13. Accepter la réalité et ses craintes

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Mercredi 10 dans l'après-midi, je me retrouve à patienter dans la salle d'attente du généraliste. Musique sur les oreilles, je pianote sur mon portable. Je parle avec Mad. Elle s'est barrée de la maison car Sacha est venue voir Émile, et que d'après les bruits qu'elle a entendus, ils ne faisaient pas que parler.

Du coup, elle se plaint actuellement sur le fait d'avoir des frères.

C'est vrai que là-dessus, je n'ai pas trop à me plaindre. Je suis fils unique. Quant à mes parents, leur chambre est à l'autre bout de la maison. Ouais, en venant ici, on n'a pas fait les choses à moitié. Ma pièce à moi est dans la zone sud-est. En face de ma salle, il y a un bureau qui sert plus de débarra qu'autre chose, des chiottes ainsi qu'une mini-salle de bain, que personne d'autre que moi n'utilise.

Autrement dit, c'est comme si j'avais un appartement implanté dans la maison. La belle vie ? Ça compense avec ma cardiopathie.

Une main retirant mon écouteur (et l'arrachant même de mon portable, coupant court à ma musique) interrompt mon instant texto. C'est ma mère, qui visiblement, n'apprécie pas que j'ai choisi d'écouter ma musique plutôt que son discours barbant sur les possibles diagnostiques du médecin.

Quand va-t-elle se rendre compte qu'elle est chiante à flipper à ce point ? Je pensais que lui dire qu'elle me rendait malade (même si c'était poussé et blessant) lui aurait fait comprendre qu'il faudrait qu'elle se calme...

— Arrête un peu avec ta musique de fou.

Quand je joue de la batterie, j'ai facile à me tourner vers le rock ou le métal. Par contre, quand j'écoute juste pour le plaisir, j'aime bien le rap. Mais peu importe, puisque d'après ma reum, c'est toujours de la musique de fou.

— Puis tu mets le volume trop fort.

— Oh c'est bon, soufflé-je. Y a personne !

— Je parle pour ton audition Gontran.

Tout en soupirant, je rebranche mes écouteurs.

— Qu'est-ce que tu fais ? râle ma mère.

— Vas-y tu m'saoules. J'remets ma musique.

Je relance cette dernière et monte le volume bien haut pour ne pas entendre à nouveau le discours de ma mère. Je n'ai pas envie de me faire chier et de flipper.

Seulement ça ne semble pas convenir à ma reum puisqu'elle me choppe à nouveau l'écouteur. Cette fois-ci, en quittant mon oreille, l'objet me brûle.

— Aïe !

Je m'apprête à râler lorsque je remarque l'homme qui se tient devant nous. C'est le médecin. Voilà pourquoi elle vient de me sortir de ma bulle.

— Bonjour madame Bavière.

— Bonjour docteur.

Ils se serrent la main, puis vient le moment où c'est à mon tour.

— Je vous en prie, continue le toubib.

Je déteste venir ici. On me pose toujours des milliers de question, on prend ma tension, on écoute mon cœur, on parle médicaments et... enfin bon, c'est le truc barbant quoi.

— Alors Gontran, comment vas-tu ? demande le médecin une fois que nous sommes tous assis.

J'ai remarqué que lorsque je viens avec ma mère, il me tutoie. Alors que quand c'est mon père qui m'accompagne, il me vouvoie. Je me demande s'il s'en rend compte ou bien s'il le fait inconsciemment, en fonction de la personne qui me suit.

Tandis que je m'apprête à répondre, ma mère me devance. Comme si je n'étais pas capable de parler de moi...

— Il va bien. La tension est toujours plus ou moins la même. Il fait attention à son alimentation. Oh et, maintenant, il participe aux cours de sport de son lycée. Ça lui plaît bien.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant