La nouvelle tombe le lendemain matin : Marco est parti après avoir passé une dernière nuit avec ses parents. Nous sommes le jeudi 26 mars et depuis qu'il est huit heures trente, j'ai l'impression que tout le monde court partout.
On n'a pas arrêté de prendre ma tension, on m'a donné des médicaments par intraveineuse, on m'a interdit de boire et manger depuis hier soir, car le médecin se doutait que ce serait pour aujourd'hui.
Ma mère reste dans ma chambre et gêne bien souvent les professionnels qui font des allers-retours pour voir comment je me porte.
La transplantation est prévue pour onze heures. Le temps qu'on transporte les organes (sans les abîmer, ce qui apparemment est le plus compliqué), qu'on m'amène au bloc opératoire...
Je n'en reviens toujours pas. Autant que ce soit moi qui puisse être greffé, mais aussi que ma mère ait accepté cette opération. Elle qui a toujours eu la phobie des nombres quand il s'agit de regarder les risques !
— Comment vous sentez-vous ? demande celle qui ressemble à une directrice d'académie.
— Stressé.
— Hormis ça ?
Je peux me gratter pour qu'elle me rassure celle-là...
— Euh... ça va.
— D'accord, tranche l'infirmière en reculant. Bon, le départ est prévu dans une heure. Je repasserai d'ici une demi-heure pour vérifier si les traitements ont fait effet.
La fausse directrice d'académie regarde ma mère puis sort de la chambre. C'est à nouveau le silence. Papa est allé se chercher à boire. Mais je me doute aussi qu'il est en train de rassurer les gens qui sont venus à l'hôpital dès qu'ils ont appris pour moi.
Je sais qu'Aliénor est là, avec Maëlle, depuis la veille. Si j'ai bien compris, elles ont dormi à la maison. J'ai eu Livio et Luna sur webcam, hier soir. Icare est dans le couloir. J'ai reconnu sa voix. Le connaissant, il ne viendra pas me voir avant la fin de l'opération.
Ma mère soupire puis se dirige vers la porte de la chambre.
— Où est-ce que tu vas ? demandé-je subitement.
Je n'ai pas vraiment envie de lui avouer que j'ai peur de rester seul dans cette pièce. Mais je ne veux pas non plus qu'elle parte.
— S'te plaît, reste avec moi.
Non je ne dirais pas que je flippe à mort. Je sais que nous sommes tous dans le même état. Et je n'ai pas envie de craquer devant ma mère. Mais j'aurais besoin qu'elle me prenne dans ses bras. J'aurais besoin qu'elle me rassure et de sentir son parfum m'entourer.
— Je t'aime maman, soufflé-je.
J'ai la gorge serrée. Si serrée que j'ai cru que les mots n'allaient pas sortir.
— Oh mon chéri, craque-t-elle en fonçant vers moi. Moi aussi je t'aime. Je t'aime plus que tout.
Je ferme les yeux pour apprécier son étreinte.
— Tout va bien se passer. Tu es un battant mon chéri. Je suis là. On est tous là.
Elle m'étouffe presque désormais.
— Eve ! l'appelle la voix de papa.
Ma mère me relâche et se tourne vers son mari. Puis je la vois hocher la tête.
Encore un code secret...
— Bon, lâche-t-elle en se retournant vers moi.
Ses doigts frôlent mes cheveux et elle sourit faiblement.
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Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)
Teen Fiction/!\ SPOILER ALERTE : LIRE LE TOME 1 AVANT /!\ Le lycée, année de première... La vie de Gontran Bavière se résume à sa famille, parfois un peu étouffante, sa petite amie au caractère de feu, ses études et ses allers-retours entre sa maison et l'hôpit...