32. Ensemble

633 105 21
                                    

— Je suis vraiment contente que tu sois parmi nous Madeleine, déclare ma mère en se contorsionnant pour regarder ma petite amie sur la banquette arrière à côté de moi.

Celle-ci relâche aussitôt ma main, comme si le regard de ma reum pouvait nous tuer sur place. Je crois que depuis que nous avons été surpris dans le studio de mon père, la veille, elle les jambes pratiquement enroulées autour de ma taille et moi les doigts sous son pull, Mad préfère éviter les élans d'affection en public.

À cause de mes parents, notre après-midi a été gâché. Premièrement car ils sont rentrés plus tôt que prévu et ont pratiquement foutu à la porte mes amis et deuxièmement parce qu'alors que Mad et moi avions pensé à traîner dans le quartier, rien que tous les deux, nous avons finalement dû faire le ménage dans la maison. Ce qui nous a pris un temps montre.

Enfin, ça m'a pris un temps monstre puisque ma mère a dit que Madeleine n'avait pas à ranger, puisqu'elle était notre invitée. Je crois que ça a amusé ma blonde d'ailleurs, de me voir faire le sale boulot pendant qu'elle, elle était confortablement assise à table avec ma mère, à écouter de nouvelles anecdotes concernant mon enfance.

Elle ne sait pas encore dans quel plat elle vient de mettre le pied. Je vais lui faire regretter de s'être foutu de ma gueule. Cette nuit, elle va vite comprendre. Oh oui.

— C'est un plaisir pour moi aussi, sourit ma copine.

Elle s'est bien intégrée dans la famille. Ma reum l'adore et mon père aime bien lui apprendre des choses sur la musique, la politique et l'économie, enfin tout ce qui est barbant. C'est le seul moment où je peux me réjouir de sa situation, car Mad n'est pas vraiment branchée cours d'économie sociale... Ça, je peux le certifier.

— J'espère que tu aimes la nourriture chinoise ! continue ma mère.

J'étouffe un soupir. Mes parents sont des fans de la bouffe asiatique. Ils ne passent pas un mois sans aller au restaurant. Enfin, c'était le cas, jusqu'à cet été. Cela me rappelle aussitôt les problèmes financiers de papa et je ravale ma salive. Cette sortie, tout comme sa soirée en amoureux de la veille, ne vont pas l'aider.

— À vrai dire, je n'ai pas goûté énormément de plats chinois. Je connais les nems et le riz, mais c'est tout.

Dire que j'aurais pu manger tranquillement à la maison puis aller m'enfermer dans ma chambre avec Madeleine... Au lieu de cela, je suis obligé de subir le repas familial, en ville, qui va certainement durer des heures, et va achever de me foutre la honte (ma mère adore raconter des choses qui ne sont pas drôles lorsque nous sommes de sortie).

— Et bien tu découvriras de nouvelles saveurs !

— Bon Eve, laisse-les un peu maintenant, souffle mon père.

Il jette un coup d'œil dans le rétro intérieur et nos regards se croisent. Je le remercie en silence.

Ma mère ne parle plus de tout le trajet. Pour mon plus grand soulagement.

***

Si l'aller en voiture a fini par être silencieux, ce n'est pas le cas du dîner. Une bonne heure plus tard, alors que j'ai déjà terminé mon repas depuis une éternité, ma reum décide d'enfoncer un peu plus profond le clou. Peut-être pour tester mes nerfs... Quoique non, elle aurait trop peur qu'il m'arrive quelque chose. Du moins si elle était capable de se rendre compte du cauchemar qu'elle me fait vivre.

—Évidemment ! Tout le monde a ses propres craintes ! lance-t-elle en souriant à Madeleine.

Cette dernière vient d'avouer sa peur des araignées et surtout des punaises. Elle a dit que c'était peut-être ridicule pour certains, mais qu'elle ne pouvait pas se contrôler en présence de ces insectes. Et bien sûr, ma mère a tenu à la rassurer.

Près de toi 2 - Gontran Bavière (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant