13:11.
nouveau record d'arrivée au taf aujourd'hui.
a ce rythme là dans 4 jours, je ne prends même plus la peine de venir. et ce n'est finalement pas une si mauvaise idée. je me fais chier à mourir maintenant que je n'ai plus aucune obligation.
j'ai emmerdé sasha toute la semaine. quand j'étais pas en retard, j'étais en pause, quand j'étais pas en pause je faisais les cancans avec maurice, chose que je n'aurais jamais cru venant de moi. le bouclé arrive à garder son sang-froid, même s'il a déjà tout balancé sur notre relation à tout le staff. je le laisse se défendre comme il peut, le pauvre. je suis bien contente de ne jamais lui avoir envoyé ne serait-ce qu'un nude à ce salaud.
il aurait fait le tour du magasin en une minute trente.
d'ailleurs, on se s'adresse même plus le moindre mot.
— bonjour, dit-il en s'approchant.
sauf là.
— j'ai quelque chose pour toi, il continue en me faisant signe de le suivre.
voyant que je ne bouge pas d'un poil, il soupire.
— j'ai besoin d'une signature.
je finis par coopérer.
on traverse les rayons en silence jusqu'à la boîte à sardine qui lui sert de bureau. il s'assoit et me tend une enveloppe que j'attrape sans un mot.
mon solde tout compte en chèque.
— tu es free, souffle-t-il, ennuyé.
je reste immobile et garde les yeux fixés sur le bout de papier arrivé bien trop tôt. nous ne sommes que le 31 décembre. il me reste presque 3 semaines avant de pouvoir officiellement mettre les voiles, comment c'est possible ?
— j'ai demandé à ce qu'on accélère la procédure parce que ça ne pouvait plus durer, il justifie, comme s'il lisait dans mes pensées.
— t'as du bien la sauter la RH aussi, pour qu'elle te fasse cette faveur.
— kamiya-
— c'est bon sasha, je le coupe en m'asseyant.
je pose le récépissé avec hargne que je signe et lui jette à la figure.
— c'est tout ? je demande alors.
il me regarde longuement et reste silencieux. j'ai horreur de ça. tout comme j'ai horreur de la tournure que prend la situation. encore une fois, je pensais être le maître du jeu, et cette fois encore, on me jarte avant même que ça ne devienne intéressant.
je ne sais pas ce qui me heurte le plus au final, ce départ si soudain en restant sur ma faim, ou alors ce papier qui déclare la fin.
la fin de ce job, la fin du contrat.
la fin de sasha et moi.
tu t'en bats la race de lui, kamiya. t'as juste mal à l'égo.
j'aimerais en être aussi sûre.
— j'suis désolé, dit-il d'une voix claire.
enfin des foutues excuses, même si elles ne valent rien.
je ne devrais pas le haïr ce mec, ça voudrait dire qu'il a compté un temps soit peu pour moi.
— t'étais pas désolé quand personne n'était au courant.
— ma relation avec ma meuf n'est pas facile.
— je la plains, vraiment.
il ne répond pas et se contente de s'affaler sur son fauteuil aux accoudoirs déchirés.
