43. Mettre les choses au clair

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— Sérieux les jeunes, c'est bien parce que je vous aime hein ! soupire Émile tandis que Mad et moi montons dans sa vieille voiture.

— Oh ça va Ramon ta fraise ! Il est quoi ? Même pas une heure du mat ! Quand tu sors en boite avec Sacha, tu ne fais pas la gueule hein.

Même s'il fait sombre dans l'habitacle du véhicule, je perçois le regard noir du frère. Madeleine elle par contre, ne paraît pas s'en rendre compte. A moins qu'elle préfère faire comme si... C'est bien son genre.

— Ouais ben la boite, c'est pour moi. Alors que là, je me suis fait chier à vous attendre. En plus on se les pèle.

— Bah qu'est-ce que t'attends pour démarrer alors ? réplique ma blonde.

Putain... Elle est vénère. Qu'est-ce qu'il se passe ? Quand nous dansions un quart d'heure plus tôt, elle était cool. Un peu trop même puisqu'elle devenait entreprenante et se foutait royalement qu'il y ait du monde autour de nous.

J'ai dû lui rappeler que nous étions en public. Et j'ai également dû lui dire que ça serait bien que nous ralentissions un peu le rythme. Ce n'est pas que je ne suivais pas mais... Mais depuis l'annonce du cardiologue, je dois reconnaître que je n'ai plus touché à ma batterie et mon père a annulé tous nos footings.

Je crois que ça a mis la flippe à la maison.

— Désolé Émile, soufflé-je pour calmer le jeu.

— Non Gontran, tu n'as pas à t'excuser. C'est lui qui abuse !

Je croise le regard du concerné et me racle la gorge.

Vive l'ambiance...

— Si monsieur pensait un peu moins à sa gueule et s'intéressait à sa famille, peut-être que ça lui paraîtrait plus normal. Mais non, cet égocentrique ne pense qu'à sa meuf et son petit plaisir. Peu importe que notre père vieillisse et ait besoin d'un coup de main. Émile préfère le laisser s'épuiser au travail plutôt qu'abandonner son ridicule garage.

O.K, donc je vais vraiment avoir le droit à une dispute entre frère et sœur ? Là, maintenant ? Et merde.

— Putain mais t'es casse-couilles à la fin ! Je t'ai dit que papa refusait qu'on embauche un second.

— Et moi je parle que TOI tu l'aides.

— Enfin Madeleine, je peux pas quitter mon boulot pour papa. Financièrement, je ne pourrais pas tenir.

— Tu vois, qu'est-ce que je disais ? s'écrie Mad en se tournant vers moi. Il ne pense qu'à sa gueule. Sa meuf et son argent. La santé de notre père, il en a rien à foutre.

Émile freine un peu abruptement et je manque de me cogner la tête contre le siège de devant. Il profite du feu rouge pour se tourner vers sa sœur.

— Mad, on a un invité. Alors ferme-là un peu, tu veux ? Garde ça pour plus tard.

— Ah ouais ? Dans les coulisses, fallait que je me taise. Dans la voiture, il faut que je me taise. Puis tout ce week-end, il faudra que je me taise parce qu'il y aura Gontran.

Comment faire pour se sentir de trop ? Demander un coup de main à Mad, c'est aussi simple...

— Et durant la semaine, il faudra que je me... Ah ben non, que je suis conne ! C'est vrai que tu vas découcher toute la semaine, comme tu fais depuis quinze jours. Comme ça, t'es pas là lorsque papa est épuisé et qu'Angelina et moi essayons de faire son boulot, le soir, elle en rentrant du boulot et moi du lycée. Toi t'es tranquille à squatter chez Sacha. C'est cool hein !

Désormais, j'ai carrément envie de disparaître.

Un coup de klaxon empêche Émile de répliquer. Dans un soupir, il redémarre car le feu est passé au vert depuis dix bonnes secondes.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant