Quand nous descendons au rez-de-chaussée, ma mère est dos à nous, et alterne entre la casserole et la poêle. Elle a l'air un peu débordé. Surtout si on retient le fait qu'elle gère aussi avec son planning de coiffeuse à domicile sur son ordinateur.
— T'as besoin d'aide ?
Elle sursaute puis se retourne vers nous. Aussitôt je comprends à sa mine qu'elle cherche le moindre petit détail pouvant la renseigner sur ce que nous avons fabriqué dans ma chambre. Je suppose que mon soupir dépité lui apporte la réponse qu'elle voulait, puisqu'elle souffle, l'air subitement ravi.
Des fois, je me demande si Mad n'a pas passé un accord avec ma mère. Vu comment elle est obsédée de ma santé, ça ne m'étonnerait pas vraiment. Il suffit de penser à cet été, la fois où nous sommes retrouvés à la piscine.... Ma copine a passé plus de temps à s'assurer que mon cœur battait à une vitesse normale et que je n'avais pas la tête qui tournait qu'elle n'a nagé.
Pour être tout à fait honnête, même si une part de moi l'a trouvée un peu lourde et surprotectrice comme ma reum, j'ai tout de même apprécié qu'elle passe son après-midi à être à mes petits soins. Il suffisait que je grimace un peu (quand les rayons de soleil m'éblouissaient par exemple), pour qu'elle me fasse tout plein de bisous et me propose à boire, à manger, d'aller à l'ombre ou bien d'aller s'allonger.
Qu'elle s'occupe de moi et me colle comme une sangsue était agréable.
Le blême c'est que je n'ai pas pu faire ne serait-ce qu'un tour dans le grand toboggan et qu'elle m'a foutu la honte devant tout le monde en relevant que le panneau indiquait que c'était « interdit pour les personnes cardiaques ». La troupe de mecs qui attendait devant nous, m'a regardé comme si Mad venait de dire que j'allais pisser dans mon froc. Je suis passé pour un gros trouillard, alors que sa réplique était à prendre au premier et non pas second degré.
Heureusement qu'elle a su se faire pardonner en envoyant un sale regard aux mecs qui, après s'être foutu de ma gueule, ont mis à nu ma petite amie, sous mes propres yeux. Elle leur a demandé si c'était la première fois qu'ils voyaient une fille, parce qu'ils avaient grave l'air tebé. Je n'ai pas pu retenir mon rire, surtout quand ils ont tiré une sale tronche.
Je me souviens que je me suis dit qu'en plus d'avoir une meuf canon, celle-ci avait un répondant de ouf. La fierté m'a gagné. Je me suis senti tout puissant. Et deux petites secondes plus tard, j'ai obtenu le combo gagnant. Car lorsqu'elle s'est retournée vers moi pour me faire comprendre que l'on repartait et que je me suis jeté sur ses lèvres, Mad m'a laissé la tripoter sous le regard des abrutis. D'habitude, elle repoussait toujours mes mains baladeuses, mais pas cette fois-ci. J'étais aux anges.
Cependant ça ne l'a pas empêchée de me remettre à ma place, une fois que nous avons rejoint notre serviette à l'ombre.
— C'est surtout ton père qui devrait me filer un coup de main, s'agace ma mère.
Le concerné a passé une bonne partie de sa journée dans son garage-studio. Il bosse actuellement sur une nouvelle composition. Et d'après ses dires, c'est du costaud. Je ne lui ai pas demandé de détails sur l'affaire, parce que je doute de toute façon qu'il m'en aurait données.
— Je peux mettre la table, propose Mad.
La première fois qu'elle est venue à la maison (en tant que copine officielle), je me suis dit qu'elle jouait à la lèche-cul. Puis quand ça a été mon tour d'aller chez elle, je me suis rendu compte qu'elle avait tout simplement pris l'habitude d'aider Angelina avec la cuisine et les corvées ménagères en général.
— Ça serait très gentil Madeleine, répond ma mère dans un sourire.
Elle l'adore. Je dirais même qu'elle l'a adorée dès la première fois qu'elle est venue à la maison (elle n'a pas fait le rapprochement entre elle et la danseuse excentrique lors de mon inscription).
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Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)
Teen Fiction/!\ SPOILER ALERTE : LIRE LE TOME 1 AVANT /!\ Le lycée, année de première... La vie de Gontran Bavière se résume à sa famille, parfois un peu étouffante, sa petite amie au caractère de feu, ses études et ses allers-retours entre sa maison et l'hôpit...