Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)

1. J'attendrai le temps qu'il faudra

Allongée sur mon lit, Madeleine joue avec les pointes blondes de ses cheveux tout en fixant mon plafond.

Les grandes vacances sont passées à vitesse grand V. J'ai encore l'impression que le dernier cours de seconde, c'était la veille. Non pas que ça me manque, seulement les bons jours défilent trop vite.

Dans un soupir, je pose mon portable sur mon meuble à ordinateur. Je répondrai à Martial plus tard. Il peut bien attendre quelques heures avant de savoir si oui ou non, j'ai acheté le dernier jeu vidéo qu'il vise. Depuis qu'il est venu chez moi et a découvert que je me débrouillais bien avec une manette, il a décrété que j'étais son pote geek. Ce que je ne suis pas, « geek » je veux dire. Parce que sinon, tout le monde l'est...

Deux secondes plus tard, mon regard est attiré par le mollet de Madeleine. Elle porte une robe, à fleurs. Et à première vue, elle n'a pas remarqué que son vêtement ne la couvrait pratiquement plus.

— C'est dommage que tu aies choisi ES, souffle-t-elle.

Je suis bien trop occupé à regarder la courbe de sa jambe, puis de sa cuisse, pour réfléchir à sa remarque. Mes yeux se posent sur un autre bout de tissu et je peux certifier qu'il ne s'agit pas de sa robe... Bon sang ! Elle le fait exprès ou quoi ?

— Ça aurait été tellement cool si on avait pu être dans la même classe.

Parce que je m'interdis de faire un mouvement brusque ou qui pourrait aller à l'encontre de ce que nous avons convenu, je m'oblige à délaisser sa peau dénudée pour son visage. Mon regard remonte de ses lèvres pleines à ses yeux bordés de petits cils blonds, en passant pas son nez retroussé.

— De quoi ?

Elle fronce ses sourcils en comprenant que je n'ai rien suivi de ce qu'elle disait. Ce n'est pas de ma faute. Comment voulez-vous être concentré quand votre petite amie s'exhibe de la sorte ? C'est obligé que votre cerveau fasse un court-circuit !

— T'es dans la lune ou bien ?

J'ai juste un peu de mal à garder les idées claires ces derniers temps. Ça fait des mois que nous sortons ensemble et alors que mon désir pour elle ne cesse de grandir, elle tient toujours le même discours : elle ne se sent pas prête pour passer la nuit avec moi. Du moins pas comme je le voudrais.

Le blême, c'est qu'après avoir passé plusieurs après-midis à la ferme de son père, j'ai décidé de l'inviter quelques jours à la maison. Et même si ma mère m'a fait les gros yeux et a dit qu'elle ne voulait pas que l'on fasse de folie, je ne peux pas m'empêcher de me dire que bon sang... Mad est dans mon lit ! Elle est là, sous mes yeux, et elle va dormir dans ma chambre.

Sa robe est toujours relevée, les yeux à nouveau rivés à mon plafond que j'ai redécoré à mon arrivée avec mon père, elle ressemble à une tentatrice. Tentatrice qui, putain, je le répète, dormira dans ma chambre cette nuit.

— Quand tu vois qu'on va rentrer en première !

Elle a choisi de prendre la filière littéraire, ce qui veut dire que nous serons séparés. Pour les cours, uniquement et heureusement.

En fait, je crois qu'elle m'en veut un peu parce que j'ai décidé de laisser tomber le théâtre. C'est sûr que ça aurait été cool que l'on puisse partager ce cours-là, sauf que mon année de seconde m'a fait comprendre que ce n'est pas mon truc, le théâtre... Je m'en sors. J'ai été bon élève, car j'ai bossé. Mais ça ne me branche pas. Je pensais que ça serait le cas. Seulement je me suis trompé.

J'ai beau aimer Madeleine, ma scolarité est importante et je ne vais pas suivre une option qui ne m'intéresse pas, même si cela me permettrait de passer du temps avec ma copine.