56. Douter

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Lorsque les vacances ont débuté, vendredi soir donc, je crois que je n'avais pas encore réalisé. Mais désormais que nous sommes dimanche, j'ai percuté.

Mieux vaut tard que jamais, comme on dit...

Alors que ma mère court dans tous les sens parce qu'évidemment, elle a invité des gens pour Noël et qu'elle doit s'occuper de la déco du salon (on a même pas encore mis le sapin. Durant les fêtes, généralement, on est pas trop branché guirlandes électriques), je suis dans le canapé et soupire pour la énième fois.

Mad est partie avec son père, Angelina et Kyle, samedi dans la nuit. Si j'ai bien compris, Émile doit rejoindre la petite troupe aujourd'hui car il était de service en début de week-end. Bref, comme dirait ma blonde. Je vais devoir passer cette période chiante sans ma copine. Et vu qu'elle sera avec sa famille ainsi que Minnie et Mickey, ça m'étonnerait qu'elle pense à moi.

Quelle vie de merde ! C'est vrai quoi, je squatte le sofa, il n'y a rien de cool à la télé, je me fais chier et à cause de mon traitement, je dois adopter un mode de vie digne d'un pépé. Sérieusement, c'est trop la mort.

— Est-ce le prince Gontran pourrait relever les pieds pour que son humble serviteur puisse passer le balai ? ironise mon père.

C'est plus fort que moi, un nouveau soupir me gagne.

— Tu dois être content à l'idée de revoir Maëlle ! sourit-il ensuite.

Il me nargue ou plutôt, il se venge comme il peut. Car lui comme moi savons que je ne peux pas me blairer la fille de la meilleure amie de ma mère....

Nous avons tous les deux le même âge et je sais que depuis qu'elle a dix ans, elle en pince pour moi. Noël dernier, j'ai dû me la coltiner et j'ai apprécié de pouvoir fuir en m'éclipsant dans ma chambre. Envoyer des messages à Madeleine, même si à cette époque, elle me considérait encore comme le nouveau qui faisait du chantage pour avoir ses cours de théâtre, c'était bien plus agréable.

Je me souviens que le soir du 24, lorsque j'ai tapé cet SMS, j'étais stressé. Je ne rêvais que d'une seule chose : que Mad me réponde. Je voulais créer un lien, ouvrir une discussion, nous trouver des points communs... Puis je m'étais dit, pour me rassurer, que de toute façon elle était obligée de me donner une réponse puisque j'avais menacé de tout balancer au prof en disant qu'elle ne tenait pas son rôle de tutrice.

Mais elle tardait tellement que j'étais un peu agacé et comme elle aussi semblait l'être, ce soir-là, nous avons failli nous engueuler. Désormais j'en rigole. Seulement sur le moment, je n'en menais pas large. Mon plan pour me rapprocher d'elle paraissait si loin de fonctionner. Je crois que je peux le dire, j'ai vraiment ramé pour l'avoir. Madeleine ne voulait pas me laisser l'approcher.

Repenser à nos débuts me permet de passer au-dessus du fait que je vais devoir subir des heures à table, sous le regard attentif de Maëlle.

— Ouais, je suis fou de joie ! ironisé-je en roulant des yeux.

Cet été, j'ai pu l'éviter, car même si Aliénor est venue, Maëlle n'était pas disponible. Si j'ai bien écouté ma mère, elle était en camp de vacances.

— Cette gamine est adorable ! s'écrie ma reum en se mettant sur la pointe des pieds pour habiller notre meuble d'une guirlande rouge.

Je dirais surtout que Maëlle est chiante. Mais je suppose que nous n'avons pas le même point de vue. Pour ma mère, il s'agit de la fille de sa meilleure amie. Pour moi, c'est uniquement une squatteuse qui me gâche Noël depuis des années.

Et encore... Je n'oublie pas quand j'étais au primaire. A cette époque, Aliénor habitait dans la même ville que nous et Maëlle allait à la même école que moi. Putain ! C'était un véritable cauchemar. Elle me suivait partout comme un petit toutou.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant