Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)

9. Les couples de nos jours

Quand je descends de la voiture de mon père, je n'entends même pas ses recommandations, car le cri de joie de Livio recouvre la voix de mon paternel, pourtant loin d'être faible.

Mon ami traverse la route, manquant de se faire renverser au passage. Le conducteur lui klaxonne après et lève les bras, mécontent. Livio quant à lui, s'excuse d'un signe de la tête en pliant légèrement les genoux. Puis il réalise qu'il est toujours au milieu de la circulation.

Il redémarre alors son mini-footing pour rejoindre le trottoir sur lequel je me tiens.

— Bonjour monsieur Bavière ! s'écrie-t-il en arrivant devant la vitre de mon père.

— Bonjour Livio. Il faut faire attention en traversant ! C'est la jungle en ville !

— Ouais... Ouais je sais.

Mon ami se gratte la tête et ses cheveux bruns qu'il a laissé pousser depuis la dernière fois que je l'ai vu, partent soudainement dans tous les sens.

— Cam au moins, elle est restée en sécurité, soufflé-je en regardant notre amie.

Les bras croisés sur sa poitrine, celle qui ne se sépare pratiquement jamais de sa casquette, est en train d'écraser sa cigarette par terre.

— Ouais...

Livio grimace en regardant la concernée.

— C'est surtout qu'elle avait envie de s'en griller une et qu'elle avait la flemme de traverser.

Deux secondes plus tard, un silence s'installe. Gênant, il nous pousse tous les trois à nous observer du coin de l'œil.

— Bon allez, je vous laisse les jeunes, tranche mon père en rallumant le contact.

Nous attendons quelques instants en silence, Livio et moi, les yeux rivés sur la caisse de mon père qui disparaît aussitôt que le feu est passé au vert.

— Ça fait trop plaisir de te voir frérot !

Mon ami me prend dans les bras comme si nous ne nous étions pas vus depuis des années. Bon... ça fait des mois en fait...

— Ça a été avec ta mère ?

Je hausse les épaules et Livio soupire comprenant ce que ça veut dire.

Les yeux noisette, la peau halée, il a tout du physique de l'italien. Du moins d'après ma vision des italiens... Sauf l'accent. Car Alonso et lui sont nés en France. Leurs parents étaient sur le territoire français depuis deux ans déjà lorsque l'aîné est arrivé.

— T'as de la thune ? Parce que Cam a proposé qu'on aille squatter un bar ! J'ai piqué la carte de mon frère.

— Mais t'as pas dit qu'il avait un entretien ou un truc du genre avec un mec pour son boulot ? m'étonné-je.

— Si, répond-il tandis que nous traversons la route. Mais au pire, il a son permis !

Est-ce sa dispute avec Célia qui lui donne envie de faire des coups en douce ? Parce que ce n'est pas le Livio que je connais qui ferait ça.

— T'inquiète. Il s'en sortira. Eh, attends ! Je te dis qu'on va pouvoir consommer et tu tires la tronche ?

Alonso et Livio se ressemblent. Pas comme deux gouttes d'eau. Mais ils ne font pas partie de ces frères qui sont totalement opposés physiquement. Du coup ouais, ça devrait fonctionner.

Sauf que je ne dois pas boire avec mes médocs. Ça ne fait pas super longtemps que j'en prends, et je ne sais pas comment je réagis à l'alcool avec... Je sais que certains patients n'ont pas de souci, d'autres par contre, ont des crises. Et je n'ai franchement pas envie de faire un test là, avec mes amis.