— rentres pour minuit wesh, négocie doum's en m'accompagnant à la porte.
— quoi ? tu m'as acheté un cadeau ? je demande, moqueuse.
— je t'ai acheté de l'humour et un joggos, dit-il en reluquant mes jambes nues.
j'ai opté pour la jupe finalement et franchement j'ai beaucoup de mal à assumer. ce con ne me facilite pas la tâche, je le fusille du regard.
— c'est bon je rigole, t'es fraîche. fais attention, ok ?
j'acquiesce, enfile mon manteau, attrape mes sacs puis quitte l'appartement. il n'y a pas grand monde pour le moment, mais le tressé m'a dit qu'une bonne partie de l'équipe serait là ce soir, dont ivy. ça me soulage un peu de ne pas être là, du coup. mine de rien j'appréhende la confrontation.
je me demande pendant tout le trajet si j'ai bien fait de mettre une jupe, j'ai l'impression de ne pas savoir marcher, que tout le monde me regarde et que quelqu'un me brule les jambes avec un briquet. il fait grave froid wesh.
dans le métro je me suis assise en écartant les jambes, avant de comprendre suite au regard du papi face à moi que ce n'était pas des manières.
trop dur d'être une meuf, demain j'arrête.
je me regarde une dernière fois dans le miroir du hall avant de monter chez sasha. jusqu'à je sens que je suis stressée. j'ai les mains moites et j'ai mal au ventre. je vais voir un charo ou je passe ma soutenance de master, là ?
reprends toi kam.
j'inspire, expire puis frappe à la porte. il est vingt heures quatre. pile à l'heure. le boug ouvre dans la foulée, il est apprêté, j'aime bien.
il me jauge du regard en hochant la tête, j'ai l'impression qu'il valide.
— pas mal, dit-il simplement.
— c'est réciproque.
encore heureux que j'suis « pas mal », seul dieu sait comment j'ai souffert dans ce vêtement de torture.
une jupe... je trouve ça aussi nul que cool.
c'est pratique pour faire la go féminine en moins de deux. par contre une fois mise, tu dois l'être jusqu'à l'enlever.
cimer, pour tes conseils complètement inutiles, avance maintenant.
apparemment je suis la première. il me fait entrer dans le salon superbement décoré pour l'occasion. chelou qu'un gars qui vive solo mette autant de coeur à l'ouvrage pour décorer un appart pour les fêtes. c'est rare surtout.
— qu'est-ce que tu veux boire ? il me demande de la cuisine.
— ce que t'as...
je l'entends me répondre mais je n'écoute pas vraiment, mon regard est attiré vers un cadre photo que je n'avais jamais remarqué depuis le temps que je vois, sur le côté de la télé. je me lève et m'y approche. c'est sacha et une fille, en vacances on dirait. j'inspecte la photo de plus près, confuse.
— je vois que t'as fait la rencontre de ma sœur, dit-il dans mon dos.
je me retourne et attrape la flute qu'il me tend.
— tu m'as jamais parlé d'elle... dis-je grinçante.
— on était en mauvais termes... jusqu'à pas très longtemps. on se chamaille souvent mais on se réconcilie toujours au moment des fêtes, la magie de noël, tu connais.
— ouais... askip.
j'suis pas très convaincue de son speech, mais qu'est ce que je peux faire d'autre. je me suis jamais arrêtée sur son cas, j'ai jamais fait de réelles investigations sur lui, normal que j'apprenne des choses sur le tas.
— en tous cas, t'es belle.
— merci.
il s'approche pour m'embrasser et je le laisse faire. c'est pas désagréable. puis je sens sa main passer sous ma jupe, je me détache et l'interroge.
— tu fais quoi, là ?
— je te montre comment tu m'as manqué...
il porte ses lèvres à mon cou et je décide une nouvelle fois de lâcher prise. un petit orgasme avant le foie gras, qui va refuser ?
je me retrouve sur lui et mène la danse, je lui retire sa chemise il me débarrasse de ma jupe, bref, on se retrouve en tenue d'ève et adam sur son canapé prêts à passer à l'action jusqu'à ce que la porte sonne.
— ton frère, j'imagine ? je demande en me redressant.
le bouclé ne répond pas tout de suite, il a l'air paniqué.
— ne bouge pas... me dit-il en allant à la porte.
et je reste immobile comme une imbécile au lieu de me rhabiller. heureusement j'ai un éclair de lucidité et je finis par me mettre à la recherche de ma culotte.
ça sonne à nouveau. sasha reste derrière la porte, absent. je ne comprends rien.
— bah fais quelque chose ?
il se précipite vers moi pour se rhabiller tandis que ça commence à tambouriner derrière la porte.
— mais c'est quoi ce délire ? c'est qui ? je demande, agacée.
— j'en sais rien...
« sasha, qu'est-ce que tu fous putain, ouvres » on entend derrière la porte.
je sais pas si j'ai peur ou si je suis clairement saoulée.
— mais vas ouvrir la putain de toi ! je m'emporte en enfilant ma brassière.
— nan, c'est une folle, ou j'sais pas.
le mec est totalement tétanisé. je ne l'ai jamais vu comme ça, une vraie tapette.
— bon... j'amorce en me levant.
— qu'est-ce que tu fais ? il demande.
— je vais ouvrir parce que t'es clairement en train de m'énerver, là.
il accourt jusqu'à moi.
— vas y bouge sérieux, t'es en train de faire quoi là ?
son agressivité me prend de court, c'est la première fois qu'il me parle comme ça et j'apprécie pas du tout.
— toi t'es en train de me faire quoi ? tu claques des fesses parce qu'il y a une meuf à la porte, tu t'fous de ma gueule ?
son téléphone sonne, son regard fait des vas et viens entre l'appareil et moi. je fais mine d'aller le prendre alors forcément il court plus vite. je profite de ma feinte pour ouvrir la porte et tombe sur une ravissante blonde. celle de la photo du coup.
— mais enfin putain, je... elle commence puis grimace en me voyant. t'es qui toi ?
j'hausse les sourcils.
— toi t'es qui ? tu t'excite sur la porte depuis ?
— mais mdr t'es chez moi, là.
je lance à regard à sasha qui a l'air à bout de nerfs. mais alors plus culotté que lui, tu meurs.
je soupire et demande alors :
— j'imagine donc que tu n'es pas sa sœur ?
