nike air

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j'suis pas hyper sereine.

sasha m'a demandé de le rejoindre dans la réserve à chaussures, mais j'ai pas envie qu'on nous remarque.
d'un côté j'ai envie de lui dire de se ressaisir et d'arrêter ses gamineries, mais de l'autre, j'ai cette petite excitation qui m'anime, ça faisait un bail.

mais il a trop tendance à croire que je suis à sa disposition aussi, alors on va se faire désirer un peu.

j'aperçois un mec capuché et tête baissé qui s'attarde sur une paire de 97. encore un dealeur qui va me payer en billets de dix, on adore.

— n'hésites pas si t'as besoin de renseigne-

il se retourne et je constate que le dealeur en question n'est autre que ken.

— wesh, bien ?

— tu fais quoi ici ? je demande, sûrement cramoisie.

— je fais mon shopping, dit-il innocemment en brandissant la basket qu'il zieutait jusque là.

— depuis quand ?

il m'interroge du regard, c'est vrai que je suis assez agressive sur les bords, j'ai du mal à contrôler mon étonnement.

— bref, appelles-moi si t'as besoin...

je lui tourne rapidement le dos mais il réplique presque aussi vite.

— justement, j'ai besoin.

je me retiens de souffler.
c'était de la politesse pélo, rien de plus ni moins.

— dis moi tout, dis-je dans un ton neutre.

— tu me conseilles quoi ?

il me faut un temps pour assimiler ses mots car son sourire me perturbe. est-ce qu'il est sincère, est-ce qu'il fait exprès ?
je décide de me prendre au jeu.

— ça sert à rien de les prendre en noir, prends une couleur qui ressort, genre celles-ci.

il grimace.

— du violet et du rose ?

— ça ira avec tes yeux, je réponds.

— tu te fous de ma gueule ?

— oui.

je me retiens de sourire, c'est peine perdue. quelques personnes s'attardent un peu sur nous et je comprends qu'on commence à le reconnaître.

— prends les blanches, on les voit sur personne celles-là, je poursuis.

— c'est risqué aussi.

— j'ai cru comprendre que t'avais l'amour du risque, nan ?

ivy m'a fait écouter risibles amours dans la salle d'attente, j'ai découvert une facette de lui que je n'aurais pas imaginé.

il m'intrigue le petit k, dommage que ça n'ait pas fonctionné avec ivy. d'ailleurs il faut que je l'appelle celle là, ça fait deux jours qu'elle me zappe.

il se garde de répondre et me tend alors la basket blanche.

— tu l'as en 43 ?

— j'vais voir ça.

je disparais derrière la porte de la réserve et je sens qu'on s'empare de mes bras.

putain, j'avais oublié sasha.

— t'en as mis du temps, dit-il en me plaquant contre la porte.

— j'étais avec un client...

— c'est lui qui va attendre, maintenant.

il m'embrasse sensuellement. j'y réponds sans même réfléchir. si on nous voit la on est morts.

— azy bouge, je susurre contre ses lèvres.

— tu parles mal...

il m'embrasse à nouveau en passant ses mains sur ma taille et je passe mes mains dans ses cheveux. Ils sont tout doux et bouclés j'adore. en plus, je sens cette douleur dans mon bas ventre qui s'était pas manifestée depuis un certain temps. j'ai envie de lui sauter au cou la tout de suite, mais j'arrive à me souvenir du brun qui m'attend, miskine.

— allez, va travailler, je murmure en me détachant.

il rigole.

— c'est qui le boss ici ?

pour toute réponse, je le pousse gentiment et m'en vais à la recherche de la fameuse air max. je sens son regard dans mon dos, alors je demande.

— qu'est ce que tu mates ?

— ton petit cul.

— restes poli, gros fou.

je trouve enfin la boîte à chaussures et dépasse le bouclé pour atteindre la porte.

— allez, un dernier, dis-je la bouche en cœur.

il m'embrasse une dernière fois et on se sépare.

je retrouve la starlette au milieu d'un petit amas d'adolescents lui demandant des selfies. quand il me voit, il parait un peu plus soulagé mais continue la séance pour ne faire de peine à personne. il me rejoint quelques minutes après.

— désolé, c'est-

— les problèmes de star, au calme.

je déballe la paire devant lui pour lui montrer la paire. il hoche la tête, satisfait et me tend sa carte bleue. je l'encaisse, prépare son sac et le lui brandit.

— merci pour tes conseils, dit-il simplement.

— tu penseras à moi en les mettant.

il sourit et me fait un signe de main avant de me tourner le dos et s'en aller. c'était la phrase de trop, non ? j'espère pas.

ShinkūOù les histoires vivent. Découvrez maintenant