c'est sympa les chapitres où tout est bien qui finit bien mais dans tout ça j'en ai oublié le principal.
c'est le retour au taf. qui n'est pas trop envisageable en vue de ce qui s'est passé avec ce connard de manager. j'ai pensé à me foutre en arrêt maladie ou en congés mais je ne ferais que retarder le processus. alors j'ai rédigé une lettre de démission que j'ai envoyé ce matin même en recommandé.
et puis la partie la plus sombre de mon être a envie d'y aller, juste pour voir s'il va oser m'adresser le moindre mot.
en plus de ça, je vais faire de la d.
j'étais censée commencer à neuf heures, il est onze heures treize, j'attends dans une boulangerie pour m'acheter un croissant.
j'ai jamais fait ça de ma vie.
le croissant je parle, pas le retard.
— bonjour madame, s'exclame la boulangère pleine d'énergie.
— bonjour, j'vais vous prendre un croissant... aux amandes. s'il vous plaît.
soyons fous.
une fois servie je fais le chemin inverse pour aller au métro. j'ai deux appels en absence de maurice, j'adore.
• • •
— mais wesh t'étais où cousine ? on était en panique ! m'annonce maurice quand il me voir arriver.
— genre, je souffle en me débarrassant de mon sac.
— ouais ok, pas forcément moi, mais sasha il est vert gros, qu'est-ce t'as foutu ?
— on va en pause ?
il me fait les gros yeux en s'apprêtant à me réprimander, mais il se retient et je discerne un grain de malice dans ses yeux.
— dispute conjugaaaaaale... j'suis pas dedaaaaaans. dit-il en s'éloignant.
— y'a plus rien de conjugué entre nous, ouais.
je pensais avoir été discrète mais il a entendu. alors il fait demi tour et m'adresse d'un air paniqué.
— tu mens kamiya ! ça y est c'est fini ? genre over ? genre game over ?
— t'as des clients poto.
il tship après avoir vérifié mes dires.
— on en reparle.
j'hoche la tête pour lui faire plaisir mais c'est évidemment mort de chez mort.
qu'est-ce que je vais aller raconter à maurice, la plus grosse commère de la boîte si ce n'est de l'univers mes histoires de cul ? j'ai une dignité askip.
de toute façon, de ce que j'ai vu du bouclé, y'a moyen qu'il en parle de lui-même.
et quand on parle des fils de pute...
le voilà qui déambule dans l'allée, visage fermé comme s'il faisait peur à quiconque.
il s'arrête à mon niveau.
— bonjour kamiya.
il a donc osé.
— sasha.
— tu es en retard, dit-il en faisant mine de vérifier sa montre.
— oui, et ?
— t'es censée être là à neuf heures en fait, t'as mis tout le monde dans la merde.
je me caresse le menton et fais mine d'être confuse.
— ah mince, j'croyais que les meufs trompées, cocu, ou maîtresses par défaut avaient droit à une petite indemnité horaire.
il souffle et vérifie que personne ne nous ait entendus.
— vas y, viens on va parler dans mon bureau.
je m'approche lentement de son oreille et lui susurre de ma voix la plus claire :
— nique ta mère, sasha.
il cherche à me regarder mais je le retiens en l'agrippant par la nuque.
— je t'ai laissé un cadeau sur ton bureau. joyeux noël.
je le lâche et me dirige vers la sortie. c'est l'heure de la pause clope.
— fais pas trop la ouf, par contre. j'peux te coller un avertissement de travail, là.
pour toute réponse, je m'arrête tout en lui gardant dos et éclate de rire à gorge déployée.
je m'arrête vite parce que ça me demande beaucoup trop d'énergie pour ce qu'il en mérite.
le cadeau sur son bureau n'est autre que la copie de ma lettre de démission dans du papier cadeau.
pendant ce mois de préavis, je vais lui faire vivre un enfer.