38. Je n'ai pas de troubles de l'humeur

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J'ai passé les jours suivants enfermé dans ma chambre. À broyer plus ou moins du noir.

Je me sentais vide.

Je me sentais lourd.

Je me sentais étrange.

Tout ça, ce n'est pas parce que mes parents m'ont puni. En vérité, ils m'ont tout de même engueulé après avoir été contactés par le lycée pour voir le proviseur. Entendre que leur fils a massacré un élève et que les vieux de ce dernier comptent engager des poursuites pour coups et blessures, ça les a remués.

Normal, j'ai envie de dire... Qui s'en balancerait ?

Mais me voir balafré et allongé sur le lit de l'infirmerie, à la limite de faire une crise, cela aussi, ça les a remués. Et pour cause, j'avais la tête qui tournait et je venais de me vider à nouveau les boyaux quand ils sont arrivés.

Ceci dit, la véritable raison pour laquelle je ne sors plus de ma chambre depuis mardi après-midi, c'est que j'ai honte. Car à cause de ma scène, mes parents se sont une fois de plus disputés. Ma mère était très en colère contre moi alors que mon père tentait de me trouver des excuses et répétait que l'on devait entendre ma version des faits avant tout.

Résultat, mon problème s'est transformé en crise de couple.

D'ailleurs, en parlant de couple, je n'oublie pas non plus la réaction de Madeleine quand elle a appris que j'avais été exclu du lycée. À croire que c'est notre trip de nous faire virer du bahut. Elle l'année dernière, et moi désormais en première. Sauf que contrairement à Mad, j'ai fait bien plus de dégâts.

Ils n'ont pas dit qu'ils ne souhaitaient plus voir ma gueule pendant quelques petits jours. Oh non, ces soixante-douze heures d'exclusion servent plutôt à m'éloigner du bahut, jusqu'à ce que je passe en conseil de discipline...

Bien évidemment, ma copine n'a pas pu venir à l'infirmerie parce qu'elle était en cours et ignorait tout de ce qu'il se passait pendant qu'elle devait être en train de prendre des notes telle l'élève modèle qu'elle est. Par contre, elle a entendu parler de ce qu'il s'était passé dès la pause de midi.

Eh ouais, ça va vite les rumeurs ! Mais bon, ça, ce n'est un secret pour personne...

D'une bagarre dans les vestiaires, c'est devenu la tuerie dans le gymnase. Toujours d'après ceux qui n'ont pas de vie et préfèrent en inventer pour les autres, Antonin a annoncé que Madeleine et lui avaient...

Putain, rien que d'y penser, ça me redonne la gerbe.

Parce que premièrement, j'ai encore la haine envers le bâtard.

Deuxièmement, car prononcer ces quelques syllabes et autoriser à mon cerveau fou ne serait-ce que l'image de ma copine à côté de ce mec, ça me donne envie de commettre un meurtre. Vraiment, à tel point que c'en est déroutant.

Et troisièmement, parce que ma blonde a été soudainement montrée du doigt et traitée de pute alors qu'elle n'avait strictement rien fait. Imaginez le truc. La pauvre, elle sortait juste de son cours d'histoire, si je me rappelle bien de son emploi du temps, n'avait rien demandé à personne, et a récolté une horde de regards accusateurs.

Pendant que les gens la regardaient comme si elle avait la peste et lui faisaient vivre l'enfer, moi, je subissais aussi le mien puisque j'étais dans le bureau du principal, assis entre mon père et ma mère. Autant dire que je n'en menais pas large...

— Je peux entrer ? demande papa après avoir toqué à ma porte.

Dans un soupir, je sors la tête de sous ma couette. Ce n'est qu'à ce moment-là que je réalise que je crève de chaleur. Seulement j'avais la flemme de bouger. Je préférais mourir de chaud que contrarier ma tranquillité.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant