Août 2016
en triant mon répondeur je me suis souvenue de yumi. elle a essayé de me joindre il y a trois mois maintenant. j'admets qu'il y a d'autres façons de montrer aux gens qu'on les considère... mais bon, j'avais oublié.
et là je tourne en rond dans mon salon. c'est le weekend, j'ai taffé jusqu'à onze heures et je viens d'appeler deen pour qu'il vienne squatter chez moi avec qui veut bien le suivre, ce soir. cet appel tombe à point nommé. je branche mes écouteurs et file faire deux, trois courses.
je l'appelle via whatsapp, j'ai pas envie de payer des mille et des cents pour une conversation qui va sûrement pas me plaire, non mais.
et elle répond au bout de quatrième sonnerie.
— moshi moshi ?
je souris d'emblée à l'entente de sa voix aiguë.
— salut yumi, c'est kamiya...
— oh salut.
on s'échange quelques politesses avant que je ne poursuive.
— je reviens vers toi car j'ai vu que tu m'avais appelée ?
— ça fait un bail, kamiya.
je me crispe.
— désolée j'ai pas trop eu de temps pour moi.
— t'as pas changé toi, hein.
elle étouffe un rire alors je rigole aussi, légèrement.
puis on se raconte nos vies en despi. ce qu'on devient, et surtout ce qu'on ne devient pas.
miskine.— t'es toujours dans la mode, du coup ?
je bégaye en entrant dans le monoprix.
— je... oui enfin... j'ai fait un break donc pas littéralement mais... bref je suis toujours dans le textile. oui.
qu'est-ce qui me prend de stresser comme si je parlais à un recruteur wesh.
j'attrape un panier et la miss réplique :
— cool, j'avais une proposition pour toi.
en sah to sah ?
— vas y, balances !
— j'ai mon chéri qui bosse dans une grosse boîte de luxe, et ils cherchaient un acheteur... je sais que t'es plus dans le freelance à la base mais je sais que t'as toujours eu du flair et que tu sais aussi saisir les opportunités.
regardez comment elle me cheb, mdr.
— mais c'est toujours d'actu cette histoire ?
— ben, ils ont recruté quelqu'un depuis mais c'est une période d'essai. et puis, ils ne sont pas contre avoir un autre profil.
— je vois...
je suis pas sûre d'être intéressée. mais d'un autre côté ma curiosité me titille. est-ce que je serais prête, même hypothétiquement à partir et relancer la machine, comme avant ?
— écoutes, j'suis rentrée en france depuis et... j'sais pas...
— pas de soucis, ça ne t'engage à rien. mais prends le temps de réfléchir, ok ?
j'ai l'impression que c'est tout réfléchi de mon côté mais je préfère pas m'avancer trop vite.
— ok yumi.
— j'te laisse, j'ai du boulot moi.
— un samedi ?
— on connait pas les congés nous, tu sais bien.