vii.

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- Puis-je savoir ce que vous faites ?

Elizabeth se tenait à l'entrée du salon, les poings sur les hanches. Elle contemplait l'étendue du bazar qu'avait semé sa cousine dans la pièce. Des morceaux de tissus jonchaient le sol, les chaises et la table basse, au point que la jeune femme ne pouvait pas se frayait un chemin jusqu'à son fauteuil.

Phèdre étant trop occupée à s'affairer autour du mannequin de couture qu'elle avait monté, c'est James qui fut obligé de répondre, tout en dégageant un chemin pour Elizabeth :

- Elle confectionne des robes. Pour vous. Et Verity. Et Demelza. Et dieu sait si elle ne va pas décider d'en faire une autre pour la femme de chambre...

Elizabeth se rapprocha de sa cousine pour observer son travail de plus près. Phèdre brodait des fleurs de champs sur le bustier, avec une telle concentration qu'il lui fallut dix minutes avant qu'elle ne remarque la nouvelle arrivée à côté d'elle.

- Elizabeth ! s'écria-t-elle en bondissant, surprise, avant de reprendre contenance. Est-ce que cette robe vous plaît ?

Son ton inquiet trahit la face joyeuse qu'elle tentait de garder, tandis que sa cousine se penchait pour admirer les détails de la robe. Phèdre crut bon d'expliquer :

- J'ai utilisé une robe de satin que j'avais acheté à Paris et que je n'ai jamais eu l'occasion de porter. Je compte juste rajouter quelques broderies sur la pièce d'estomac, et des dentelles sur les manches. C'est de la dentelle d'Alençon : regarde les mailles, elles sont accrochées les unes aux autres, et... Vous pouvez aussi sentir que cette dentelle est plus robuste que les autres, continua la jeune femme en déposant sans délicatesse un ruban ivoire dans la main de sa cousine.
- Comment savez-vous autant de chose ? s'étonna celle-ci, mi-amusée, mi-décontenancée.
- Je suis la fille d'un couturier, il fallait bien que j'apprenne une ou deux choses.

Phèdre recula un instant pour jauger son travail, avant de se tourner vers Elizabeth.

- Voulez-vous que je rajoute d'autres motifs sur la pièce d'estomac ? Je pensais en faire aussi sur le bas de la robe, j'ai peur que le haut soit trop fourni et brise l'équilibre.
- Faites comme vous le sentez, sourit Elizabeth, ne sachant pas quoi répondre d'autre.

Sa réponse suffit à Phèdre, qui s'assit à même le sol pour commencer à broder. Elizabeth échangea un regard perplexe avec James, qui haussa les épaules. L'homme était habitué au comportement peu conventionnel de sa maîtresse, et à ce stade, il ne voulait pas tenter de la raisonner.

Ce fut Agatha, en entrant dans la pièce, qui exprima ce qu'ils pensaient tout bas.

- Une jeune fille comme vous dans une position aussi lascive, gronda la vieille femme en voyant sa nièce sur le sol. Quel mari voudrait d'une femme comme vous ?
- On se le demande bien, répliquèrent Phèdre et James en chœur.

Agatha secoua la tête d'exaspération, et prit place dans son fauteuil, non sans avoir piétiné les morceaux de tissus qui pavaient le chemin.

- C'est une belle après-midi que nous allons passer ensemble, fit-elle en hochant la tête. James, très cher, pourriez-vous me faire du thé ?
- Avec plaisir madame.

Il se leva, prêt à quitter la pièce, lorsqu'une jeune servante annonça :

- George Warleggan est là.
- Nom de dieu, grogna Agatha. James, oubliez le thé et servez-moi un verre de porto, je vais en avoir besoin.

Phèdre profita du moment d'inattention de ses pairs pour s'assurer que ses chevilles étaient cachées par sa robe, arranger sa coiffure, et se remettre au travail (ou du moins, faire semblant).

La première chose que fit George en entrant dans la pièce fut de complimenter Elizabeth.

- Vous êtes ravissante ma chère. Vous aussi madame, continua-t-il en s'inclinant face à Agatha.
- On ne peut vraiment pas dire la même chose de vous.

L'air outré qu'arbora le visage de Phèdre fut si comique que James fut obligé de se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire.

- Tante Agatha, s'écria-t-elle, clairement sous le choc.

Elle croisa le regard de George et détourna brusquement la tête. Si ses mains ne s'étaient pas mise à trembler, elle aurait fait mine de s'occuper de sa robe. Or, à cet instant précis, son travail était le dernier de ses soucis.

Elle se releva alors, un sourire timide sur le visage, et s'inclina face à l'homme.

- Phèdre, je ne vous avais pas vu en entrant. Justement, je venais pour vous.
- Vraiment ? murmura la jeune femme.
- Vraiment ? répéta Agatha, les sourcils froncés.
- Les Penvenen organisent un bal la semaine prochaine, et j'ai pensé que ce serait pour vous une parfaite occasion de faire votre entrée dans le monde, expliqua George avec un sourire amical. Vous y êtes invitée, tout comme vous Elizabeth.
- Quelle horreur, grogna Agatha dans son coin.
- Nous y serons, assura la jeune femme. N'est-ce pas Phèdre ?

Celle-ci ne put que hocher la tête, la gorge nouée. Elle reporta son attention sur ses pieds, mal à l'aise, et attendit patiemment qu'Elizabeth raccompagne leur invité jusqu'à la porte, pour relever la tête et fixer Agatha :

- Qui sont les Penvenen ?
- Croyez-vous que je connais tout le monde ici ?
- Nom de dieu, qu'est-ce que je vais faire ?
- Acheter une robe, de nouveaux rubans, et impressionner toute l'aristocratie, sourit James en se levant. Tout peut arriver.

Sa maîtresse lui tira la langue en prenant la main qu'il lui tendait, et le duo sortit de la pièce.

Agatha secoua la tête, très peu amusée par la situation.

- Oui, tout peut arriver... Le meilleur comme le pire.

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Hello everyone 💕
Juste un message rapide pour vous remercier de lire cette fiction, vous n'avez pas idée à quel point je suis heureuse de voir que cette histoire vous plaît ☺️
Love u all 💖

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𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant