10. Malade comme un chien

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Ma journée de dimanche est synonyme d'enfer. Parce que désormais, je peux l'affirmer, l'alcool ne m'entraîne pas de crise, mais me donne l'impression d'avoir bu le triple de ce que j'ai réellement bu.

Bon, peut-être ai-je mal supporté cette bière car j'ai fumé par la suite aussi... Sûrement...

Mais le blême, c'est que le fait que Cam et Livio aient parlé de leurs soucis ça m'a fait songer aux miens. Et je me suis dit qu'il ne faudrait pas que je perde Mad, comme Camélia avec Marine. Je n'y avais pas vraiment pensé, seulement si Madeleine ne se sent vraiment pas prête, elle risque de me trouver lourd à la longue.

C'est cette pensée-là qui m'a angoissé.

Là, j'ai clairement senti que mon adrénaline montait en flèche et ce, malgré mes bêtabloquants, qui à la base sont quand même supposés stopper ce genre de chose. D'un autre côté, je me suis dit que ce n'était pas plus mal que ça n'arrête pas tout, sinon l'autre fois avec Madeleine dans mon lit, je n'aurais même pas pu ressentir ne serait-ce que de l'excitation.

Enfin si, j'aurais pu la ressentir, mais mon corps lui, aurait déconné.

En tout cas, après avoir bu ma bière et avoir parlé sexualité avec mes potes, nous avons quitté le bar. C'est là que Camélia nous a proposé une clope. Livio a refusé, car il a horreur de l'odeur de la nicotine. Mais moi, j'étais tellement stressé par ma réflexion précédente, que j'ai accepté. Puis d'une cigarette, c'est passé à un pétard et... Résultat : lorsque mon père m'a récupéré le soir, je planais un peu.

Sur le moment, c'était cool. Même la dispute de mes parents m'a semblé vachement lointaine. Leurs mots coulaient sur moi, sans que je n'ai le temps de comprendre leur signification. Je trouvais tout marrant. La vie était belle.

Ouais, elle l'était... Jusqu'à ce qu'en pleine nuit, je déboule dans les toilettes pour vider mon estomac. Là, tout à coup, c'était moins drôle.

En plus, j'ai réveillé toute la maison malgré l'isolement de ma chambre et des chiottes

— Tiens, bois ! m'ordonne ma mère en s'asseyant sur le bord de mon couchage.

Tout en grimaçant, je colle mon dos contre ma tête de lit. Mes doigts se posent sur le verre qui contient une boisson indéterminée. Ça n'a pas l'air appétissant.

Le cauchemar...

— Bois ! répète-t-elle, ayant visiblement du mal à cacher son agacement.

— Oh doucement, me plains-je en me frottant le front.

J'ai l'impression qu'elle hurle dans ma tête. C'est... Putain, ça fait mal.

— Comment tu te sens ?

Je hausse les épaules tandis que je me force à avaler le truc infâme qu'elle m'a concocté. Vraiment dégueulasse. C'est limite si je ne vais pas dégueuler une fois.

Je ne veux plus jamais me retourner la tête comme ça. Non, plus jamais !

— Tu peux m'expliquer ce qu'il t'est passé par la tête de boire et fumer alors que tu es sous médicament ?

J'aurais eu le droit à la même question, même si je n'avais pas été sous bêtabloquants.

Quoique, si je ne prenais pas de médoc, ma dose n'aurait pas été triplée, alors je l'aurais sûrement supporté. Je hais mon corps. Il ne pouvait pas bien réagir pour une fois ? Il n'a pas compris qu'il me pourrissait déjà assez l'existence ?

— J'voulais juste m'amuser.

Ce n'est pas tout à fait faux. J'avais envie de vivre comme un adolescent de mon âge. J'ai bien le droit, non ?

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant