68. Je suis dépassée

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NDA : Deuxième chapitre de la journée. Lisez bien le 67 avant !

Demain, je publierai l'avant-dernier chapitre du tome. C'est officiel. Oui oui, je ne rajouterai pas de parties.

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— C'est le protocole Évelyne...

— Le protocole ? Tu veux dire que gaver notre fils de pilules puis le transfuser à un millier de traitements inefficaces, c'est le protocole ?

Cela fait plus de quinze minutes que mes parents se disputent. Ils sont allés s'enfermer dans la salle de bains pour camoufler leur voix et ne pas s'emporter dans le couloir de l'hôpital. Mais je les entends bien et ça me soul grave.

Aujourd'hui, samedi après-midi, cela fait deux semaines que les vacances d'hiver ont pris fin. Elles étaient plutôt glaciales d'ailleurs. Et je ne parle pas de mes parents. Je fais référence à la météo... Pour une fois.

Le temps passe. Mes journées se ressemblent. Quoi qu'elles deviennent de plus en plus limitées...

Il y a une semaine de cela, mon médecin m'a annoncé qu'on devait passer à un nouveau traitement. Apparemment, on est obligé de suivre un parcours précis. Même quand on se doute que seule la transplantation sera efficace. Enfin... quand je dis transplantation, je n'oublie pas mon problème d'hypertension qui rend l'opération incompatible.

Résumé autrement, on essaie de me maintenir le plus longtemps possible avec des médicaments pour greffer ceux qui ont emprunté le même chemin que moi, quelques mois plus tôt.

Si j'en ai marre ?

Carrément !

Depuis ces derniers temps, marcher devient difficile. Mon hypertension artérielle pulmonaire ne cesse d'augmenter. Je suis fatigué et essoufflé pour un rien. Mes poumons sont épuisés. C'est clair que je ne suis plus en classe deux. Je suis à la dernière, la quatrième. Et ce ne sont pas les drogues qu'ils me donnent qui changent grand-chose.

Quand des poumons arrivent en fin de vie, il n'y a pas de potion magique. Mon épée de Damoclès n'est plus au-dessus de ma tête. Cela fait un certain temps qu'elle a commencé à transpercer mon corps.

Voilà donc pourquoi ma mère pète un câble actuellement. Parce que contrairement à papa qui se montre patient et a voulu aborder le sujet du cœur artificiel avec le cardiologue, ma reum a dit qu'elle en avait marre qu'on nous prenne pour des cons.

Pour une fois que je suis d'accord avec elle...

— Tu as entendu les mots du médecins ! Il n'y a plus beaucoup de traitements ! Florian, il n'arrive même plus à marcher tout seul.

Elle exagère. C'est vrai que je suis tombé à deux reprises cette semaine. La première fois, c'était en marchant dans le parc. Ma mère était à côté de moi.

Je ne sais pas quel regard j'ai le plus mal vécu. Celui de ma mère, qui était paniqué et carrément horrifié. Ou bien celui des visiteurs qui était rempli de pitié. Vous savez, comme lorsque l'on regarde un condamné et que l'on se dit que la vie est vraiment injuste.

La deuxième fois, c'était hier, en voulant aller aux toilettes. J'ai dit à l'infirmière qui est entrée au même moment où j'embrassais le sol, que je ne m'étais pas fait mal. Mais la vérité c'est que mes genoux ont autant subi que mon amour propre. Ça fait mal de se sentir diminuer petit à petit.

Tout en fermant les yeux, j'essaie de ne plus écouter leur discours. Si seulement j'avais mon portable et mes écouteurs avec moi... Mais ma mère me le confisque quelques heures par jour pour que je ne me grille pas le cerveau en passant mon temps dessus.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant