39. Le sale constat

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Le week-end passe lentement. Très très lentement.

Clairement, je fais la gueule à mes parents. Je me sens trahi. Trahi qu'ils aient pris rendez-vous avec le toubib sans m'en avoir parlé. Trahi qu'ils se lèguent contre moi au lieu de comprendre mon point de vue. Et surtout, je me sens délaissé. Malgré leurs dires, j'ai l'impression qu'ils m'abandonnent dans une flopée d'interrogations.

— Salut mec ! s'écrie Livio sur l'écran de mon ordinateur.

J'avais besoin de parler à mon meilleur ami, de voir son visage et d'entendre ses mots réconfortants. Aussi, je lui ai lancé une invitation de discussion aussitôt qu'il est apparu connecté.

— Oh... Ça va vraiment pas toi, remarque-t-il.

Toujours enfermé dans ma chambre, je sais que j'ai une sale gueule.

Ça va faire un jour que je refuse de manger. Je n'ai pas d'appétit, ce n'est pas de ma faute. Je n'allais pas me forcer à bouffer après tout. Mais franchement, prendre des médocs avec le ventre vide, ce n'est vraiment pas cool.

— Martial m'a raconté un peu ce qu'il s'est passé, m'apprend-il.

J'apprécie qu'il n'y ait pas Célia aujourd'hui. Je préfère être en tête à tête avec mon pote.

Avec sa copine, il y a toujours des blancs désagréables. Tout ça, c'est de sa faute. Sa présence change le comportement de mon ami. Quand elle est là, il réfléchit à comment elle pourrait le voir s'il dit telle ou telle chose. Et moi, je passe au second plan. Alors qu'en ce moment, c'est d'un Livio à 100% concentré sur ma personne dont j'ai besoin.

— C'est vraiment moche ce qui t'arrive.

Mon soupir lui confirme que je suis du même avis que lui.

— Et l'autre con-là, t'as des nouvelles ? Les parents souhaitent toujours...

Même si Livio ne termine pas sa phrase (sûrement pour me préserver, bien que je connaisse la suite. Mais aussi parce qu'il doit avoir du mal à réaliser que son meilleur ami risque de devoir débourser une sacrée somme d'argent), je sens ma gorge se serrer.

— Non. J'sais pas ce qu'ils comptent faire.

Ils attendent peut-être que le conseil de discipline soit passé (d'après ce que j'ai entendu dire, le bâtard n'y échappe pas non plus).

— Martial m'a dit que tu n'avais pas été le seul à te battre. L'autre aussi a cogné. Tu peux peut-être...

— Je m'en balance Livio, le coupé-je, peut-être un peu froidement c'est vrai. Franchement, j'en ai ras-le-cul de cette affaire. Je ne sais pas encore quelle sanction je vais avoir, mais c'est certain que je vais être fiché et je ne parle pas que du bahut là-dessus. J'ai mal partout et en plus je n'ai même pas le droit de voir Madeleine.

Ça, c'est ma mère qui l'a décidé. D'après elle, mon changement de comportement n'est pas uniquement dû à ma prise médicamenteuse. Elle pense que Mad a une mauvaise influence sur moi. C'est sa nouvelle lubie. Lubie complètement ridicule, nous sommes d'accord.

Sauf que malgré mes répliques de la veille, elle m'a bien fait comprendre que je devais me la fermer et lui obéir. Enfin, elle l'a dit avec des mots plus doux, mais ça revient au même hein. Je ne suis pas con non plus quoi.

Putain ! Vivement que je sois majeur et que je me casse de cette baraque !

— Ça va pas, avoué-je alors que je me sens soudainement enseveli par une nappe sombre et froide.

Après ma colère envers mes parents, j'ai commencé à me sentir perdu.

Une part de moi doute de ma capacité à évaluer les choses et aurait tendance à tendre vers l'avis de mes paternels concernant mon état de santé. Mais la seconde, la seconde est catégorique : je suis juste dans une mauvaise passe. De toute façon, comment cela pourrait en être autrement ?

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant