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Paris, 1783

Phèdre se cramponna aux jupes d'Evangeline, effrayée à l'idée de la perdre dans la foule. Celle-ci continuait son chemin, sans un regard pour sa protégée, et finit par annoncer :

- Si tu ne te dépêches pas et que tu te perds, tu devras retourner à la maison par tes propres moyens.

Cette phrase suffit pour faire avancer l'adolescente plus vite, et elle se mit pratiquement à trottiner pour rester au niveau de la jeune femme. Elle avait l'impression d'être totalement désorientée, et ni la foule, ni le voile qui couvrait ses yeux, ne l'aidaient.

- Vous marchez beaucoup trop vite, se plaignit Phèdre, le souffle court.

Pourtant, elle continua d'avancer dans le sillon d'Evangeline, le regard baissé. La femme finit par s'arrêter devant la porte d'un bijoutier, et entra dans la moindre annonce. Phèdre pesta intérieurement et rentra après elle. Elle soupira doucement, ravie de couper sa course effrénée.

La boutique était petite, mais la lumière des bougies se reflétaient dans les pierres précieuses et illuminaient la salle. Phèdre scruta la pièce avec attention, utilisant son voile comme un moyen de ne pas paraître trop curieuse.

- Savez-vous pourquoi il y a autant de gens dehors ? demanda un client au bijoutier qui s'occupait de lui.
- Le traité de Paris a été signé aujourd'hui, lança Evangeline, penchée sur un collier de rubis. J'imagine que la venue d'Américains intrigue les Français.
- Benjamin Franklin, John Adams et John Jay, un joli trio ces gars là, lança un deuxième homme au fond de la pièce. Les avez-vous déjà rencontré ?
- Je n'en ai pas eu l'occasion, minauda Evangeline.

Elle croisa le regard de Phèdre et lui fit un clin d'œil. Phèdre ne put cacher son sourire, et le bijoutier prit cela pour un encouragement.

- A vrai dire, ça les apprendra aux Anglais. Ils n'avaient aucune chance de battre les Américains. Pas avec les Français comme alliés.
- Il faudra remercier le marquis de Lafayette, sans lui rien de tout ça ne serait arrivé. J'ai entendu dire qu'il avait organisé la bataille de Yorktown.

A ces mots, Evangeline jeta un coup d'œil à Phèdre, pour s'apercevoir qu'elle fixait le sol, les poings serrés sur ses jupes. Elle regarda le bijoutier et l'interrompit :

- J'aimerai ces boucles d'oreilles s'il vous plaît.
- Oh, un très bon choix madame. Elles sont pour vous ?
- Non, pour une personne qui m'est très chère, sourit la femme.

Elle paya, et tendit sa main à Phèdre. Celle-ci l'attrapa avec douceur, et elles sortirent du magasin. Elles restèrent toutes les deux silencieuses sur le chemin du retour, jusqu'à ce qu'elles arrivent dans une rue plus calme.

- Pourquoi devons-nous garder cette sortie secrète ? Il n'y a rien de mal à aller voir des Américains pas vrai ?
- Phèdre, la situation est légèrement plus compliquée...
- Est-ce que c'est parce que papa leur en veut pour Ross ?

𝑺𝒊𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒓𝒊𝒕𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant