16. La vie continue

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Durant le reste de la semaine et le week-end, l'ambiance à la maison a été étrange.

Ma mère est devenue encore plus étouffante. C'était limite si elle ne me suivait pas comme un petit toutou, me demandant toutes les deux secondes si je n'avais pas la tête qui tourne... Mon père, quant à lui, n'a pas dit grand-chose, mais j'ai senti son regard sur moi à chaque fois que je montais les escaliers en courant par exemple, ou lorsque j'allais m'entraîner à la batterie.

Désormais confortablement assis dans le canapé, les pieds sur la table basse (malgré les recommandations de ma reum qui s'est mine de rien adoucie depuis l'annonce du cardiologue), je pianote sur mon portable et jette de temps en temps des coups d'œil à la télévision qui est allumée.

— Alors mon grand, souffle papa, lui aussi échoué sur le sofa. Comment tu te sens aujourd'hui ?

Dois-je lui rappeler qu'il m'a déjà posé la question ce matin ? Putain, il était cool jusqu'à jeudi. Il était le seul qui ne paraissait pas névrosé. Si je me retrouve avec le double de ma mère, ça sera trop la mort !

Je ne vais pas supporter. Et je serais peut-être obligé de recommencer avec mes conneries que j'avais décidé de laisser de côté finalement.

— Ça va, la vie continue... Donc arrête avec tes questions à deux balles. Ne deviens pas comme maman s'te plaît.

Mon père hoche la tête et semble pensif tout à coup.

— Tu as raison. Tu pètes la forme, c'est bon, j'ai compris. J'arrête de te cuisiner. Promis, croix de bois, croix de fer tatatata.

Je rigole tandis qu'il coince ses mains derrière sa tête pour regarder l'écran de télévision.

— T'as cru que j'allais le dire en entier ? Qu'est-ce que tu crois, je me méfie quand même ! On ne sait jamais...

Je souris.

Durant les deux minutes qui suivent, nous restons silencieux et écoutons plus ou moins le discours politique. Car si papa semble concentré, pour ma part, je me fais plutôt chier. Les réunions de ce type, durant lesquelles tout le monde coupe la parole à tout le monde, ce n'est pas mon kiff.

Dans un soupir à peine étouffé, je reporte mon attention sur mon portable.

Aujourd'hui, je parle avec Icare. Et justement, ce dernier vient de me proposer de passer Halloween avec lui. Parce que contrairement à Livio ou Camélia (même si je ne les vois pas très souvent), Icare et moi ne nous sommes pas revus depuis pratiquement un an, et qu'il a dit que ça pourrait être l'occasion de faire un truc ensemble.

Je dois avouer que je n'ai pas réfléchi aussi loin (bien qu'en fait, Halloween soit dans moins d'un mois). Mais désormais que j'y songe, je me rends compte que j'aurais aimé que Madeleine vienne à la maison. On se serait regardé un bon film d'horreur. Elle aurait peut-être flippé et aurait passé la soirée dans mes bras. J'aurais pu humer son parfum, nouer mes doigts aux siens, l'embrasser durant les pubs (ou pendant le film si celui-ci aurait été un navet).

Ça aurait été génial. Du moins pour moi puisque si Mad avait eu peur, elle n'aurait peut-être pas vraiment apprécié l'instant. Quoique... Je suis certain qu'avec quelques caresses habiles, elle en aurait oublié le film.

Mais le blême, c'est que malgré notre discussion de l'autre fois, elle n'a pas parlé de revenir chez moi. Voilà donc pourquoi je décide de changer mon programme.

— Dis papa, Icare me propose de passer Halloween avec lui et... euh, peut-être qu'il pourrait venir à la maison. On pourrait faire une sorte de soirée de l'horreur et j'inviterais deux trois potes de plus...

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant