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- Vous me demandez donc de l'espionner ?
- Qui vous a parlé d'espionnage ? répliqua George d'un ton condescendant. Je veux juste m'assurer qu'elle va bien...
- Vous voulez plutôt l'utiliser oui.

L'homme soupira en regardant sa compagne porter son verre à ses lèvres. Margaret Vosper était connue pour être une jolie jeune femme. Elle avait la grâce, la tenue et l'esprit d'une femme de noblesse, bien qu'elle n'appartenait pas à ce monde, loin de là. Pourtant, ce n'était pour aucune de ses qualités que George avait besoin de ses services.

- Vous êtes proche de Phèdre...
- Je ne lui ai plus reparlé depuis qu'elle a quitté Trenwith, le coupa Margaret, et je suis sûre qu'elle a dû m'oublier depuis.
- Vous y croyez vraiment ?

Comme pour répondre à sa question, on annonça l'arrivée de la Poldark, et c'est presque aussitôt qu'elle entra dans la pièce, accompagné de son valet.

George côtoyait Margaret depuis maintenant cinq ans, et au grand jamais il ne l'avait vu montrer ses sentiments. Pourtant, quand Phèdre apparut face à elle, la jeune femme ne put s'empêcher de blêmir, les yeux écarquillés d'horreur.

- Margaret ! s'écria aussitôt la nouvelle arrivée, avant de se reprendre en sentant le regard désapprobateur de James dans son dos. Que je suis contente de vous revoir.

Elle se força à avancer d'un pas digne, mais elle mourait d'excitation. Si George n'avait pas été là, elle se serait tout bonnement jetée sur son amie. Sept ans sans avoir de ses nouvelles avaient été un supplice. Des milliers de questions lui brûlaient les lèvres, mais elle devait se calmer. Chaque chose en son temps, et pour l'instant, Phèdre devait parler à George. Elle aurait ensuite tout le temps de discuter avec Margaret.

- Phèdre, ma chère, quel plaisir de vous voir, fit l'homme en lui baisant la main. Est-ce une simple visite de courtoisie ?
- J'aimerai parler affaire si vous voulez bien, répondit la jeune femme avec un sourire, sans quitter Margaret des yeux.
- Comme c'est intéressant. Si vous voulez bien m'accompagner.

George lui tendit le bras et elle le prit avec gêne, échangeant un dernier regard avec James avant de disparaître dans le bureau avec son compagnon.

- Quel genre d'affaire vous amène ici ? demanda George en lui faisant signe de s'asseoir.

Il lui servit un verre de brandy avant de s'en verser un, et alla s'asseoir face à elle.

- A vrai dire, bredouilla-t-elle, j'ai plusieurs requêtes à vous faire. J'aimerai placer mon argent dans votre banque. Je ne pense pas repartir en France, alors... j'aimerai que tout soit ici, aux Cornouailles.
- C'est une décision sensée, acquiesça l'homme avec un sourire encourageant. La situation doit être chaotique en France.
- Elle l'est.
- Comment va votre père ?
- Bien.

La soudaine retenue de Phèdre n'échappa pas à l'oreille de George. Il continua cependant :

- Et vos sœurs ? Ne sont-elles pas effrayées de se retrouver dans une situation aussi précaire ?
- Elles sont en sécurité pour l'instant, assura la brune d'une voix ferme. Mais je suis sûre qu'elles seront un peu plus rassurées si elles apprenaient que leur cousin a échappé à la prison.
- Vous pensez que Ross sera acquitté ?
- Pourquoi ne le serait-il pas ?

Phèdre leva un sourcil interrogateur, et l'assurance qu'arborait le visage de George commença à se fendre.

- Eh bien, vu les chefs d'accusation, il est impossible qu'il soit acquitté. Au mieux, il risque la prison. Au pire...
- La mort.

Phèdre ferma les yeux et baissa la tête. Elle attendit quelques secondes et murmura :

- N'y a-t-il vraiment rien à faire pour l'aider ?
- Je pourrai intervenir, proposa George. Seulement s'il l'accepte bien sûr.
- Vous le feriez ?
- Pour vous ? Sans hésitation.

La brune évita soigneusement de relever les yeux, trop effrayée à l'idée de croiser le regard du banquier.

- Je ne sais pas comment je pourrai vous le repayer...
- Vous n'avez rien à payer. Votre amitié m'est amplement suffisante.

Si Phèdre n'était pas sûre d'avoir rougi quelques secondes auparavant, elle en était à présent certaine.

- Vous êtes trop bon. Je vous en serai à jamais reconnaissante.
- Alors buvons à la santé de Ross Poldark, lança George, sans pour autant toucher à son verre.

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- Vous êtes surprise ? s'amusa James en s'asseyant dans le fauteuil que George avait laissé. Je vous avais dit qu'elle ne vous avez pas oublié.
- J'espérais que vous mentiez, souffla Margaret en se servant un nouveau verre d'alcool. Je voulais que vous mentiez. Tout aurait été beaucoup plus facile.

James leva un sourcil avant de rire.

- Vous êtes si semblables. Je comprends que Phèdre soit folle de vous. Elle vous tient en haute estime. Et je peux vous assurer, le fait que vous soyez une prostituée n'y changera rien.
- Facile à dire pour vous, qu'en savez-vous ?
- J'en sais beaucoup plus que vous, George, et Phèdre réunis, assura James en se levant. Quoi qu'en savoir plus que Phèdre n'est pas vraiment compliqué.
- Elle ignore que vous avez fait appel à mes services ? s'amusa soudain Margaret.
- Elle n'a pas besoin de le savoir. Vous aimez Phèdre pas vrai ? Alors protégez la.

Margaret se leva à son tour et se rapprocha du valet.

- Et qu'est-ce que j'aurai en échange ? susurra-t-elle à quelques centimètres de son visage.

Il sortit un ballot remplie de pièces de sa poche et le glissa dans la main de la jeune femme.

- A chaque information que vous me donnerez, chaque rumeur, vous serez payée.
- Quelle charmante attention, murmura-t-elle en faisant glisser ses doigts sur la chemise fine qui les séparait de son torse. Et si j'en voulais plus ?

Margaret poussa un gémissement effrayé en sentant la main de James se resserrer autour de son poignet. Il avait été si rapide qu'elle n'avait pas eu le temps de le voir bouger. Il l'attira contre lui, et contre toute attente, il lui sourit.

- Je vous souhaite bien de la chance et du courage pour y arriver.

Il la lâcha et se positionna à distance respectable, au moment même où la porte du bureau s'ouvrît. Phèdre en sortit, les joues écarlates et clairement secouée. James roula les yeux au ciel et alla récupérer sa protégée, non sans avoir adressé un bref signe de tête à George. Le duo sortit ensuite du salon, le laissant alors seul avec Margaret.

- Si vous voulez bien, nous allons reprendre où nous en étions...
- Ce n'est pas la peine, coupa Margaret. J'accepte l'offre. Je suivrai Phèdre, et je trouverai ce qu'elle cache. Vous pouvez compter sur moi.

𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant