7. Quoi de neuf, docteur ?

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La semaine est passée lentement. Non. En fait, ce sont surtout les cours qui sont passés très lentement. Parce que les rares instants que notre emploi du temps nous a permis de partager, Mad et moi, ont été quant à eux, rapides comme l'éclair.

Dans un soupir, je claque la porte d'entrée derrière moi. La voix de ma mère baisse, durant quelques secondes, puis son volume remonte soudainement tandis qu'elle s'engouffre à son tour dans le couloir.

— Gontran !

Elle est énervée. Elle bouillonne. On dirait qu'elle sur le point d'exploser.

— Gontran ! Reviens ici tout de suite !

— J'suis pas ton clebs !

Elle n'a qu'à me crier « aux pieds » aussi tant qu'elle y est.

Sourd à ses soupirs, je balance mon sac dans le salon. Il vole dans la pièce avant d'atterrir sur le canapé. Et vu le bruit qu'il vient de faire, je me dis que ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire. Pas grave, j'irais voir les dégâts plus tard. Sans plus attendre, je retire mes godasses, que j'envoie elles aussi valser, puis m'engage dans les escaliers.

— Gontran ! répète pour la énième fois ma mère.

Il faut qu'elle change de disque. Il est rayé. Et grave chiant.

— Je te préviens, si tu montes dans ta chambre, je t'interdis d'inviter qui que ce soit à la maison et ce, durant plus d'un mois !

De toute façon, Madeleine ne compte plus dormir dans ma chambre. Alors au pire...

— Et interdiction de sortir en ville aussi !

Mon pied se stoppe sur la dernière marche. Dans un soupir, car je suis vaincu (si je ne peux plus aller en ville, comment je ferais pour voir Mad ?), je me retourne vers ma mère. En ce moment, c'est limite si je ne lui vois pas des cornes sur la tête.

— Ah, enfin ! s'exclame-t-elle. Bien, maintenant, tu vas m'expliquer pourquoi je viens de recevoir un appel de la secrétaire de monsieur de Bordier concernant l'annulation de ton rendez-vous.

Elle croise les bras sur sa poitrine et j'ai le droit à son regard qui met en garde. Il crie clairement qu'il vaut mieux que j'ai une bonne excuse.

J'en ai une, mais je sais qu'elle ne la validera pas. Tant pis, je balance quand même :

— Je vais bien. J'ai pas besoin d'le voir.

— Ah oui ? Et tu es médecin pour savoir si oui ou non, tu dois le voir ?

— Aux dernières nouvelles, je crois que je suis plutôt bien placé pour dire si oui ou non mon cœur déconne !

Ma reum est furieuse. Méga furieuse. Au moins, nous sommes deux à l'être.

— Si j'avais vraiment besoin d'le voir, il l'aurait fait savoir. Et admettons que je m'y rende... J'lui sors quoi quand j'le vois ? lancé-je en comprenant qu'elle attend la suite de mon excuse. Salut, c'est encore moi ! Alors, quoi de neuf, docteur ? Vous allez encore me droguer avec vos médocs de merde ?

Mon ironie ne semble pas lui plaire. Et bien pour ma part, c'est son comportement tout entier vis-à-vis de moi, qui ne le plaît pas !

— C'est pour ton bien.

J'ignore si elle parle des médicaments ou des rendez-vous, mais je décide de choisir la seconde option.

— Pour mon bien ? Tu me prends vraiment pour un attardé ou quoi ? Même la secrétaire ne sait plus quoi te dire pour te faire comprendre que les rendez-vous tous les trois mois, c'est exagéré ! Ils ne devraient être qu'annuels !

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant