Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)

15. Diagnostique

Pratiquement deux semaines sont passées. Les cours, les devoirs, les contrôles, tout est devenu encore plus chiant qu'avant.

Même si je ne pensais pas que cela puisse être possible.

J'ai appris que Livio et Célia sont retournés ensemble. Sa copine lui en a fait voir au lycée, avant d'insulter une meuf qui draguait ouvertement mon ami. Après quoi, elle a fondu sur lui pour l'embrasser et faire comprendre à l'autre que Livio était pris.

Je vous jure. Les nanas jalouses, c'est un truc de ouf.

Mais je dois reconnaître que j'adore quand la mienne montre les crocs. Je me sens l'homme le plus chanceux et fier au monde lorsqu'elle se transforme en badasse. Ça me donne encore plus envie de la taquiner. Elle est trop sexy quand elle renvoie chier les autres du style Justine.

— Bien, maintenant on va faire quelques petits tests. Des tests plus complets que d'habitude. Mais rien de douloureux, m'informe monsieur Bordier.

Aujourd'hui, jeudi 26 septembre, mes parents ont posé leur journée pour m'accompagner chez le cardiologue. Ouais, j'ai totalement perdu leur confiance. Cela comprend celle de mon père aussi, bien évidemment... Je crois que c'est ce qui m'a fait le plus mal d'ailleurs.

Cependant, après l'annonce du généraliste et le résumé de ma mère, papa a décidé d'officiellement rejeter la proposition du studio. Si ça a semblé rassurer ma reum, pour ma part, ça n'a fait qu'augmenter mes questions.

Alors le week-end dernier, je lui ai demandé pourquoi il avait songé à abandonner son rêve pour rentrer dans « l'usine de la musique ».

Autant dire que désormais, je regrette d'avoir posé la question. Car apprendre que son père est endetté depuis qu'il a déménagé pour la santé de son fils et que les nombreux rendez-vous médicaux achèvent de le mettre sur la paille, à tel point qu'il a pensé à sacrifier sa carrière pour quelques billets, ça fait mal.

Je suis un poids pour ma famille et ce, depuis ma naissance. Entre ma mère qui devient la mauvaise version d'elle-même par ma faute et mon père qui doit presque cambrioler une banque pour payer mes frais médicaux...

— On va commencer par la radiographie thoracique, comme d'habitude. Ensuite, on passera l'échographique et l'EGC de repos. Mais on va ajouter un électrocardiogramme, tout de même. Je vois que vous avez déjà fait le [...]

Soûlé par le discours du cardiologue, je ne l'écoute plus et croise le regard de ma mère.

Je crois qu'à un moment, elle m'en a voulu de lui avoir caché mes douleurs. Mais depuis une semaine, j'ai remarqué qu'elle s'efforçait de ne plus crier. Elle tente de redevenir comme elle était avant que ma cardiopathie se signale à nouveau et évolue.

C'est vrai qu'à cette époque, elle paraissait plus détendue. Elle était tout de même un peu dictatrice, à vouloir tout contrôler. Elle faisait parfois des réflexions piquantes à papa. Mais quand elle souriait, c'était pour de vrai. Ce n'était pas un sourire de façade comme maintenant.

Elle n'avait rien d'une névrosée. Même si entre nous, je ne connais pas la définition de ce terme que j'ai entendu de la bouche de mon père...

— Votre généraliste m'a dit qu'il avait augmenté votre dose d'Aténolol. Vous l'avez bien supporté ?

Pour le moment, je dois avouer que je me sens un peu plus fatigué qu'à la normale. Mais hormis des coups de barre, je vais plutôt bien.

— Ouais, ça va.

— D'accord.

Même s'il n'a rien pour noter, je comprends qu'il grave cette information dans son esprit. De toute façon, il grave tout ce que je dis.