Chapitre 6 - partie 6

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            Les garçons attendirent un instant que la jeune fille se fut éloignée.

— A mon avis, elle a menti, fit Philippe.

— Tu crois ?

— Tu penses vraiment qu'elle soit allée seule dormir en forêt ?

— Pourquoi pas. Elle connaît le coin et en plus ce ne serait pas la première fois.

— Si elle connaît le coin, elle sait où habite David, tu ne crois pas ?

— Pas obligatoirement. Regarde, depuis le temps qu'on habite ici et qu'elle y vient, on ne l'avait encore jamais vue et pourtant elle n'a aucune raison pour mentir là-dessus, non ?

— Bah, elle trouvera toujours grâce à tes yeux.

— Peut-être parce que même si je ressens quelque chose pour elle, je ne lui en veux pas d'avoir choisi quelqu'un autre, contrairement à toi.

Quand elle arriva chez elle, Alicia fut reçue par le comité d'accueil.

— Où étais-tu ? lui demanda Eric.

— Je vous ai laissé un mot pour vous prévenir que j'allais dormir en forêt.

— Et la mobylette de David, on peut savoir pourquoi elle est encore à côté l'écurie ?

— Parce qu'à l'intérieur c'est la place des chevaux.

— J'attends une réponse !

— Parce qu'on est allés au cinéma, puis au restaurant. Papy nous a déposé à la crêperie où nous avons mangé et comme on ne finissait pas dans la même direction, on a bifurqué chacun de notre côté. C'est tout. D'autres questions ?

— Non.

— Bon, sinon tu les poseras à Franck et Philippe qui m'ont déjà fait passer un interrogatoire. Ah, bonjour mamie, s'adressa-t-elle à sa grand-mère qui venait d'entrer dans la pièce. Je vais prendre une douche.

— Tu ne perds rien pour attendre, fit Eric, mais on en reparlera, t'inquiète pas.

Sous la douche, elle repensa à la nuit qu'elle avait passée et ne put s'empêcher de sourire à ce souvenir. Elle s'arracha péniblement de ce seul endroit où son frère ne pouvait pas venir l'interroger, mit une serviette autour d'elle et alla dans sa chambre. Elle s'habillait quand on frappa à la porte.

— Qu'est-ce que tu veux encore ?

— Excuse-moi, ton frère m'a dit de monter, fit Philippe en ouvrant la porte.

— Ah, c'est toi ! Je croyais que c'était Eric. Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

— Je voulais savoir pourquoi tu sortais avec David. Au début, j'avais l'impression de te plaire, non ?

— Oui, mais comme je te l'ai déjà dit, j'ai besoin de spontanéité et de nature et avec toi ça ne l'aurait pas été.

— Tout ça parce que ton frère a fait quelques remarques ?

— Non, tout ça parce que mon frère a tenté de me contraindre à quelque chose.

— Juste par esprit de contradiction ?!

— Non, juste parce que je suis une personne douée de sentiments et de réflexions. Vous n'avez pas vécu ce que j'ai traversé, rien ne vous autorise à prendre des décisions pour moi. J'ai fait de mauvais choix, je le reconnais, mais ce sont mes choix. Et je pense sincèrement que nous ne sommes pas les personnes qu'il nous faut réciproquement.

Une vie, une renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant