ornements

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— titre de transport s'il vous plaît.

je garde la tête baissée le temps de réfléchir à mon mouvement. faut pas que ce soit trop brusque, ni trop lent. alors je fais mine de chercher et me mets à courir dans le tunnel. ce bâtard se met à ma poursuite. je m'adore d'avoir opté pour mes ultra boost, je cours trop bien avec. j'esquive les gens, pose deux, trois feintes, puis arrivée à la correspondance avec la ligne 8, je me retourne et constate avec satisfaction que ce gros porc a lâché l'affaire.

il est chiant doum's.

en plus de parler pour rien il est jamais à l'heure. j'aurais pas eu besoin de m'éclater les poumons s'il respectait les heures qu'il a lui même fixé. je remonte les escalators pour retrouver la lumière du jour. le métro c'est mort, du coup.

18:37 - 𝚝'𝚎𝚜 𝚘ù 𝚠𝚎𝚜𝚑

𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕𝚎 𝚋𝚞𝚜 𝚙𝚍 - 18:37

18:38- 𝚐𝚞𝚎𝚝𝚕𝚎𝚔 𝚕𝚎 𝚋𝚞𝚜 𝚘𝚗 𝚗'𝚎𝚜𝚝 𝚙𝚊𝚜 𝚎𝚗 𝟸𝟶𝟶𝟽

je réponds et le retrouve à l'adresse indiquée.
un quartier de bobo en perspective, à base de la durée, iCare, boutiques indépendantes aux noms de vieilles coincées... bref, tout ce qu'il n'y a pas chez moi. je me demande ce que je fous là.

— la prochaine fois prends plus de temps vieille meuf.

— décale ton long corps, j'ai froid.

on se check et on pénètre dans l'immeuble. difficile de ne pas comprendre qu'on est chez les bourges, y a qu'eux pour installer un canapé dans le hall d'entrée sa mère.
comme si avant d'aller au taf t'allais te poser et réfléchir au sens de la vie. ces gens ils sont vraiment perchés.

— tu m'emmènes chez quel guignol, encore ?

— t'inquiètes.

on monte au quatrième, avant dernier étage. il toque deux fois et ouvre l'immense porte aux moulures dorées. un méli-mélo de richesse s'étale du sol au plafond. on se croirait chez louis XVI.

— mais c'est quoi ça ?

— la meuf qui habite ici vient de clamser, le concierge est un pote il m'a donné les clés avant que le domaine se pointe pour tout embarquer.

devant mon incompréhension, il s'explique:

— elle a pas d'enfants la go, pas d'héritiers. elle était riche sa mère. si y a un truc qui t'intéresse, prends.

nous nous enfonçons dans l'immense pièce. le parquet grince sous mes pas hésitants. y a tellement de belles choses. c'est vrai que c'est tentant.
ce serait bête de faire la meuf alors que je suis clairement en galère. soit j'ai une putain de bonne étoile, soit je me contente de faire profil bas et me réjouis de ce bail qui tombe à pic.
j'effleure un verre de cristal du bout des doigts, que je me souvienne, je n'ai jamais cru aux coïncidences.

— allez vous faire foutre, sérieux.

j'avance d'un pas décidé vers la porte d'entrée. doum's m'intercepte en deux enjambées.

— wesh, t'as quoi ?

— genre tu t'es réveillé ce matin en te disant que t'allais piller l'appart d'une vieille pour le plaisir ?

Il détourne le regard mais réplique.

— bah ouais, ça fait quoi ?

— je vais tuer ivy, bouge de cette porte.

ShinkūOù les histoires vivent. Découvrez maintenant