j'ai pas tout capté.
on est censées être en froid et elle est censée me détester, nan ?
est-ce que c'est la magie de Noël qui opère ? ou alors je fais archi pitié ?
je me laisse faire et décide même de resserrer l'étreinte. après tout, elle m'a manquée.
— on va parler après , me dit-elle une fois m'avoir relâchée.
j'acquiesce d'un signe de tête et rejoins doum's dans la cuisine. j'y trouve le sneazzy et deen qui décroche un sourire chaleureux en me voyant.
— ça dit quoi hiroshima ?
lui son délire c'est de caler un nom de ville japonaise à chaque fois qu'il me voit. je dois avouer qu'il est pas trop mal en géographie le papi. depuis le temps, il sèche toujours pas.
— mais ouais t'es rentrée tôt gros, ça s'est tape ou quoi ? demande le tressé.
presque.
en vrai maintenant que j'y pense, je lui aurais bien collé un pain dans sa mâchoire de playmobile. mais bon, c'est noël.
— on en parlera plus tard, dis-je en me lavant les mains.
— dans tous les cas j'avais déjà prévu de lui niquer sa grande tante.
je rigole malgré moi. il me fait trop rire ce con. mais j'ai même pas envie de m'attarder sur son cas, je veux profiter de cette soirée avec des gens cool.
c'est moi qui les prenait pour des guignols au début, qui se rappelle ?
— bon, faut faire quoi ?
— tu vois les toasts là ? faut les garnir.
— par contre ce gros porc il a mangé les trois quarts du saumon. dénonce le moustachu en pointant deen du doigt.
c'est doum's qui se vener le premier.
— toi par contre, tu casses les couilles.
— estimez-vous heureux j'ai pas touché à la dinde. j'me suis grave fait violence.
— encore heureux sale bâtard parce que quand fallait la fourrer t'étais aux abonnés absents, réplique snz.
— ben j'voulais te laisser apprécier le moment vu que c'est la seule chose que tu fourres.
on éclate de rire à gorge déployée, moi la première. j'ai laissé toute ma grâce dans la pièce d'à côté.
— vas y commences à tartiner les toasts avant que je te tartine, rétorque alors le maghrébin.
— bon, c'est noël, on va rien dire.
on s'attèle à nos tâches respectives dans la joie et la bonne humeur. ça a aussi été l'occasion de faire la connaissance d'autres pélos comme aréno, mekra et un certain eff gee. il y a quelques meufs aussi, dont adèle et certainement ses copines qui sont venues aider. du coup l'ambiance est un peu moins masculinisée; je me suis pas attardée sur leur cas mais elles ont l'air cool, elles aussi.
aucune trace de ken, par contre. c'est peut-être pas plus mal, on va dire.
ma conscience se rassure comme elle peut en se blâmant elle même d'être trop curieuse. on va continuer dans cette lancée et éviter de se prendre la tête.
une fois les mets et l'entrée terminés je me propose pour les ramener à table et je constate que la déco a été plutôt bien menée. y'a un petit jeu de lumières sympa avec les guirlandes, et doum's a mit un sapin aussi. je vois qu'il y a des cadeaux en dessous. je devrais penser à mettre les miens... puis mes yeux rencontrent ceux d'ivy au bout de la pièce.
elle finit par se lever du canapé pour venir à ma rencontre. je sens qu'on va l'avoir maintenant, cette discussion.
— venez on graille là, j'ai su-per faim ! annonce adèle en s'asseyant.
le reste acquiesce, snz se porte volontaire pour être en bout de table, pour pouvoir faire les allers-retour pour surveiller la dinde.
il l'a vraiment kiffé cette dinde...
avec ivy, on s'assoit machinalement à côté. je capte lo au loin qui nous regarde et qui s'assoit en face de sa dulcinée. il est mim's.
nous nous servons les toasts et les brochettes de foie-gras. aréno fait le pitre avec les huitres en simulant une chose que je ne citerai pas mais qui se termine par 'lingus'. doum's, lui, a voulu jouer les patriotes et s'est chargé lui-même de faire cuire les escargots. il a mangé le premier avec sa coquille. personne n'est normal dans cette baraque.
— on passe à autre chose ? me glisse ivy dans l'oreille.
ça me surprend au premier abord, alors je la regarde mais elle a l'air sérieuse.
— t'es sûre de vouloir pardonner à une vieille meuf coincée du cul qui veut pas évoluer ?
elle roule des yeux mais réplique.
— tu portes une jupe frère, t'es sur la bonne voie.
ils vont tous me faire la remarque ces cons.
mais ça me fais plaisir de voir qu'elle est prête à effacer l'ardoise.
— faudra qu'on parle quand même, j'veux dire, seules à seules. elle ajoute entre deux bouchées.
— kamiya tes brochettes de foie gras c'est le feu ! glisse adèle à l'autre bout de la table.
quelques gens acquiescent et je les remercient.
— ouais, dis-je en me reconcentrant sur ivy. pas de problème.
— les gars j'ai foiré la dinde. intervient le reubeu.
— t'es sérieux ? demande framal.
— voilà, voilà, je savais qu'on aurait du prendre un chaperon mais personne m'écoute ici. rétorque louis.
— même un bébé poulet il l'aurait foiré gros, réplique deen.
— bon vas y amènes ça qu'on voit les dégâts.
— façon j'ai tellement la dalle je mange même si c'est carbonisé.
je secoue légèrement la tête et la soirée se passe.
• • •
la dinde n'est pas cramée, elle est juste un peu trop sèche. un morceau vaut deux verres d'eau, mais on s'est adaptés.
aréno a été le premier à quitter la table avant le dessert pour danser, il a eu besoin d'évacuer les cinq verres de vin qu'il s'est enfilé en à peine une heure. il m'a par ailleurs invitée, alors je l'ai rejoint. ivy a immortalisé le moment, d'ailleurs son flash m'a brulé les rétines.
à minuit treize doum's a crié et nous a tous conviés au salon. je me suis empressée d'aller chercher mes paquets. du coup a doum's j'ai fini par jeter mon dévolu sur des baskets. je suis trop nulle en cadeaux. et j'ai été gênée de n'avoir rien offert au reste du groupe. en même temps j'avais pas prévu de passer ma soirée avec eux... l'asperge m'a rassurée en me disant que de toute manière, chez eux les cadeaux sont anonymes. on découvre la personne qui nous l'a offert le lendemain ou une fois que chacun est de son côté. ça évite les désagréments et ça amplifie selon lui la magie de noël.
pourquoi pas en vrai.
j'amène mes paquets, me pose au sol près du sapin et demande dans la foulée.
— quelqu'un fait du 43 ?
je décide de pas faire ma radine et d'offrir la paire de gucci à qui veut bien la prendre. même si je ne vois clairement personne avec... quoique, sneazzy pourquoi pas.
— moi, j'entends dans mon dos.
les cris se multiplient quand on découvre ken sur le pas de la porte.
moi, ce sont les battements de mon coeur qui se multiplient.
— joyeux noël les khey, souffle-t-il en me regardant.
c'est le meilleur noël que j'ai passé depuis des années.