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Le duo entra dans l'auberge, et après s'être assuré qu'on leur apporterait leur repas dans leur chambre, ils montèrent les escaliers. Quelle ne fut pas leur surprise en se retrouvant nez-à-nez avec Dwight, un revolver à la main.

- Vous comptez tuer quelqu'un ? se moqua Phèdre sans un regard pour l'arme.
- Ce n'est pas le mien. Votre cousin...

Les yeux de Phèdre s'agrandirent d'horreur et Dwight ajouta aussitôt :

- ... est vivant ! Il va bien, il n'est pas blessé, mais...
- Il a tenté de se tuer ?

Dwight hocha doucement la tête, effrayé à l'idée de voir Phèdre s'effondrer. Mais c'est avec un calme olympien qu'elle tendit son bras et qu'elle lui fit signe de lui donner l'arme. Le médecin s'exécuta et la regarda retirer les balles du barillet, avant de les confier à James. Elle garda cependant l'arme avec elle et demanda :

- Où est Francis ?
- Dans ma chambre. Il dort. Je comptais me débarrasser de l'arme...
- Ne vous en faites pas, je la garde.

Elle sentit le regard désapprobateur de James dans son dos, mais il s'agissait du cadet de ses soucis. Elle adressa un bref signe de tête à Dwight et remonta le couloir pour se rendre dans sa chambre, James sur ses talons. Lorsqu'il referma la porte, il lança :

- Phèdre...
- Tais-toi.

Elle brandit l'arme et la posa sur sa tempe, le regard fixé devant elle. Du coin de l'œil, elle pouvait voir l'air horrifié qu'arborait le visage de James.

- Tu n'es pas obligé de regarder, fit-elle doucement. C'est une expérience.

James ferma les yeux, et Phèdre se concentra. Son doigt se posa sur la gâchette et elle attendit quelques secondes, avant de baisser le revolver et de le glisser dans la poche de sa jupe.

- C'est terrifiant.

Elle s'approcha de son compagnon, qui avait gardé ses yeux fermés, et fit glisser ses doigts le long de son torse jusqu'à son cou, et se pencha pour poser sa tête dans le creux de son épaule.

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ce n'est pas réel ? Que rien de tout ça n'est réel ?
- Parce que tu es sous le choc. C'est normal.
- J'aurai dû m'en rendre compte avant.
- Tu n'aurais pas pu le sauver.
- J'aurai pu essayer. Après ce qu'il m'a dit hier, j'aurai dû faire quelque chose, je n'ai rien fait.
- Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas de ta faute.
- Est-ce que tu t'es senti coupable ?

James enlaça la jeune femme et embrassa le sommet de son crâne.

- Un peu. Mais ce n'était ni de ta faute, ni de la mienne.
- Il faut que j'en parle à Francis. Il faut que j'aborde le sujet avec lui, et que je le fasse comprendre que ce n'est pas la solution. Mais d'abord, il faut que je mange quelque chose. Je suis passée par beaucoup trop d'émotions ce soir et mon corps est sur le point de lâcher.

A ces mots, on frappa à la porte. James l'ouvrit et récupéra le plateau rempli de nourriture que lui tendait une servante. Il la remercia et laissa à Phèdre le soin de fermer la porte. Ils s'installèrent sur le lit et Phèdre raconta le déroulement de sa soirée. Lorsqu'elle termina, James siffla :

- Tu as vécu une soirée mouvementée. Je suis désolé de ne pas avoir été là quand tu avais besoin de moi.
- Ne t'inquiète pas, mon prince charmant est arrivé pour me sauver.

Elle se laissa tomber dans le lit et attrapa un oreiller pour le serrer contre elle, sous le regard amusé de James.

- Penses-tu que cela signifie quelque chose ? Ce n'est pas un geste anodin, cela veut forcément dire qu'il m'apprécie.
- Pour moi il s'agit d'une déclaration d'amour. On n'embrasse pas le poignet de quelqu'un par simple gentillesse.
- Je suis tellement heureuse, sourit-elle, avant que son sourire ne disparaisse.
- Peut-être que tu voudrais savoir ce qu'il s'est passé de mon côté ? lança James pour détourner la conversation.

Phèdre se redressa, toute ouïe. Il lui raconta sa conversation avec Catesby, et elle éclata de rire en entendant que l'homme soupçonnait une liaison entre eux.

- Qui pourrait croire à ça ? s'amusa-t-elle, hilare.
- C'est une des choses les plus stupides que j'ai pu entendre dans ma vie, confirma James. Mais il est vrai que d'un point de vue extérieur, notre relation n'a pas l'air si amical que ça.
- Il est vrai que je ne sais pas comment nous considérer. Je ne suis pas sûre que le terme "meilleurs amis" soit approprié. Mais nous ne sommes pas amants.
- Amants platoniques ?
- C'est laid ! ria Phèdre. Âmes sœurs ?
- Le terme est beaucoup trop fort, grimaça James.
- Âmes sœurs platoniques ?
- Tu n'apprends vraiment rien, soupira l'homme en débarrassant le plateau du lit.

Il alla se changer et en revenant dans la chambre, il se rendit compte que Phèdre avait revêtu une robe blanche, encore plus simple que ce qu'elle avait porté le même jour.

- Tu ne te mets pas en chemise de nuit ?
- Je ne compte pas dormir. Je vais attendre que Francis se réveille et sorte de sa chambre pour l'agresser à coup de câlins et d'amour.
- Un bon plan, si ce n'est que vous risquez d'y avoir pour la nuit.
- Tant pis. Tu penses pouvoir dormir seul ?
- Nous verrons bien. Soyez prudente.

Phèdre hocha la tête et sortit. Leur passage du tutoiement au vouvoiement aurait pu en étonner plus d'un, mais cacher leur liens plus qu'amicaux était une nécessité, et ils ne se tutoyaient que lorsqu'ils discutaient de sujets intimes et privés. James était toujours le premier à retourner au vouvoiement, lorsqu'il ne sentait plus la nécessité de tutoyer sa maîtresse. Elle était toujours supérieur à lui, et il se sentait obligé de lui rappeler ce qu'ils risquaient si leur relation était mal interprétée. Phèdre avait déjà assez de problèmes comme ça, pas besoin de lui en rajouter.

La jeune femme s'adossa au mur, juste à côté de la porte de la chambre de Dwight. Attendre ne la dérangeait pas. Elle avait besoin de réfléchir, de savoir ce qu'elle comptait dire à Francis, et de s'il s'agissait de la meilleure chose à faire. Elle n'aurait jamais pensé se retrouver dans cette situation.

Après ce qui lui sembla des heures, elle entendit la porte s'ouvrir et se retourna pour faire face à son cousin, qui était devenu blême.

- Je dois vous parler.
- Est-ce vraiment urgent ?

Phèdre sortit le revolver de des plis de sa jupe et le remua devant les yeux horrifiés de Francis.

- À vous de me le dire.

𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant