Cornwall, 1790
- J'ai l'impression de ne plus voir James du tout, bougonna Phèdre en croisant les bras, un air boudeur sur le visage.
- Remercie le Ciel qu'il se soit enfin décidé à renouer des liens avec Dwight, répondit Mary. Il aurait très bien pu n'en faire qu'à sa tête et arrêter de lui parler.
- Ce n'est pas faux.Tandis que les deux jeunes filles discutaient tranquillement, assises sur la grande nappe jaune qu'elles avaient ramené, Camille lisait, et accordait très peu d'importance aux propos de ses compagnes.
- J'ai entendu dire qu'Osborne organisait un dîner, tu as été invitée ?
- Pas encore, et j'espère ne pas l'être. Cet homme est exécrable, et ridicule. Il a des yeux de merlan frit.
- Tu en as déjà vu un ?
- Non, avoua Phèdre, mais tu saisis l'idée. Il a l'air stupide et il est rustre.
- La liste peut encore être allongée. Je ne comprends pas comment il peut se prétendre homme de Dieu. Il est catholique ? demanda Mary.
- Orthodoxe. C'est un pasteur.La servante haussa un sourcil, peu impressionnée par le titre de l'homme.
- La religion et moi...
- Dit la fille qui s'endormait pendant le sermon du prêtre, s'amusa Phèdre. D'ailleur, Evangeline va toujours à l'église ?
- Un peu moins depuis que tu es partie. Isabeau et Charlotte sont intenables, et les sermons de père François sont tellement longs. Camille l'accompagnait parfois. Pas vrai Camille ?L'interpellée releva la tête, avant d'affirmer les propos de son amie.
- Elle continue de se rendre aux services tous les dimanches, mais c'est tout.
- C'est déjà beaucoup, remarqua Mary.
- Combien de fois tu partais à la messe toi ?Mary roula les yeux et Camille pouffa, avant de reprendre sa lecture.
- Je pense que je vais vous laisser, je dois me préparer pour le dîner.
- Qui t'a invitée ?
- Les Penvennen, Caroline est absolument adorable avec moi.
- Essaye de trouver un homme..., commença Mary. Ou une femme.Phèdre lui tira la langue et se releva, avant de les saluer et de partir.
- Nous voilà que toutes les deux, fit Camille en posant son livre.
- Qu'est-ce que tu lis ?
- Quelques poèmes de Sappho..., bafouilla Camille en rougissant. Phèdre m'a dit que tu les aimais beaucoup alors...
- Tu les aimes ?
- J'aime beaucoup celui là : Quand nous restons face à face et que je te regarde
dans cette lumière où tu apparais, pas même Hermione n'est aussi belle, Hélène aux cheveux d'or c'est toi, elle est ta ressemblance, il n'y a rien d'étrange à le dire...
- Je l'aime aussi, c'est très romantique, de comparer son amante à la femme qui a précipité une des guerres les plus célèbres.Camille hocha la tête, avant de demander :
- Comment as-tu su ? Que tu aimais les femmes ?
- Oh c'est très simple, raconta Mary, je trouvais une fille très belle et je me suis dit Si j'étais un homme, je l'épouserais. C'est parti de là. J'en ai beaucoup discuté avec James, et j'ai très vite compris que je n'étais pas attirée par les hommes. Et Phèdre m'a parlé de Sappho, et elle m'a offert un livre avec ses poèmes.
- Phèdre ne t'a jamais questionné ?
- Elle l'a compris sans que je lui en parle, ça a rendu les choses plus faciles. Elle est obsédée par la Grèce et Rome antique, et je peux t'assurer qu'à cette époque, les mœurs étaient beaucoup plus légères. Je ne pense pas qu'elle trouve cela choquant, bien au contraire.
- C'est-à-dire ?
- Il y a quelque chose de très doux dans aimer une femme.
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𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚
FanfictionPhèdre Poldark n'aurait jamais pensé qu'elle retournerait un jour vivre en Angleterre. Mais suite à un fâcheux incident, qu'elle compte bien garder secret, elle se retrouve obligée de quitter sa chère France pour vivre chez son cousin Francis. Mais...