63. Rien que de l'obscurité

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C'est Christopher, le père de Madeleine, qui passe à la maison le lendemain pour récupérer la valise de sa fille.

Mes parents étant en partie au courant de la raison pour laquelle Mad m'a quitté, ma mère n'est pas des plus à l'aise. Papa quant à lui, discute un peu avec monsieur Petit, sous mon regard attentif.

— Je n'encourage pas le mensonge, annonce Christopher une fois sur le seuil de la porte en se tournant vers moi, mais je sais que tu aimes Madeleine. Alors ne t'en fais pas, je ne te déteste pas.

Même si une part de moi est rassurée de l'entendre, ça ne veut pas dire que ma blonde elle, est prête à me pardonner. Et rien que cette pensée suffit à me rendre malade.

— Encore désolée, souffle ma mère quand il s'en va.

Après une grosse discussion avec Luna hier soir, j'ai fini par appeler mes parents pour qu'ils me ramènent à la maison. Et durant les quelques minutes que j'ai passées à les attendre, j'ai craqué. Ce qui fait que lorsque mon père est sorti de la voiture, j'avais les yeux rougis par mes larmes et que j'étais plus ou moins en hyperventilation.

Classe...

Mon état a inquiété ma famille et au lieu d'aller chialer dans ma chambre à mon retour à la maison, j'ai dû expliquer à mes parents ce qu'il se passait. Comme toujours, mon père n'a pris aucun parti alors que ma mère m'a dit que ce n'était pas bien de mentir.

Sans blague ?

Après cela, elle a fini par se calmer et m'a demandé si je n'avais pas fait de crise. Elle a été surprise d'apprendre que j'ai plutôt bien géré les choses. Pas de vomissement, pas de syncope, pas de crise de nerf. Juste quelques larmes, que j'ai essayé de cacher, que ce soit devant Luna ou les invités à la soirée.

Ce n'était pas trop le moment de me montrer faible alors que ma meilleure amie doit faire face au décès de son père. D'ailleurs, voilà encore une chose qui m'a chamboulé. Tant sur le plan affectif que sur le plan psychologique puisque je peux avouer avoir fait un léger transfert.

Non pas que c'était ce que je souhaitais faire. Ça a été plus fort que moi. Quand quelqu'un qui était plus ou moins dans la même situation que nous échoue face à l'étape ultime, c'est difficile de ne pas se dire que nous ferons pareil à l'avenir.

— Je vais me coucher, annoncé-je à mes parents tandis que papa referme la porte.

Si Christopher n'était pas venu, certainement serais-je resté dans ma chambre et dans mon lit plus exactement. Depuis hier, je me sens complètement lessivé.

Et dire que nous commençons l'année 2020 ! Le début n'est pas très positif, même si d'un certain coté, mes mensonges sont désormais morts.

— Gontran, commence ma mère, je voudrais te parler de...

— Eve, la coupe mon père. Laisse-le se reposer. On en parlera plus tard.

De toute façon, je sais de quoi elle veut discuter. Soit encore de mes mensonges. Soit de ma santé et donc de mon prochain rendez-vous avec le cardiologue. La connaissant, elle a dû s'arranger pour l'avancer.

***

Le reste des vacances de Noël passe lentement, très lentement.

Je découvre dès le mercredi soir que Madeleine m'a supprimé de sur Facebook. Ça me fait l'effet d'un coup de massue. Je reconnais qu'elle aurait pu me bloquer, ce qu'elle n'a pas fait (elle m'a avoué cet été qu'elle n'avait jamais bloqué qui que ce soit et qu'elle trouvait ce genre d'action plutôt enfantine). Mais le fait de ne plus être dans sa liste d'amis, ça signifie beaucoup selon moi.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant