Catesby tournait en rond dans le bureau de Warleggan, la tête baissée. Cela faisait presque deux semaines que Camille était partie, et il comptait maintenant les jours qui les séparaient. La jeune femme lui manquait terriblement. Il ne s'était jamais senti aussi seul. La plupart des domestiques qu'employait George ne se souciaient que de leur paie, et il n'avait jamais pu tisser de liens avec eux. Cela ne le dérangeait pas, mais après avoir passé ses après-midi avec Camille, cette nouvelle solitude lui laissait un goût amer dans la bouche.
- Eh bien, tu sembles bien préoccupé, remarqua George en entrant dans la pièce.
- Monsieur, j'ai à vous parler, c'est très important.George fronça les sourcils et lui fit signe de s'asseoir. Il lui servit un verre de vin, que Catesby regarda à peine.
- Vous connaissez Camille de Clench, la demoiselle de compagnie de Phèdre...
- Oui, elle n'était pas à Trenwith quand j'y suis allé.
- Elle était dans le Devon avec James, le valet de Phèdre.George leva les yeux au ciel en entendant le nom de l'homme, mais n'interrompit pas Catesby pour autant.
- Je compte la demander en mariage.
- Oh. Penses-tu que ses parents accepteront de la laisser t'épouser ?
- Je ne peux qu'espérer. Mais si je l'épouse, la probabilité que je la suive en France est très grande...
- Avec la Révolution, je n'en suis pas si sûr. J'ai reçu une lettre d'une connaissance en France, elle est allée rendre visite aux parents de Phèdre, et j'ai cru comprendre que sa famille comptait fuir le pays.
- Et les parents de Camille ?
- Je n'ai rien sur leurs conditions. Peut-être qu'ils pensent pouvoir s'en sortir là-bas. Mais dis-moi, vas-tu continuer à travailler ? Cette femme que vous comptez épouser, a-t-elle assez de moyens pour vous ?
- Je...Catesby se tut devant cette réalisation. Camille venait d'une famille fortunée, mais que pouvait-il donner en retour ?
George se rendit compte de la détresse de son ami, et finit par dire :
- Je suis prêt à te donner dix mille livres, pour tes dix années de service ici. Je peux doubler cette somme, mais à une seule condition.
- Laquelle ?
- J'attends toujours la réponse à ma question. Pourquoi Phèdre est-elle revenue ?
- Sa santé...
- Elle est de frêle constitution, mais cela n'explique pas la réaction qu'elle a eu en renvoyant le médecin que je lui ai envoyé de Londres. Elle a tempêté assez fort pour le faire fuir. Je ne pense pas que sa santé soit le problème.
- Alors, vous comptez sur moi pour le savoir ?
- Tu veux te marier avec son amie, tu es le mieux placé pour trouver une explication.
- Et si je ne la trouve pas ?
- Tu auras toujours tes dix milles livres.Catesby hocha doucement la tête et se leva.
- Merci. Pour tout.
Et il sortit de la pièce, sans un regard pour l'air inquiet que George arborait maintenant.
Phèdre se serait bien passé de l'énorme écharpe que lui avait donné Mary, mais l'air printanier était encore frais, et son amie refusait de la voir tomber malade une nouvelle fois. Elle avait passé sa convalescence dans sa chambre, Francis refusant de la laisser sortir. Elle avait du user de tout ses charmes pour que son cousin accepte qu'elle aille marcher un peu dans le jardin. Mary était allée en ville voir Margaret, et Camille ne revenait que le lendemain, alors elle était seule. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais elle aurait aimé que Aaron soit avec elle.
Ross avait gardé son secret, et n'avait pas encore tenté d'en parler avec elle. Peut-être était-il effrayé à l'idée de la voir faire une nouvelle crise ? Le pauvre, songea Phèdre avec un sourire. Si sa famille avait prié pour qu'elle soit aussi sage et douce que sa cousine Verity, la réalité était qu'elle causait assez de problèmes pour prendre un Poldark au dépourvu.
VOUS LISEZ
𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚
FanfictionPhèdre Poldark n'aurait jamais pensé qu'elle retournerait un jour vivre en Angleterre. Mais suite à un fâcheux incident, qu'elle compte bien garder secret, elle se retrouve obligée de quitter sa chère France pour vivre chez son cousin Francis. Mais...