66. Le prof improvisé

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Une semaine... Cela fait une semaine que je suis coincé ici.

Une semaine qu'on me parle de ce qui m'attend sur le plan médicamenteux et de l'importance de ne sauter aucune étape.

Une semaine que les gens défilent dans les couloirs de l'hôpital pour m'apporter des cadeaux ou me dire qu'ils pensent à moi.

Après Luna et les nombreux appels de Livio, c'est Martial qui vient me voir samedi. Il arrive dans la chambre avec sa bouille de mec qui ne se prend pas au sérieux, ses cheveux en bataille, son pull de pré-adolescent et malgré cela, on dirait que c'est le soleil en personne qui vient de s'inviter dans la salle.

— J'ai des tonnes de trucs à te filer mec ! s'écrie-t-il en faisant tomber une pile de documents sur la table roulante que l'infirmière remplit de nourriture infecte trois fois par jour.

— Chouette ! Des zéros à récupérer ?

— Non, je crois que c'en est fini avec ta collecte de sales notes. T'es un intello, tu peux attirer la malchance une fois, deux fois maximum, mais le talent remporte toujours !

Drôle de façon de résumer ma situation scolaire.

— Crois-moi mec, t'as rien raté cette semaine. La reprise, c'est toujours super chiant !

Un léger sourire fend mes lèvres, parce que je sais qu'il a raison.

— Euh si, t'as quand même raté le pétage de plomb de Monsieur Ronsart. Apparemment, il est en plein divorce et quand un élève a fait l'intéressant en jouant à l'insolant, il a poussé une gueulante... Je suis sûr qu'on l'a entendue dans tout le bâtiment. Du coup, conseil et tout le bazar, d'après ce qu'il se dit, fin' il va avoir un remplaçant, le temps qu'il se calme.

C'est clair que ça bouge plus qu'ici.

— Comment ça se passe avec Alexandra ?

— Oh, soupire Martial en se laissant tomber sur la chaise. Bah elle m'évite. A croire qu'être un mec amoureux, c'est synonyme d'avoir la peste... Mais bon, c'est pas ça qui va me faire déprimer. Y a pire dans la vie.

Parce qu'il me regarde, soudainement désolé, je hausse les épaules pour lui faire comprendre que ma santé n'est pas le sujet le plus important actuellement.

— J'ai vu deux bombes dans le couloir. T'es un chanceux, t'as des infirmières super sexy !

Je rigole tandis que Martial semble se ravir de me voir me marrer.

— Je t'arrête direct, y en a peut-être qui sont cool, mais moi j'ai une vielle et une autre qui pourrait jouer le rôle d'une directrice d'académie. Elles foutent les jetons. Et après, c'est un mec et on dirait qu'il va t'écraser quand il entre dans la chambre. Il aurait certainement plus sa place dans un concours de body building qu'autre chose.

— Merde ! T'as pas de chance, rit Martial.

Au moins, ça a le mérite de me faire penser à autre chose.

Durant une bonne demi-heure, nous parlons de tout et de rien. Mon ami me fait un récap des nouveautés du bahut. Bien évidemment, il évite de parler de Madeleine. Et au final, je ne sais pas si je regrette de ne pas avoir de ses nouvelles ou bien si je suis rassuré. C'est étrange comme situation. Parce que je sais que je dois l'oublier. Comme elle, veut m'oublier également. Mais nous avons tellement vécu de choses ensemble...

Je suppose qu'il faut du temps pour faire le deuil de notre histoire.

— Bon, allez, fini les potins ! On passe aux choses sérieuses maintenant. J'tai amené les devoirs. J'ai fait des photocopies des cours, pour que tu vois un peu où on en est et...

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant