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Phèdre était penchée sur la robe de Mary, des épingles coincées entre ses dents

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Phèdre était penchée sur la robe de Mary, des épingles coincées entre ses dents. Elle avait passé toute la matinée à arranger son ancienne robe pour sa servante, et il lui suffisait maintenant de faire quelques retouches pour la rendre parfaite. C'était sans compter sur Mary, qui avait passé trois heures debout sans bouger, sous peine d'essuyer les jurons et réprimandes de sa maîtresse.

- Quand est-ce que je vais pouvoir m'asseoir ?

Phèdre émit un grognement, et elle fut obligée de piquer les épingles dans le tissu pour pouvoir répondre.

- Mary, si tu veux avoir une tenue présentable pour cette après-midi, tu as intérêt à rester immobile, ou je pique ta cheville à coup d'aiguille.
- Try me... Hey !
- Tu l'as cherchée !
- Les filles du calme, lança Camille en entrant dans la pièce.

La jeune fille portait une robe rose pâle, et tenait un éventail blanc à la main.

- Tu es prête pour aller en ville ? demanda Mary avec un grand sourire.
- Oui, j'ai juste besoin de trouver James. J'ai l'impression qu'il s'est volatilisé.
- Il doit être dans les écuries, lança Phèdre sans quitter sa robe des yeux. Il te suffit de sortir par la cuisine, tu te retrouveras directement sur la cour arrière. L'écurie est à gauche.
- Merci ! Bonne après-midi ! s'écria Camille en sortant de la pièce, sans un regard pour Mary.
- Pourquoi moi ? soupira celle-ci.
- Elle était aussi comme ça dans le bateau ?
- Comment le saurai-je ? Elle a passé tout le trajet à m'éviter.
- Tout ira bien, la rassura sa maîtresse. Aide-moi à me relever, il faut que vérifie quelque chose.

La servante s'obtempera et Phèdre souffla

- C'est bien ce que je me disais. J'ai cousu l'ourlet de travers, je vais devoir tout recommencer.
- Non !
- Tu ne seras pas obligée de rester dans cette robe. Change-toi et viens me la ramener.
- Aye aye Captain ! s'exclama Mary en sortant de la pièce.

Phèdre se remit debout et s'étira. Son dos la faisait souffrir et elle ne sentait plus ses jambes, mais en pensant à sa création, elle ne put que sourire. C'est le moment que choisit Elizabeth pour entrer dans la pièce. Celle-ci fronça les sourcils en voyant l'état de sa cousine.

- Vous allez bien ?
- Très bien, pourquoi cette question ?
- Vous n'êtes pas coiffée, votre robe est froissée et vous semblez pâle.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, j'étais occupée à arranger une robe pour Mary, mais elle est bientôt terminée. Dès que je la finis je vais me préparer.
- Vous devriez vous dépêcher. J'ai reçu une lettre de Warleggan...
- Que dit-elle ?
- Il compte venir nous rendre visite cette après-midi, accompagné du révérend Osborne.

Le sourire de Phèdre se transforma en une grimace de dégoût. Sa cousine crut bon de lui expliquer :

- Osborne semble vous tenir en grande estime, et vous seriez gagnante à entretenir de bons rapports avec lui.
- Oh... Oui, bien sûr, répondit Phèdre, le cerveau en ébullition. Si vous voulez bien m'excuser, je vais me préparer.

Elle sortit de la pièce et manqua de percuter Mary, qui venait dans le sens inverse.

- Que faites-vous ?
- Mary, changement de plan, tu ne portera pas cette robe aujourd'hui, je t'en prêterai une autre, expliqua Phèdre en entraînant sa compagne vers sa chambre.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Le diable va bientôt passer le pas de notre porte, nous devons être préparées.

- George, quel plaisir de vous revoir, sourit Elizabeth en voyant l'homme entrer dans le salon, suivi de près par Osborne. Monsieur, c'est un honneur de vous avoir parmi nous.

Phèdre roula les yeux au ciel, sous le regard décontenancé de Mary, et celui scrutateur d'Agatha. La jeune femme offrit cependant un sourire chaleureux au banquier, et lui offrit une gracieuse révérence, s'attirant au passage les yeux intéressés d'Osborne.

Mary mordit ses lèvres, ravalant la réplique brûlante qu'elle s'apprêtait à lancer. Phèdre avait était formelle : en tant que servante, elle risquait gros si elle décidait de rappeler le révérend à l'ordre. C'était pour cela que sa maîtresse lui avait donné une robe au col montant, qui lui couvrait la poitrine jusqu'au cou. Phèdre avait dû alors mettre une robe un peu plus décolletée, n'ayant rien d'autre sous la main.

- Comment allez-vous ? demanda Phèdre en se redressant, les joues roses.
- Très bien merci, répondit aussitôt Osborne en allant s'asseoir face à elle.

Mary et Agatha échangèrent un regard inquiet quand elles se rendirent compte qu'Osborne semblait très intéressé par leur protégée. Et cela ne semblait pas gêner George, bien au contraire.

- Phèdre, Trenwith est connu pour son jardin pas vrai ?
- Hum... Oui, répondit la jeune fille en fronçant les sourcils.
- Pourquoi ne le feriez-vous pas visiter à Osborne ? Je suis sûr qu'il apprécierait.
- Le soleil est encore haut dans le ciel, elle risque d'attraper une insolation, s'interposa Agatha.
- Alors le révérend portera son ombrelle.
- Je le ferai sans l'ombre d'une hésitation, répondit celui-ci en se levant.

Il tendit son bras à sa compagne et Phèdre ne put qu'accepter son sort, et c'est les pieds traînants qu'elle sortit du manoir, essayant tant bien que mal de ne pas trop s'accrocher à Osborne. Peine perdue, il lui broyait le bras.

- Vous aimez les fleurs ? demanda Phèdre, désireuse de trouver un sujet de conversation pour qu'elle puisse enfin s'éloigner de l'homme. Le printemps est fini, mais il y a encore de très belles fleurs.
- Pourtant aucune n'est aussi belle que vous.

Phèdre ne put que laisser s'échapper un rire forcé et peu naturel.

- Quel homme fort attentionné vous êtes, le complimenta-t-elle.
- Oh, vous n'imaginez pas à quel point, lui susurra-t-il.
- Vous êtes peut-être légèrement trop rapide, s'excusa Phèdre en tentant d'échapper à son étreinte.

Elle essaya de s'écarter de lui, mais elle trébucha et s'étala sur le sol. Elle remarqua avec étonnement qu'Osborne n'avait pas réagit. C'est en s'asseyant qu'elle compris pourquoi : sa robe s'était relevée et ses chaussures avaient glissées de son pied. Bien sûr, plutôt que l'aider à se relever comme un parfait gentlemen, Osborne fixait ses chevilles, et semblait très mal à l'aise. Phèdre les cacha aussitôt sous sa jupe et se releva seule.

- Auriez-vous l'amabilité de m'aider à retrouver mes chaussures ? s'agaça la brune, son regard survolant les herbes autour d'elle.

Elle finit par les retrouver et les enfila rapidement, avant de lâcher ses jupes et de croiser ses bras.

- Nous devrions retourner à l'intérieur.

L'homme hocha la tête, la gorge nouée.

Quel cauchemar, pensa Phèdre, avant de retourner sur une note plus joyeuse. Avec un peu de chance, l'arrivée de Dwight arrangera les choses.

𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant