44. Petit problème technique

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Cette fois-ci, mes doigts retirent mon vêtement et elle me laisse faire. Mes yeux croisent les siens et je souris de plus belle.

— Merci de pardonner à l'abruti que je suis.

Madeleine éclate de rire et d'un coup de main, me renverse en arrière. Elle me grimpe dessus, puis lâche :

— Disons que j'ai l'habitude désormais. Et je vis avec les deux plus gros abrutis du monde, alors un de plus ou un de moins, tu sais... Ça ne change pas grand-chose.

Même si elle fait passer cela sous le ton de la plaisanterie, je comprends qu'il y a une blessure ouverte.

— Tu veux en parler ?

Ses doigts se posent sur mes pectoraux. Les yeux rivés sur les ronds qu'elle fait sur ma peau, elle hausse les épaules.

— Bébé, parle-moi.

— Il n'y a rien à dire. Papa vieillit. Il ne peut plus faire ce qu'il faisait autrefois. Et son accident de doigt lui a laissé quelques séquelles, même s'il refuse de le reconnaître.

Ma main vient caresser ses cheveux puis glisse sur sa joue. Elle semble si malheureuse soudainement que ça me fend le cœur.

— Je m'inquiète pour lui. C'est tout. Et j'ai l'impression d'être seule avec Angelina. Mon frère nous abandonne.

— Il ne vous abandonne peut-être pas vraiment. C'est peut-être toi qui crois que...

Le regard noir qu'elle m'envoie me démotive pour continuer ma phrase.

— O.K, il vous abandonne.

Qu'est-ce que je suis faible quand il s'agit de Mad...

— Le père de Cora aussi était agriculteur et il a dû vendre sa ferme parce que son commerce ne marchait plus. C'était il y a plus de dix ans. La semaine dernière, elle m'a dit que si j'avais la moindre question sur le sujet, je pouvais aller la voir. Parce que même si ça a été dur, sa famille a réussi à se relever de cette affaire. C'est pour ça que j'ai discuté avec elle ce soir. Même si je pense qu'après nous avoir vues danser, c'est plutôt difficile à croire.

Je comprends mieux désormais pourquoi elle m'a zappé.

— Papa vieillit plus vite que les autres parce qu'il fait un boulot très dur. C'est très physique et malgré sa tendance à vouloir garder les choses pour lui, je vois bien qu'il est cassé de partout. Il travaille trop. Mais quand t'es agriculteur, t'as pas le droit de prendre des vacances. Parce que contrairement aux autres boulots, tu quittes pas ton bureau en rentrant chez toi. Non, même durant la nuit, il faut toujours être prêt... Les animaux n'attendent pas quand ils tombent malades. Et il y a toujours quelque chose à faire, que ce soit pour la récolte ou l'entretient des bâtiments.

Je ne sais pas quoi dire. Le problème de Mad semble complexe et je ne vois pas ce que je pourrais faire pour aider. Et justement, s'il y a bien quelque chose dont j'ai horreur, c'est de me sentir inutile.

— Enfin bref, j'ai pas envie de te casser le moral. T'es mon invité et t'es à moi pour tout le week-end alors au diable mes soucis.

Je songe à lui dire que ses problèmes sont les miens, mais elle ne m'en laisse pas le temps :

— Dis-moi, t'aurais pas un peu minci ?

Sa question me fait oublier tout le reste.

Tout en fronçant les sourcils, je lève mes bras pour regarder ces derniers. Je me suis pesé en début de semaine, pour le bien de mon suivi médical bien sûr, et c'est vrai que j'ai perdu un kilo. Mais je ne pensais pas que ça se voyait.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant