Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)

20. Tout roule

Jeudi, Madeleine m'annonce quelle a parlé à ses parents des vacances de la Toussaint. Savoir que notre projet se concrétise, ça me fait autant plaisir que ça m'angoisse.

Parce que j'ai vraiment envie que Mad vienne chez moi. Mais je suis aussi complètement terrifié. Avoir une fille comme elle chez soi, ce n'est pas rien. Alors quand en plus, c'est notre copine, c'est la panique totale.

— Je suis désolée d'avoir tardé à en parler à papa. Mais tu sais qu'il est du genre à se faire un film chaque fois que je dis que je vais te voir alors...

Je hoche la tête. Ma mâchoire se crispe et je me force à bien respirer. Ce n'est pas le moment de faire une attaque.

— Je me suis dit que l'on pourrait passer Halloween ensemble, continue-t-elle dans un sourire.

Les coudes posées sur la table en bois, elle pose son menton sur la paume de sa main et me fixe de ses yeux de biche. Comment je pourrais lui résister ?

J'étais sur le point de répondre que c'était comme elle voulait lorsque je réalise vraiment ce qu'elle vient de dire. Euh... Il y a un léger problème là...

— C'est que... Enfin...

— Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de ne pas avoir à me coltiner mon frère ! L'année dernière, il a complètement gâché la soirée en invitant Sacha. Bon, cette année, ça ne serait pas pareil parce que maintenant je l'aime bien. Mais tu vois le genre. Je n'ai pas envie de tenir la chandelle. Lui et sa rousse. Papa et Angelina. Je me sens un peu seule à la maison.

Oh putain, la poisse.

Ma mère m'a justement annoncé qu'elle était d'accord pour la soirée (et sans chaperon. Hallelujah !). J'ai lancé les invitations hier soir sur Facebook. Icare et Livio m'ont déjà répondu qu'ils seraient présents. Comment je fais maintenant ?

— Ah ouais...

— Je suis d'accord pour regarder un ou deux de tes thrillers, mais pas plus hein. J'préfère bouffer des bonbons aux instants frayeurs.

Mon cerveau fonctionne à deux cents pour cent là.

— À moins que tu aies prévu d'aller faire le tour des maisons pour mendier, rigole-t-elle.

Ouais mais non. Ce n'est pas mon trip ça.

— Euh...

— Tu as déjà quelque chose de prévu, c'est ça ?

Sa mine subitement déçue me fend le cœur.

— Ben c'est que...

— Oh quelle imbécile, souffle-t-elle en me cachant les yeux avec sa main. Je suis désolée. Je parle je parle et j'en oublie de te demander ton avis.

En la voyant trembloter sous le vent qui vient de se lever, j'abandonne le banc de la table pour me glisser à côté d'elle. Madeleine ne refuse pas ma proposition de partage de ma veste. Collée contre moi, elle frissonne.

— Si tu veux, on peut reporter à une autre fois, déclare-t-elle tandis mon menton se pose sur le sommet de son crâne.

Je n'ai pas envie que Mad annule notre rendez-vous. Je n'ai pas envie de passer deux semaines sans la voir.

D'ailleurs... En y réfléchissant bien, ce serait l'occasion pour elle de rencontrer mes amis. Puis la présence de ces derniers m'aidera peut-être à ne pas oublier que je ne dois pas lui sauter dessus pour lui arracher ses vêtements.

Finalement, ça me paraît être une bonne idée.

— En fait, je fais une soirée le 31. J'ai invité quelques potes.