Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)

11. Viens, on se casse

Mon retour au lycée me vaut évidemment le retour des devoirs, des cours chiants et des regards soulants de Justine. Mais heureusement, ça me permet aussi de pouvoir déjeuner avec Mad.

Du moins le mardi (puisque le lundi, nos emplois du temps ne coïncident pas).

— Tu manges pas ? s'étonne-t-elle tandis qu'elle mordille son bout de pain.

Aujourd'hui, elle a attaché ses cheveux. Et elle porte une robe fleurie. En fait, j'ai remarqué que depuis qu'elle a tourné dans ce court-métrage (qui malheureusement, est passé inaperçu), elle a un peu changé de style vestimentaire. Peut-être qu'elle se cherche. Mais après tout, qui ne s'est jamais cherché à notre âge ?

— Si si, soufflé-je en remuant mes pâtes.

Je n'ai pas d'appétit. Seulement ce n'est pas parce que je ne me sens pas bien. C'est juste que j'ai eu sport juste avant et que ça me coupe la faim à chaque fois. Martial lui par contre, m'a dit qu'il dévorait après. Chacun sa réaction face aux efforts...

En sortant de mes pensées, je remarque que Madeleine me regarde, inquiète.

— Ça va, je vais bien ! souris-je. C'est juste que... J'ai pas pris de ketchup alors...

— Tu bouffes tes pâtes avec du ketchup, toi ? demande-t-elle en haussant un sourcil.

— Genre, t'as jamais capté ?

Elle sourit avant de piquer deux pâtes dans mon assiette.

— Évidemment que si ! J'te faisais marcher. Je t'observe... Tout le temps.

Sauf quand je suis chez moi, dans ma classe, dans le bus, hors du lycée... Ça fait une sacré liste de moments où elle ne peut pas m'observer tout de même !

Cela n'empêche pas que je trouve ça grave mignon (bien qu'un peu hard aussi. Ça fait très réplique de stalkeuse en fait).

— Tu viens traîner avec moi à 16 heures ? demandé-je alors qu'elle finit son assiette, comme si elle ne venait pas de dire qu'elle est une psychopathe obsédée par ma personne.

— J'sais pas... Tu sais, Mel n'est pas très en forme.

Sa mine soudainement inquiète m'alarme. Madeleine ne va pas me lâcher pour sa meilleure amie quand même ? Genre, me sortir qu'elle doit rester avec Mélissa, à chacune de leurs perm' ?

— Quoi ? Maintenant que Maxime est devenu beau gosse elle le remarque ? ironisé-je.

Et vas-y, regard noir de la mort qui tue.

O.K., j'ai compris. On ne blague pas sur le sujet de Mel...

— C'est pas ça, soupire-t-elle. C'est juste qu'elle a discuté avec lui cet été, et elle ne savait même pas qu'il avait complètement changé. Tu vois, ils ne faisaient que s'envoyer des SMS, pas de webcam. Alors...

— Alors elle espérait quelque chose à la rentrée ?

Je ne sais même pas comment j'en suis arrivé à cette conclusion, mais d'après la tête de Mad, ce n'est pas si loin de la vérité que ça...

— J'sais pas. Peut-être que oui. Peut-être que non. Peut-être qu'elle est juste un peu vexée et qu'elle se sent trahie par son changement. J'sais pas en fait. Mais elle ne va pas bien, j'le sens.

J'avais presque oublié que c'est si compliqué les filles !

— Bon et sinon, comment ça se passe avec ta famille ? lancé-je pour changer de sujet.

Madeleine retrouve le sourire et pioche une nouvelle fois dans mon assiette. Petite, toute fine, mais avec un estomac d'ogre...

— J'ai appris à Angelina à monter à cheval samedi. Si tu l'avais vue ! Elle est peut-être à l'aise sur des échasses, mais à dos de cheval, c'est une autre histoire. Même JP qui avait dit qu'il voulait voir ça (il est rentré de la fac ce week-end), n'a pas pu s'empêcher de rire.