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- Alors... Toi et ta maîtresse ?
Catesby poussa une pinte de bière vers James. Celui-ci leva un sourcil, et répondit :
- Parce qu'il y a quelque chose à dire ?
- Oh, ne me fais pas ce coup là, grogna son ami en le regardant boire une gorgée d'alcool. J'ai vu ce qu'il s'est passé dans le couloir...
- Ne dis rien de ce que tu as vu. Je ne tiens pas à ce qu'elle soit brisée par une rumeur aussi stupide.
- Pardon ?
- Penses-tu vraiment qu'il y a quelque chose entre elle et moi ?
- Absolument !James contempla son verre, silencieux. Catesby se trémoussa sur son siège, mal à l'aise.
- Phèdre est mon amie, et il n'y a rien entre nous.
- Mais...
- Le sujet est clos, le coupa brusquement le valet.Son ton autoritaire fit frémir Catesby et il se tut immédiatement. L'aura qui émanait maintenant de l'homme était terrifiante, et il n'avait aucune envie de le voir déverser sa colère sur lui. Il préféra changer de sujet :
- Comptez-vous rester longtemps ici ? D'après ce que George m'a dit, la famille de Phèdre est en France...
- À vrai dire, avec la Révolution et les émeutes, la France n'est plus un endroit sûr pour des gens comme eux.
- Ils sont riches ?
- Assez. C'est une famille de bourgeois. Le père de Phèdre, Aaron Poldark, est un couturier, et il travaillait pour plusieurs familles de nobles à Versailles. Maintenant, il s'occupe de clients un peu moins aisé, mais il continue de gagner pas mal d'argent. Le plus sûr pour lui et sa famille serait de revenir s'installer ici, ou à Londres. Sa femme essaye de l'y pousser mais toujours pas de résultats.
- Pauvre Phèdre. Ses nerfs doivent être mis à rude épreuve.
- Ça je ne te le fais pas dire.James termina son verre et se leva :
- Je dois aller récupérer Phèdre.
- Vous pensez qu'elle en a fini avec George ?
- Je l'espère.Malheureusement pour elle, la jeune femme était très loin d'en avoir fini avec son sauveur. George semblait d'humeur à discuter, contrairement à Phèdre qui voulait simplement disparaître de la surface de la terre.
- Vous avez bien changé depuis notre première rencontre, finit par admettre l'homme, ce qui fit sursauter la concernée.
- En bien ou en mal ? s'inquiéta-t-elle immédiatement.
- J'hésite encore, la taquina George. Vous semblez sortir un peu plus qu'avant.
- Un peu plus ? C'est bien faible comme expression.
- Si je peux me permettre... Lorsque nous nous nommes rencontrés pour la toute première fois, vous étiez hors de Trenwith, vous vous en souvenez ?
- Comment pourrais-je l'oublier ? Vous m'avez effrayée, se remémora Phèdre avec un sourire amusé. Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un me surprenne dehors.
- Et pourtant, vous ne faisiez que cueillir des mûres...
- J'étais dehors, ce que je faisais n'avait pas d'importance...
- Pourquoi ?Phèdre se tourna vers lui, les sourcils froncés. George répéta :
- Pourquoi vous empêchait-on de sortir ?
- Mon père jugeait ma santé trop fragile. Je tombais souvent malade, alors il préférait me garder à l'abri, en sécurité. Je ne suis pas sûre que ça ait fonctionné.
- Êtes-vous toujours malade ?
- Je suis en meilleure santé maintenant, le rassura Phèdre. J'ai tout simplement besoin de repos et de calme... J'ai quitté la France pour m'éloigner de la Révolution, et me voilà à essayer d'empêcher la mise à mort de mon cousin. Le ciel ne semble pas être très clément avec moi ces derniers temps.
- Je suis navré de l'apprendre.
- Ne vous inquiétez pas, on s'y fait.George s'arrêta et fit face à sa compagne. Il la dévisagea un instant, l'air grave. Il se souvenait encore de son visage enfantin et du regard apeuré qu'elle lui avait lancé lorsqu'il l'avait rencontré dans le jardin de Trenwith, une dizaine d'années auparavant. La même terreur qu'il avait vu dans ses yeux lorsqu'il l'avait retrouvé dans la ruelle. Mais ce n'était plus une enfant qu'il avait devant lui.
- Je suis désolé de ne pas pouvoir sauver votre cousin. J'ai vraiment tenté de le raisonner, mais...
- C'est une tête de mule, termina Phèdre. Il finira par causer sa propre perte. Je ne vous en veux pas, vous avez essayé.Elle se tut, remarquant que George semblait ailleurs. Il finit par lui sourire avec tendresse et Phèdre sentit son cœur s'arrêter. Ses joues s'enflammèrent et elle détourna les yeux, honteuse.
- Votre auberge est-elle encore loin ?
- Au bout de la rue.Ils continuèrent à marcher, et alors que George s'apprêtait à partir, il prit la main de Phèdre dans la sienne. Il la tourna délicatement et posa ses lèvres dans le creux de son poignet. Il leva les yeux vers la jeune femme, qui resta muette de stupéfaction.
- Bonne soirée mademoiselle.
Il la salua une dernière fois et s'éloigna, jetant un dernier regard à sa compagne, qui n'avait pas bougé d'un pouce et qui continuait de le fixer. Il disparut dans les ombres et Phèdre resta un moment figée, son cerveau essayant tant bien que mal de comprendre ce qu'il venait de se passer. Elle ne réagit même pas lorsqu'elle entendit la voix de James l'interpeller :
- Vous auriez pu rester là où je vous avez laissée, ça aurait été plus rapide pour moi de vous trouver. Vous allez bien ? demanda-t-il devant le manque de réaction de son amie.
- Holy shit James, murmura-t-elle, il vient de se passer quelque chose d'incroyable.
- Eh bien, que pensez-vous de me raconter tout ça à l'intérieur ? Je suis affamé.
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𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚
FanfictionPhèdre Poldark n'aurait jamais pensé qu'elle retournerait un jour vivre en Angleterre. Mais suite à un fâcheux incident, qu'elle compte bien garder secret, elle se retrouve obligée de quitter sa chère France pour vivre chez son cousin Francis. Mais...