69. Je ne veux pas voler une vie

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— Tu restes allongé, tout se passera bien, souffle un mec en blouse.

Je ne l'avais encore jamais vu. Peut-être est-il nouveau...

— Enfin, tu as l'habitude des examens, non ?

Mon air blasé répond pour moi.

Aujourd'hui, mon médecin veut que l'on repasse au complet les examens que j'ai eus à mon entrée à l'hôpital. C'est pour comparer. Pour voir l'évolution.

Mais en plus de ces évaluations, de nouvelles s'y ajoutent. Des trucs qu'on ne m'avait jamais fait encore. Et chaque fois que j'ai regardé ma mère, elle semblait sur le point de s'effondrer.

Je ne sais pas ce que ça veut dire. Seulement ça ne paraît pas joyeux.

— Reste tranquille, termine le gars avant de m'abandonner là.

Pas évident d'être détendu dans un endroit pareil. Mais c'est ça ou mon temps d'examen sera rallongé. Et tout ce que je veux désormais, c'est en finir avec ces machins super chiants. Je veux retrouver ma chambre et dormir. Puisque de toute façon, c'est pratiquement la seule chose que je suis capable de faire maintenant.

Même les cours, je ne peux plus les suivre comme avant.

Quand je repense à la fois où j'ai dit à mon père que je devenais une épave... Et bien j'aimerais bien retourner à cette époque. Car maintenant que je le suis vraiment, je me rends compte qu'avant, je pouvais encore vivre à peu près normalement.

***

— Je ne comprends pas pourquoi on m'a fait tous ces trucs, avoué-je tandis qu'on me ramène dans ma chambre.

Les examens ont duré une bonne partie de la matinée et de l'après-midi, ce qui fait que je suis complètement crevé désormais.

Mes parents se regardent alors que nous entrons dans ma salle. Ils me tiennent tous les deux les bras, pour s'assurer que je ne tombe pas. Il faut dire que du temps est passé entre ma première chute et les nouvelles. Maintenant, c'est quasiment une habitude.

Restez quelques mois à l'hôpital et vous finirez par ramper au sol...

— Évelyne, souffle papa. Je pense qu'il est temps de le lui dire.

Me dire quoi ? Je regarde ma mère tandis que nous nous arrêtons devant mon lit. Que se passe-t-il ?

— Florian...

Je les observe tour à tour. Est-ce que quelqu'un va me dire ce qu'il se passe, bordel ?

Ma mère soupire puis s'assoit sur le bord du lit et m'invite à faire de même. Papa passe ses mains sous mes aisselles pour m'aider à me hisser sur le couchage. Je n'avais pas besoin de son aide, mais je le laisse faire. Si ça le rassure...

— Tu te souviens du discours du cardiologue il y a trois semaines de ça ?

Il y en a tellement eus... Je ne sais pas duquel elle parle.

— La transplantation cardiopulmonaire, complète papa, comme s'il avait lu dans mes pensées.

— Si on t'a fait tous ces examens, c'est pour créer ton dossier ou ton profil si tu préfères. Ce genre d'opération est très complexe, il faut que la largeur de la cage thoracique, enfin les organes, soient identiques avec ceux du donneur, il faut que les poumons et le cœur restent en bonne santé et... Enfin c'est quelque chose de très délicat.

Je veux bien la croire, mais pourquoi me faire un cours sur ce genre de chirurgie super rare et complexe alors qu'elle est contre et que de toute façon, il est quasiment impossible de trouver un donneur ?

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant