la bagarre

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les gens qui se bousculent et qui se battent pour le dernier scrabble, j'ai une profonde envie de leur mettre un bon steak pour leur faire atténuer l'effet de la magie de noël.

qu'est-ce qu'il y a de plus casse-couille que cette fête ?

je vais passer les clichés désastreux et mes histoires déprimantes à son sujet et me focus sur la liste des souhaits incompréhensible de doum's :

-purple haze

-acid

-lemon haze

-train

-white widow

et personne me croit quand je dis que cet enfant mérite des coups. je laisse tomber son cas et reviendrai quand je serai un peu plus inspirée que lui. les deux heures que je viens de passer dans ce centre commercial m'ont littéralement achevée.

je me tape le métro bondé en réprimant un soupir, puis précipite le pas jusque chez doum's quand je sens les premières gouttes de pluie sur mon front.

— salut, je souffle en apercevant le renoi et framal sur le canapé.

ils me saluent à leur tour et je me rue jusque ma chambre sans prêter attention au chahut de la cuisine. j'enlève mes chaussures m'assois en tailleur au sol et jette un oeil sur mes emplettes. j'ai peut-être pas été sage cette année mais je compense en endossant le rôle de mère noël.

pour sasha j'ai opté pour une paire de gucci ace que j'ai eu à bon prix dans une vente privée. il casse la tête depuis que je le connais avec ces chaussures, j'espère qu'il sera saucé. pour ivy je me suis contentée de lui acheter un sac griffé dont elle m'a parlé une fois. on ne s'est pas reparlées depuis notre dispute. je pense que des deux côtés, on a besoin de réfléchir et de rester un peu sans l'autre. elle plus que moi, j'imagine. je pense à faire un travail sur moi, même si ça va être difficile parce que le cynisme fait partie intégrante de mon être. mais malgré tout je sais que je tiens à notre amitié et même si c'est la fille la plus chiante du système solaire, en vrai je n'ai qu'elle.

j'espère que les fêtes deviendront un prétexte pour briser la glace, en attendant j'ai de ses nouvelles via doum's et pour l'instant ça me va.

— ça dit quoi ? j'entends derrière moi.

je soupire et reste de dos.

— ça dit que tu peux frapper, t'es pas chez ta mère.

— c'est ta bouche que je vais frapper si tu te calme pas vite fait.

je souffle du nez et me retourne enfin.

— ravie de te voir pour la troisième fois de la semaine, ken.

le brun prend ma salutation comme une invitation et s'affale sur mon lit. je n'ai même pas la force de lui dire quoi que ce soit. je préfère lever les yeux au ciel et faire genre que ça me fais chier.

— t'as acheté quoi ? il demande.

— des trucs.

— comment ça va aujourd'hui ?

je lui lance un regard en biais et hausse les sourcils. depuis notre dernière discussion, il est passé chez doum's tous les jours sans exception. il s'invite dans ma chambre et me questionne gentiment sur ma journée, il me fait chier cinq minutes puis il repart. je trouve toujours cette initiative aussi bizarre même si elle est loin d'être déplaisante je ne sais pas, je ressens comme une gêne.

— ça va super... je reprends après m'être rendue compte de mon impolitesse, et toi ?

— j'ai ramené des grecs, t'en veux ? il réplique.

— non merci, j'ai pas faim.

— t'as mangé aujourd'hui ?

c'est déroutant qu'il se préoccupe autant de moi. il y a une semaine de ça, il s'en foutait pas mal de savoir comment j'allais et ça m'allait très bien.

mais maintenant tout a changé depuis ce fameux jour. c'est comme s'il avait tout compris de mes intentions et j'arrête pas de ressasser nos échanges, je les décortique et j'en arrive à la même conclusion.

soit il est devint, soit il a lu la lettre.

mais à chaque fois je me répète que c'est impossible et qu'il n'a pas pu aller aussi loin. d'un autre côté, s'il l'a vraiment fait j'aurais qu'une envie c'est de m'enterrer.

— ouais j'ai mangé un shirashi au thon, ça te vas derrick ?

— c'est pas bon ça, tu connais pas les vrais bails.

— c'est pas un mec qui mange des grecs qui va m'apprendre la bouffe, en tous cas.

il rigole.

— eh je t'ai emmené manger grec et tu te léchais les doigts !

— j'étais bourrée je m'en rappelles pas. je réponds simplement.

— t'as même voulu lécher les miens, il rajoute.

je sens soudainement mes joues chauffer salement.

tout doux kamiya, c'est sûr c'est un mito.

— et déjà tu me pompes l'air là gros, tu connais l'espace vital ? je rétorque, pour masquer ma gêne.

— oh arrêtes je sais que t'aimes bien ma compagnie... il est confortable ton lit.

— säbövik de chez ikea, bouges maintenant.

— tu me vires ? il demande, faussement offusqué.

je soupire et me concentre sur mes achats que je range méticuleusement dans leurs emballages. je l'entends respirer dans mon dos.

— bah ouais, clairement. je réponds simplement.

il ne réplique pas tout de suite, ce que je trouve vraiment suspect mais je laisse couler. je me redresse puis ni une, ni deux, je reçois un oreiller dans la face.

— mais tu joues à qu-

je m'en prends un autre.

il veut qu'on se tape je crois bien. j'ai pas réfléchi j'ai attrapé l'oreiller le plus proche et je lui ai sauté dessus. mission struggle, pas le temps de niaiser.

je l'entends rire sous mes vaines tentatives de l'étouffer, ce qui m'agace davantage.

par je-ne-sais-quel procédé de gros porc, il arrive à me renverser et prendre les devants.

— t'as aucune sauce tu viens faire la grande ici, dit-il en m'arrachant le coussin des mains.

omae wa mu shindeiru ! j'hurle entre deux coups.

il explose de rire.

— ah bon ? rien que ça ?

— vas y lève toi on s'tape comme des bonhommes, maintenant.

il sourit et me maintiens bloquée. comment je me retiens de lui insulter ses morts.

— mais t'es grave tarée comme go, toi.

— wesh vous faites quoi, vous là ?

ken se retourne et je lorgne la porte d'entrée d'un air désespéré. le regard de doum's fait des vas et viens entre nous, et je devine très bien à ses yeux qu'il est suspicieux.

le brun me libère de son emprise et je réplique.

— calme ton pote aussi.

— ton samouraï qui sait pas se battre là, il souffle en sortant.

— on remet ça quand tu veux, p'tit joueur.

en guise de réponse, il m'offre un sourire ravageur et quitte la pièce accompagné de doum's qui n'a pas pipé mot. il m'assène un dernier regard curieux puis suit le grec.

je me laisse tomber sur le lit et prends une longue inspiration.

j'ai le cœur qui bat à cent à l'heure.

ShinkūOù les histoires vivent. Découvrez maintenant