Alors que tous les autres semblaient s'inquiéter pour le changement de comportement de Phèdre, cette dernière ne s'en préoccupait guère. Elle avait expliqué à Elizabeth qu'elle avait été invitée à prendre le thé chez les Penvennen, et qu'elle ne retournerait au manoir que tard le soir. A vrai dire, il ne s'agissait pas d'un mensonge : Caroline et elle comptaient bien passer leur après-midi ensemble, à discuter de robes et des ragots que Caroline entendait en ville ou à Londres.
Une certaine complicité s'était installée entre les deux femmes, qui se croisaient toujours lors des soirées mondaines, et après avoir été lâchement trahie par son premier amour, Phèdre avait eu besoin des avis et conseils d'une personne totalement étrangère, et Caroline l'avait gentiment réconfortée, l'invitant ensuite chez elle à plusieurs reprises. Même si elles venaient de deux mondes différents, Phèdre appréciait la dureté et la froideur apparente de sa nouvelle compagne. Elle ne mâchait pas ses mots, et parfois, il semblait à Phèdre qu'elle n'avait pas de cœur. Mais Caroline était héritière d'une des plus grandes fortunes du pays, et elle savait que les gens ne la fréquentaient pas seulement pour ses jolies yeux et son air hautain.
- Vous semblez préoccupée ma chère, lança Caroline depuis son fauteuil. Regrettez-vous votre choix ?
- Je ne pense pas, répondit Phèdre en portant son thé à ses lèvres. Je ne pense pas que je pourrai le dire aux autres, encore moins à James.
- Il est vrai que vous vous êtes enfoncée dans le mensonge. Au point où vous en êtes, vous devriez seulement vous préoccuper de votre homme. La gente masculine est assez molle aux Cornouailles, très différents des Londoniens.
- Je vous crois darling. Un certain docteur fait-il partie de cette gente masculine ?
- Dwight ne vit que pour ses patients.
- Mais il vous aime.
- Oh Phèdre, que sais-tu de l'amour ?Le ton candide de Caroline la surprit. Sa remarque n'était pas sortie comme une moquerie, mais la pointe de détresse qu'entendît Phèdre la fit aussitôt comprendre que cette situation lui pesait. Elle se pencha par dessus la table qui les séparait et lui prit la main.
- Je pense qu'il faudrait que tu en parles avec lui.
- Mon oncle refusera cette union.
- Alors fais-le changer d'avis.
- De la même façon que ton père changera d'avis si...Caroline se mordit la lèvre, rouge d'embarras, mais Phèdre ne sembla pas s'en formaliser. Elle s'en amusa presque :
- Vous avez raison. Nous sommes si différentes, et pourtant nous avons exactement le même problème. Quelle ironie.
- Vous comptez le voir aujourd'hui ?
- Dès que je vous quitte. Il m'a demandé de le rejoindre sur la plage. J'ai hâte de le voir.Phèdre sourit, soudain plus sereine. Ces deux derniers mois, elle avait prétendu s'intéresser à tant d'hommes pour éviter la moindre suspicion. Elle avait accepté leurs invitations, leurs lettres, les mots doux, pour mieux cacher la vérité. Après avoir eu le cœur brisé par Georges, elle avait trouvé du réconfort dans les bras d'un autre. Était-elle amoureuse de lui ? Peut-être. Mais le calme qu'elle ressentait quand elle se trouvait dans ses bras lui suffisait.
- Comptez-vous aller à la soirée des Bennet ? demanda soudain Phèdre en se réveillant de ses rêveries.
- Je l'ignore encore. Votre cousine viendra-t-elle ?
- Elizabeth a décliné l'invitation, mais Mary viendra.
- C'est une très bonne initiative de sa part. Les Bennet ont un fils à marier. Il pourrait peut-être tomber sous le charme de votre amie Mary. Elle a un visage agréable.Phèdre préféra boire une gorgée de thé plutôt que de répondre, et regarda l'horloge du coin de l'œil. Caroline s'en aperçut et conseilla avec un sourire amusé :
- Vous devriez y aller maintenant. Vous pourrez voir le soleil se coucher. J'ai entendu dire que c'était très romantique.
- Quel bon conseil. Je vous quitte mon amie, mais envoyez-moi une lettre pour donner votre réponse. J'espère vous voir à cette soirée.Les deux femmes se quittèrent après s'être serrées dans les bras, et Phèdre lança sa monture à pleine vitesse. Le vent marin fouettait ses cheveux et faisait claquer ses jupes, mais elle garda le rythme jusqu'à arriver sur la plage. Elle descendit alors, et continua son chemin à pieds, son cheval derrière elle. Elle arriva enfin à l'entrée de la grotte où l'attendait son amant, une lampe à huile à la main.
- Phèdre ! fit-il en la prenant dans ses bras.
- Aaron, murmura-t-elle dans son cou.Le couple resta enlacé un instant, avant que l'homme ne prenne sa compagne par la main, et ne l'amène à l'intérieur.
- Comment s'est passé ton après-midi avec Caroline ? Comment va-t-elle ?
- Elle va très bien, et nous avons passé un très bon moment ensemble. Les biscuits de sa cuisinière sont délicieux.
- Être riche doit avoir du bon, rit Aaron. Quand la reverras-tu ?
- Elle viendra peut-être au bal des Bennet. James et Camille sont dans le Devon pour deux semaines. James voulait voir un de ses camarades de... avant qu'il ne travaille pour moi, butta Phèdre avant de se rattraper. Anyway, puisqu'il ne sera pas là pour me surveiller, je pourrai faire passer une lettre à Caroline pour toi. A moins que tu ne viennes.
- J'essaierai.Phèdre sourit et Aaron sentit son cœur se gonfler d'amour pour la jeune femme. Il n'aurait jamais imaginé que ce jour arriverait. Que Phèdre soit à son bras, et qu'elle soit amoureuse de lui.
Lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois, elle avait aiguisé sa curiosité. Il avait entendu les rumeurs à son sujet, sur son possible mariage avec Warleggan (à vrai dire, toute la ville avait remarqué les efforts répétés du banquier pour se rapprocher de la Poldark), alors il n'avait rien tenté. Ils s'étaient ensuite croisé de nombreuses fois. La bourgeoisie s'était entichée de l'étranger et de la future femme de Warleggan. Pourtant, de ce que lui avait vite fait comprendre Phèdre, Warleggan n'avait aucune intention de l'épouser.
Alors Aaron avait pris son courage à deux mains, et avait commencé à courtiser la jeune femme. Sa maladresse, sa sincérité et son amour évident pour elle l'avait poussée à accepter ses avances, et elle ne regrettait rien.
- Regarde ce que j'ai découvert la semaine dernière.
Aaron tendit la lampe devant lui et Phèdre découvrit une petite fontaine naturelle remplie d'eau.
- Est-ce que tu connais la légende qu'on raconte sur cette fontaine ? Si tu fais un vœu et que tu bois l'eau, ton vœu se réalisera.
- C'est une très belle légende, s'amusa Phèdre en le voyant boire l'eau.
- Essaye.Phèdre secoua la tête sans se départir de son sourire, et s'approcha de la fontaine. Elle prit un peu d'eau dans ses mains et l'approcha de ses lèvres. Elle ferma les yeux, priant pour que son vœu se réalise, et but une gorgée d'eau. Elle rouvrit ses yeux et s'aperçut que Aaron la regardait. Il détourna le regard, les joues roses, et bafouilla :
- Nous devrions peut-être sortir. Il commence à se faire tard, le soleil va bientôt se coucher...
- Dépêchons-nous alors ! s'écria Phèdre en prenant sa main.Ils sortirent de la grotte et s'aperçurent que le ciel avait prit une teinte rouge. Ils s'assirent sur le sable, silencieux, tandis que le soleil descendait vers l'horizon. Le ciel se couvrait de nuages, mais le couple ne sembla pas le remarquer.
- J'aimerai que ce moment dure à jamais, murmura Phèdre, sa tête posée sur l'épaule de son amant.
- Et moi de même.Il lui caressa doucement la joue et approcha son visage du sien. Il l'embrassa doucement lorsqu'une voix les fit sursauter.
- Eh bien, quelle surprise de vous croiser ici.
Phèdre se releva en vitesse, terrifiée. Devant elle se tenait son cousin Ross, et il semblait très loin d'être ravi de la voir ainsi. Elle s'apprêta à défendre Aaron mais Ross la coupa net.
- Nous partons. Maintenant.
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Devinez qui est en septaine ? Du coup, profitez de ce chapitre en avance, je suis trop fatiguée pour faire une note d'auteur plus longue, mais je vais essayer d'écrire plus de chapitres avant la fin
Enjoy !
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𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚
FanfictionPhèdre Poldark n'aurait jamais pensé qu'elle retournerait un jour vivre en Angleterre. Mais suite à un fâcheux incident, qu'elle compte bien garder secret, elle se retrouve obligée de quitter sa chère France pour vivre chez son cousin Francis. Mais...