happy birthday

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j'suis grave moche.

autant d'habitude j'suis pas spécialement fraîche, mais là j'ai battu un record.

j'ai coupé mes cheveux à l'arrache, je sens qu'ils sont pas droit j'ai les nerfs, mes sourcils se sont passé le mot pour pousser tous ensemble d'un coup et mon shtar sur le menton qui veut pas partir, on dirait il paye un loyer.

what a magnifique birthday.

maurice m'a appelé à deux reprises, j'sais pas ce qu'il veut ce moustique.

on s'est pas cala depuis que j'ai quitté l'entreprise, je n'y ai jamais remis les pieds, et pourtant j'adore ce magasin.

mais bon, ma politique anti connard prend le pas sur la « fashionista » qui m'habite.

m'enfin bref. je décide de le rappeler, sans conviction.

il me propose de le rejoindre à un café pour échanger autour d'un verre qu'il va bien évidemment me payer pour célébrer ce jour mémorable. alors je m'habille en deux deux, un jean bleu, un t-shirt blanc fourré et une chemise XL façon bucheron verte censée appartenir au boyfriend que je n'ai pas. j'avais prévu de lisser mes cheveux mais la flemme s'est emparée de mon être alors j'ai juste pris le temps de débroussailler mes sourcils et j'ai rejoint le boug à haussmann.

regardez moi cette beauté... dit-il en me voyant arriver.

— dégage, oses me dire que je ressemble pas à une birkenstock qui a pris l'eau ? dis-je en m'essayant.

il s'abstient de répondre, l'enfoiré.

— bon anniversaire crapule.

— cimer.

— tu bois quoi ?

— un monaco allez, on l'a joue lège'.

il commande et je m'allume une clope. bien évidemment il m'a grattée.

— ça dit quoi le taf ? je demande.

— rien de fou, rien a changé depuis que t'es partie. ton poste est toujours vacant du coup on se relaye tous à ta caisse.

— relou.

— pas le choix, hein.

silence.

— tu sais qu'il est grave dans le mal...

— je m'en bats la race.

— askip sa meuf elle l'a quitté, après elle est revenue mais elle est grave toxique. elle vient le chercher au taf et tout, elle nous pose des questions avec un sourcil relevé comme columbo.

— miskina.

— ouais.

on nous sert et on trinque. j'ai pas tellement envie de parler de sasha et sa vie ne m'intéresse pas le moins du monde. après je peux pas en vouloir à maurice de faire la commère, c'est dans ses gènes.

— tu vas faire quoi ce soir ? il demande alors.

— j'sais pas.

maintenant que j'y pense, ivy ne m'a pas appelée de la journée. elle aime trop faire la go qui me zappe pour que je crois qu'elle a oublié mon anniversaire.

— tu peux pas rien faire, interdit par la loi.

— propose un bail, alors.

il fait mine de réfléchir et mon téléphone sonne.

elle a longue vie ma petite ivy.

— ouais ?

— t'es où ? demande-t-elle.

ShinkūOù les histoires vivent. Découvrez maintenant