toi contre moi

trente-six

Camila comprit que quelque chose ne tournait pas rond dès qu'elle pénétra dans le salon. Shawn était assis dans le fauteuil, avec une cigarette et une tasse de thé. Or Shawn ne venait jamais, jamais sans Camila en tout cas. Sofia et sa mère étaient recroquevillées l'une contre l'autre dans le canapé en face de lui, et tous trois levèrent les yeux vers Camila comme si le monde venait de s'écrouler et que c'était sa faute.

« Quoi ? dit-elle. Qu'est-ce que j'ai fait ? »

Sofia eut un rire faux.

« Comme si tu ne le savais pas. »

Leur mère intervint.

« Laisse-moi m'occuper de ça. Je croyais que nous étions tombés d'accord. »

Camila remarqua le verre de vin qui se trouvait sur la table en face d'elle, et le cendrier regorgeant de mégots. Elle se jucha sur le bras du fauteuil dans lequel se tenait Shawn et attendit. Quelque chose d'énorme avait dû se produire, sa mère ne prenait jamais les choses en main quand elle avait bu.

Sa mère la dévisagea.

« Pourquoi est-ce que tu n'es pas allée travailler ?

- C'est de cela qu'il s'agit ? Est-ce que je me suis fait virer ?

- J'espère », cracha Sofia.

Leur mère posa une main sur son bras.

« Où étais-tu toute la journée, Camila ?

- Dans différents endroits. Par-ci, par-là.

- Avec qui ?

- Est-ce que c'est important ? » Elle se retourna vers Shawn. « Qu'est-ce qui se passe, ici ? »

Shawn haussa les épaules en regardant ses pieds.

« Est-ce que quelqu'un va me dire ce qui se passe ?

- Moi, je vais te le dire, commença Sofia. Tu t'es trouvée une petite amie très chic, voilà ce qu'il y a. Shawn nous a tout raconté. »

Camila sentit des battements dans son cerveau.

« De quoi vous parlez ? »

- Je parle de ton dernier coup, Lauren Jauregui. »

Comme si son nom était un objet bon marché et que le fait de coucher avec elle ne représentait rien. Comme si on pouvait balancer des trucs importants comme ça.

« Ta gueule Sofia.

- Alors c'est vrai. » Sofia bondit du canapé et se précipita vers elle. « Comment as-tu pu faire ça ? Avec elle ! »

Elle lui donna des coups de poing sur le bras, tambourinant sans s'arrêter. Elle dut attraper un de ses poignets pour l'interrompre, il dut la repousser vers le canapé et l'obliger à se rasseoir.

Le visage de sa mère était sombre de colère.

« Ne t'avise pas de lever un doigt sur ta sœur, Camila !

- Alors dis-lui de la fermer. Elle ne sait pas de quoi elle parle.

- Imbécile ! »

Sa mère agita ses mains vers elle comme pour dire :

« Nous savons tous que tu es coupable et je ne veux plus en entendre parler. »

Sofia commença à pleurnicher.

« Comment a-t-elle pu faire ça ? Elle se fiche complètement de moi. »