xviii.

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- Quelle plaie ce Osborne, soupira Phèdre en se laissant tomber sur la banquette

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- Quelle plaie ce Osborne, soupira Phèdre en se laissant tomber sur la banquette. Heureusement qu'il est parti tôt. Je n'aurai pas supporté qu'il me suive toute la soirée.
- Pourtant c'est un homme riche, remarqua James, sans se soucier du regard désapprobateur que lui lança Elizabeth.
- Il est ridicule, égocentrique et stupide. La richesse de mon mari m'importe moins que sa grâce et son éloquence. Or, il n'y a rien de tout cela chez lui.
- Sa grâce et son éloquence ?

Le sourire mesquin de James n'échappa pas à Phèdre et elle se renfrogna. Bien sûr, George ne manquait pas d'éloquence, mais de la grâce ? S'il avait pu, le majordome n'aurait pas hésité à taquiner sa compagne. Mais Elizabeth était là, et il préférait éviter le moindre malentendu. Qu'elle sache qu'il était plus qu'un servant n'aurait pas arrangé leurs affaires.

- Osborne semblait très intéressé par vous ma chère, remarqua Elizabeth.
- Un peu trop peut-être.
- Je ne veux pas paraître pessimiste, mais vous avez vingt ans, vous devriez vous marier avant de vous retrouver sans parti.
- Ne vous inquiétez pas cousine, je trouverai mon homme. Mais d'abord, je veux rentrer et serrer Camille dans mes bras. Avec elle à mes côtés, nous trouverons bien quelqu'un pour moi.
- Si Camille est avez vous, il y a plus de chance pour que ce quelqu'un aille vers elle d'abord.
- Pas faux, songea Phèdre. Peut-être que je devrais lui trouver un mari d'abord.

Elizabeth leva les yeux au ciel mais se tut, ne voulant pas briser le moral de sa belle-cousine. Phèdre semblait peu pressée de se marier, mais elle risquait de finir vieille fille, et sans le sou. Elle allait devoir s'occuper de son cas, et elle savait exactement vers qui se tourner.

Lorsqu'ils arrivèrent à Trenwith, Phèdre fut la première à quitter l'attelage et elle se précipita vers le manoir. Elle arriva toute essoufflée dans le salon, où l'attendait Agatha. Celle-ci fronça les sourcils en voyant les joues roses et la respiration haletante de sa nièce.

- Voyons Phèdre, ce n'est pas convenable...
- Où est Camille ?
- Dans ta chambre...

Agatha n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase que Phèdre était sortit de la pièce, ses mains retenant ses jupes pour ne pas qu'elle se prenne les pieds dedans. Elle entra dans sa chambre et ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit que non seulement Camille était assise dans le fauteuil, Mary était aussi là, étalée sur son lit. Ses deux amies se relevèrent d'un bond et coururent se jeter dans ses bras.

Elles ne se séparèrent que lorsque James arriva, hilare.

- Comment vont mes filles préférées ?
- What a flirt, le taquina Mary. Comment va mon homme préféré ?
- Fatigué de cette longue soirée.
- Dommage, parce que vous allez devoir tout nous raconter, sourit Camille. Je veux savoir tout ce qu'il s'est passé depuis votre arrivée ici.

Le groupe s'installa dans la chambre de Phèdre, et ils passèrent une partie de la nuit à discuter. Bien sûr, les deux servantes s'attardèrent sur la vie amoureuse de Phèdre, et plus précisément sur George Warleggan.

- Quand est-ce que nous pourrons le rencontrer ? demanda Mary, la tête posée sur l'épaule de Phèdre.
- Peut-être dans les prochains jours. Demain Dwight est censé prendre le thé avec nous demain après-midi...
- Dwight ? s'écrièrent ses amies.

Tous les regards se tournèrent vers James, qui eut un mouvement de recul.

- Le Dwight dont tu nous parles tout le temps ? demanda Camille, inquiète. Il est ici ? Pour longtemps ?
- Il vit ici maintenant, soupira James. Je pensais ne jamais le revoir, et voilà que je le retrouve dans le plus grand des hasards. Je pense que le ciel m'en veut.
- Peut-être que ça va te permettre de...
- Ne dis pas ça s'il te plaît. Je ne veux plus entendre parler de lui. J'ai besoin de quelqu'un pour m'accompagner en ville demain après-midi.
- Tu fuis tes problèmes.
- Peux-tu me blâmer ?

Camille et James se jaugèrent du regard et Camille finit par soupirer :

- Non, bien sûr que je ne peux pas.
- Bien. Alors tu m'accompagnes demain ?
- Si tu veux.
- Alors je serai la première à rencontrer ce fameux Dwight, sourit Mary, j'ai hâte. Et ne pense pas que je t'ai oublié avec ton George, s'écria-t-elle lorsqu'elle entendit Phèdre glousser.
- Ce n'est pas mon George !
- Oh pardon, j'avais oublié que tu préférais Osborne...
- Oh seigneur, lancèrent James et Phèdre en même temps.

Mary se mit à rire, aussitôt suivie de ses deux compagnons. Camille finit par y mettre un terme quand elle lança :

- Maintenant, tout le monde au lit. Demain risque d'être une journée très chargée, et vous allez regretter de ne pas avoir assez dormi. Et non Mary, ne me fait pas ces yeux là, la dernière fois tu t'es endormie en plein milieu du sermon du prêtre. Monsieur était furieux...
- Mais Madame a rit, lui rappela la servante. Par contre, je veux dormir avec Phèdre. Les chambres de domestiques sont minuscules et je suis sûre que mes pieds dépassent du lit.
- Vous pouvez dormir avec moi si vous voulez, proposa Phèdre. Enfin si vous êtes confortables avec cette idée...
- Je pense que je préfère dormir dans mon propre lit, répondit Camille avec un sourire d'excuse. Bonne nuit.

Elle sortit de la pièce, accompagnée de James, et lorsque la porte se referma, Mary s'affala sur le lit, les yeux fermés.

- Forcément, grogna-t-elle.
- Laisse lui le temps, lui conseilla Phèdre en s'allongeant à côté d'elle.
- Je pensais qu'elle comprendrait. Tu penses qu'elle me déteste ?
- Elle ne te déteste pas, il lui faut juste avaler la nouvelle. Je pense qu'elle a peur pour toi.
- Et elle préfère me fuir.

Mary blottit sa tête dans le cou de Phèdre, des soubresauts secouants son corps.

- Chut, dors, et demain, tout ira mieux.

Et c'est bercée par les murmures de son amie que Mary s'endormit, les joues baignées par ses larmes.

𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant