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- Trenwith !

Le cri s'échappa des lèvres de Phèdre avant même qu'elle ne s'en rende compte. Elle s'était presque jetée à la fenêtre pour observer le manoir familial apparaître devant ses yeux. La brune tira James vers elle et lui pointa le bâtiment du doigt.

- C'est beau n'est-ce pas ?

James haussa les épaules, peu convaincu. La bâtisse était immense, mais elle n'était pas extraordinaire. Cependant, il garda sa réflexion pour lui quand il entendit l'anglaise lui raconter ses péripéties en pointant du doigt le bois qui entourait la demeure.

- Je n'avais pas le droit de sortir de la maison, mais parfois, tante Agatha venait avec moi cueillir des mûres. Ou plutôt, elle me regardait depuis la fenêtre du salon.
- Vous désobéissiez à votre père ? fit James, un faux air offusqué au visage.
- Comme si c'était nouveau.

La jeune fille affichait un air radieux, et James ne put que se laisser contaminer par sa joie. Le matin même, elle avait réveillé tout le monde à l'aube pour se remettre en route, prétextant qu'ils arriveraient à l'heure pour le déjeuner, et qu'ils pourraient passer encore plus de temps avec sa famille.

Lorsque la calèche s'arrêta, elle n'attendit pas qu'on l'aide à descendre : elle remonta sa robe jusqu'à ses chevilles et sauta à pieds joints, avant de se tourner vers James.

- Dépêchez-vous !
- Vous oubliez vos bagages mademoiselle...
- Au diable les bagages ! s'écria-t-elle en prenant sa main. Venez !

Elle le tira jusqu'à la porte du manoir et frappa de toute ses forces. Phèdre n'était pas le genre de personne impatiente, mais qu'elle aurait aimé pouvoir ouvrir cette porte et se jeter dans les bras de son cousin.

Elle sentit la main de James se resserrer dans la sienne, et il exerça de légères pressions jusqu'à ce que la jeune fille se calme. Elle le remercia d'un signe de tête, et prit une grande inspiration. Elle s'apprêta à frapper une nouvelle fois, lorsque la porte s'ouvrît. Contre toute attente, ce ne fut pas Francis qui l'accueillit, mais sa femme Elizabeth.

Cela n'empêcha pas Phèdre de la prendre dans ses bras et de la serrer contre elle de toutes ses forces.

- Comment allez-vous ma chère ? demanda Phèdre, les yeux brillants.

Elle recula pour regarder sa cousine lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne souriait pas. La bonne humeur de Phèdre s'envola aussitôt.

- Il s'est passé quelque chose ?
- Non, vous n'avez pas à vous inquiéter, sourit-elle, mais Phèdre se rendait bien compte que quelque chose n'allait pas.

Elle lui prit la main, et la conduisit jusqu'au salon, tandis que Phèdre s'assurait que James la suivait toujours. Elle profita aussi de l'inattention d'Elizabeth pour tenter d'analyser la situation. L'intérieur semblait plus dépouillé que d'ordinaire, et elle remarqua aussi que sa cousine semblait beaucoup plus mince. Était-elle tombée malade ?

Elle continua son observation, et fronça les sourcils. Ses cheveux bruns étaient ternes, sa robe défraîchie, et elle n'avait aucun bijoux. Une boule d'angoisse se forma dans sa gorge. Son cousin avait-il eu des problèmes d'argent ? Pourquoi n'était-elle pas au courant ?

Ses questionnements prirent fin lorsqu'ils entrèrent dans le salon, et Phèdre retrouva son sourire en voyant sa tante assise au coin du feu.

- Tante Agatha !

Elle alla embrasser la vieille femme, les larmes aux yeux.

- Vous n'avez pas changé, vous êtes toujours aussi ravissante, la complimenta sa nièce.
- Et vous donc ! Le jeune homme avec vous, c'est votre fiancé ?

James s'étrangla presque tandis que Phèdre balaya la question d'un revers de main.

- Bien sûr que non ma tante, il s'agit de mon valet James. James, voici Agatha, la matriarche de notre famille.
- Vous me faites vieillir mon enfant.

Mais elle ne garda pas rancoeur très longtemps. Son attention se reporta à la robe que portait Phèdre, et elle lui fit signe de se rapprocher. Elle fit glisser le tissu entre ses doigts tremblants, et l'examina sous toutes les coutures.

- C'est de la très bonne qualité.
- Le robe vient de l'atelier de père, expliqua sa nièce en s'asseyant à son côté, oubliant les autres. Elle a été fabriquée à partir de soie importée des Indes. Les manches et le col sont en dentelles de Bayeux. Si vous regardez bien les motifs, vous pouvez voir qu'ils diffèrent de celles d'Alençon, puisque...
- Ma fille, vous me perdez ! Pouvons-nous trouver un sujet où je suis sûre de comprendre quelque chose ?

Phèdre se tut en rougissant, regrettant aussitôt d'avoir pris la parole. Bien sûr, tous ces détails techniques n'intéressait guère sa tante. Ils n'intéressaient personne d'ailleurs.

Elizabeth prit la parole avec un sourire forcé :

- Phèdre, pourquoi n'iriez-vous pas avec tante Agatha dans votre chambre ? Je suis sûre que vous avez beaucoup de choses à vous dire, et j'ai peur que Francis n'en ait encore pour un moment avant d'arriver.
- Pourquoi pas ? fit timidement sa cousine en aidant sa tante à se lever. James...
- James reste avec moi, je dois m'entretenir avec lui d'un sujet urgent.

Phèdre ne put cacher son étonnement, et James lui fit un clin d'œil discret en lançant :

- Juste des choses dont je dois m'occuper à la place de votre père, ne vous inquiétez pas.

Elle hocha doucement la tête avant de sortir de la pièce, les sourcils froncés. Quelque chose se passait juste sous son nez. Et personne ne semblait vouloir lui en parler.

La situation semblait grave, et tandis que la jeune fille montait les escaliers en s'assurant que son aînée ne rende pas l'âme en chemin, elle se demandait dans quels problèmes s'était encore fourrée sa famille.

𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant