Prologue

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Je me souviens de la première fois où j'ai vu Madeleine. Comme je lui ai avoué au mariage de son père et de sa belle-mère, ce n'était pas lors de notre collision du vendredi. C'était deux jours plus tôt. Le mercredi...

— Donc je récapitule : la liste des options et des livres, l'autorisation parentale, l'adhésion, la dérogation... qu'est-ce j'oublie ?

Ma mère, comme bien souvent, parlait toute seule. Mon père lui avait bien dit que ça la foutait mal, mais elle s'en balançait. Moi par contre, je ne m'en balançais pas. Putain ! Je n'avais même pas encore intégré ce lycée qu'elle me foutait déjà la honte.

— Mon chéri ?

Quand elle s'est tournée vers moi, j'ai songé que j'aurais préféré que ce soit mon père qui m'accompagne.

J'aime bien ma mère mais disons qu'elle est parfois un peu...

— Roh, retire-moi cette capuche que l'on dirait un voyou. Mon fils n'est pas un voyou, voyons !

Dans un soupir, j'ai obéi. Je n'avais pas envie qu'elle me prive de ma capuche en plein au milieu de l'enceinte du bahut, devant mes peut-être futurs camarades de classe... Elle m'avait déjà fait le coup pour ma rentrée à mon ancien lycée, quatre mois plus tôt, alors je savais ce que j'avançais.

— Allez, dépêche-toi Gontran !

Dans un soupir, les mains dans les poches de ma veste grise, j'ai passé le portail vert sapin de l'établissement.

Le lycée était plus grand que celui que j'avais fréquenté auparavant. En même temps, mon bahut d'autrefois n'était pas très... avancé et peuplé. C'était ce que l'on récoltait en vivant dans un bled paumé. Et désormais que mes parents avaient trouvé une baraque sur Poitiers, je découvrais la vie citadine.

Ça ne me déplaisait pas. Même si j'étais loin de mes amis. J'appréciais le fait de pouvoir traîner en ville quand c'était le trop plein avec ma mère qui me prenait pour un gosse de cinq ans.

À ce moment-là d'ailleurs, je me suis considéré chanceux qu'elle n'ait pas attraper ma main. Et je ne plaisantais pas, malheureusement. Surprotectrice ? Complément. Ça frôle la pathologie. Que dis-je ? C'est pathologique ! Et si je parle au présent là, c'est parce que vous vous doutez bien que ça l'est encore aujourd'hui.

— La femme de l'accueil m'a dit que l'on aurait le droit à une visite. C'est bien, qu'est-ce que t'en dis ?

J'en disais que je n'avais pas besoin de quelqu'un pour découvrir deux escaliers et trois couloirs. Aux dernières nouvelles, je n'étais pas illettré et j'avais des jambes alors...

— Mon chéri, s'il te plaît, arrête de faire ta tête de cochon.

Une fois de plus, je me disais que j'aurais voulu que ce soit mon père qui m'accompagne. Mais il avait un rendez-vous professionnel. Il bossait pour un morceau et le responsable du son du film pour lequel il collaborait, avait voulu entendre sa maquette avant de lui donner l'autorisation de passer à l'enregistrement officiel.

Tout en fixant droit devant moi, j'ai tenté d'ignorer ma mère. Elle ne paraissait pas réaliser que c'était elle qui me rendait comme ça. Elle voulait (veut) bien faire. Elle avait toujours voulu bien faire. Mais justement, au final, elle faisait (fait) souvent l'inverse.

Tandis que nous approchions de ce qui semblait être l'intendance, mon regard a été attiré par une silhouette ou plutôt des bruits de pas et de sauts. Mes yeux se sont alors posés sur une fille. Les mains sur le bord de son casque, elle semblait s'être envolée bien loin de ce bahut. Elle au moins n'avait pas sa reum sur le dos quasiment 24/24 car cette dernière craignait pour la santé de sa fille.

J'avais beau venir de la cambrousse comme disaient certains, j'avais quand même vu des jolies filles durant ma scolarité. Mais elle... Elle, elle avait un petit je-ne-sais-quoi de différent. J'ai compris rapidement qu'il ne s'agissait pas de la pimbêche du lycée. Pas plus que de la première de classe. Elle était bien loin des adolescentes stéréotypées que j'avais pu rencontrer. Je l'ai su, comme ça, en un simple coup d'œil.

— Madeleine Petit ! Dois-je vous rappeler que vous n'êtes pas en discothèque ?

L'homme qui venait de parler se prenait pour un militaire à priori. Mais il était bien loin d'en avoir la carrure, sans vouloir être mauvaise langue.

Après cette réflexion, j'ai reporté mon attention sur Madeleine. Je me souviens que sur le moment, je l'ai plaint d'avoir un prénom pareil et je me suis dit que personne ne devait la prendre au sérieux.

Je peux certifier désormais que j'avais tort...

— Gontran, allez dépêche-toi !

J'ai roulé des yeux. Moi non plus je n'avais pas été très chanceux à ma naissance quand on m'avait attribué le deuxième prénom de mon grand-père maternel. Et encore, ça aurait pu être pire. On aurait pu me refiler ceux de mon pépé paternel : André Gédéon Claude !

Les cheveux longs et blonds de Madeleine étaient détachés et dansaient en même temps qu'elle. Le visage orienté vers une grande brune ronde, elle me tournait désormais le dos. C'est d'ailleurs pour cette raison que mon regard a glissé sur une nouvelle partie de son corps. Elle avait beau être un peu maigrichonne, ses fesses elles, étaient joliment rebondies.

Avec sa taille fine, elle donnait presque l'impression d'avoir été faite dans un moule. Ou d'être un mannequin petite taille, mais vous savez : la version que l'on voit après, quand on a bien photoshopé le modèle. Sauf qu'elle, elle était naturellement parfaite.

Un sourire en coin m'a gagné. Je me suis alors dit que si j'avais su que j'allais reluquer ainsi une élève de mon futur bahut ou tout simplement que j'allais tomber sur cette danseuse bizarre déconnectée de la réalité, je serais venu ici plus tôt.

Ouais, je me le dis encore...

— Madeleine ! a rougi son amie tandis que la concernée remuait des mains.

Elle était seule au monde. Elle semblait se foutre royalement du regard des autres. Et c'est peut-être ça qui m'a à ce point captivé, en plus de tout le reste. Elle attirait le regard et sans même s'en rendre compte, on devenait esclave de ses gestes.

— Et bien, a soudainement soufflé ma mère en jetant une œillade à ma pile électrique, il y en a qui s'éclate ici !

Je n'ai rien répondu et me suis contenté de sourire une fois de plus.

Quelques secondes plus tard, j'ai été obligé d'abandonner (à contrecœur) mon observation pour rentrer dans le bâtiment. Cependant alors que ma mère poussait la porte, je me suis autorisé un dernier coup d'œil pour blondie.

Je ne savais pas encore comment, mais je me suis dit qu'il faudrait que je l'accoste aussitôt aurais-je intégré le lycée. Je voulais connaître le son de sa voix et rencontrer ses yeux. Je voulais m'asseoir à côté d'elle et découvrir si elle était si rebelle qu'elle avait laissé croire devant ce surveillant.

Je voulais apprendre à la connaître, tout simplement. Et à cette époque, j'ignorais encore que je partagerais sa classe ainsi que son groupe de théâtre et surtout qu'elle deviendrait mienne, même si je pense que pour la dernière partie, je l'espérais déjà.

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NDA : Voici le prologue du livre sur notre cher Gontan truc muche

On a eu le droit à leur quasi-rencontre. Haha, on comprend peut-être certaines choses vis-à-vis de son comportement dès les premiers chapitres du tome 1. Le chieur courait déjà après Mad, même s'il ne s'y est pas toujours bien pris (n'oublions pas les affronts verbaux totalement provocateurs des premières parties xD)...

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant