir où se situaient les leviers qui contrôlaient ma cage. J'aurais aimé les avoir sous la main, pouvoir les atteindre. Un rire discret m'échappa lorsque je songeai au bazar que j'aurais pu causer s'il n'y avait pas eu ces fichus Heimdall dans le coin.

— Statuettes désactivées, annonça Kalyan depuis le sol.

Il devait se tordre le cou pour me voir. Je lui accordai à peine un regard, additionnai les dix fusils campés au-dessus de ma tête aux vingt qui me guettaient déjà depuis le bas. Ils se prenaient vraiment au sérieux avec la sécurité...

— Premier test, accès à l'inventaire magique.

La voix artificiellement modifiée résonnait dans les haut-parleurs. Je m'astreignis à l'exercice, essayai de faire apparaître mon téléphone. Comme d'habitude, la barrière immatérielle m'en empêcha ; je poussai un léger grognement en me prenant l'habituel coup dans le plexus.

— Négatif.

— Plus fort, s'il vous plaît.

— NÉGATIF ! hurlai-je.

Un chuintement discret, le rire de l'équipe postée en bas, monta jusqu'à moi. Je me mordis l'intérieur des joues, partagée entre l'amusement et l'exaspération.

— Juste un peu moins fort, la prochaine fois. On a encore besoin de votre voix.

Pour peu, j'aurais été certaine de discerner du sarcasme dans le ton robotique. Mais l'inconnu ne me laissa pas le temps d'y réfléchir.

Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de LokiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant