Si Seulement... (Tome 2 de Si Jamais...) ©

Chapitre 9 - Ivy (Tome 2)

En ce début de semaine, je consultai ma boîte mail avec l'espoir que Kelly m'ait répondu, mais c'était toujours beau de rêver. J'ignorais pour quelle raison je m'accrochais encore, mais une partie de moi refusait d'abandonner ma sœur, je n'y arrivais tout simplement pas, malgré tout ce qu'elle avait pu faire.

Je ne voulais pas faire comme mes parents, je respectais cependant leur choix, même si je ne l'acceptais pas pour autant. Mais je les comprenais de mieux en mieux avec le temps. Mon aînée était vraiment un cas désespéré et me laisser sans nouvelles pendant des mois était tout simplement d'une cruauté sans nom. Vu dans l'ambiance dans laquelle elle trempait, j'avais de quoi me faire des films quant à ce qui avait pu lui arriver pour que ce soit le silence radio.

— Alors, Ivy ? Tu as mâché du chewing-gum en marchant ? ironisa Aiden en passant à côté de moi dans les couloirs du lycée accompagné de sa bande de crétins.

Je levai les yeux au ciel et ouvris mon casier, sans même prendre la peine de lui répondre. Je ne voyais vraiment pas ce qu'il pouvait y avoir de marrant dans le fait de se réjouir de la misère d'autrui, mais il fallait croire qu'il n'avait rien de mieux à faire de son insignifiante existence. On pouvait dire que plus les années passaient et plus il ressemblait à son connard de frère : Ashton.

Oui, je boitais. Après m'être tordu le pied deux jours auparavant, j'avais de quoi et encore heureux qu'aujourd'hui je pouvais le poser par terre. Ça me faisait mal, mais la douleur était supportable. À vrai dire, j'aurais tout fait pour ne pas porter de béquilles. Je détestais vraiment ces machins.

En me souvenant de samedi, je ne pus m'empêcher de repenser à Jake et à toutes ses phrases à double sens qu'il faisait exprès de dire rien que pour me mettre mal à l'aise. En plus, avec son sale petit regard mesquin, j'avais l'impression qu'il était à l'affut de la moindre chose pour me rappeler sans cesse ce que j'avais fait. Encore une fois, je n'en étais pas particulièrement fière, mais que cela ait été avec ou sans moi, il aurait fait ces deux années de taule pour possession et distribution de drogues. Au lieu de blâmer les autres pour son sort, il devrait s'en prendre à lui-même.

— Tu veux que je te porte ? continua Aiden en revenant vers moi.

Visiblement, il n'en aurait jamais assez de s'en prendre à moi. Lui et sa cousine étaient strictement pareils, mais pour être honnête, je préférais les brimades d'Amber aux siennes, lui, il me mettait vraiment sur les nerfs. Je ne voulais vraiment pas qu'il m'approche.

— Mais attention, ce n'est pas gratuit.

— Rien ne l'est jamais avec toi, n'est-ce pas ? rétorquai-je sans même le regarder.

Lorsque ma famille et moi étions arrivés à Fairfield, j'avais dix ans et je n'allais pas nier le fait qu'avant, lorsque Kelly était là, je trainais assez souvent avec lui et sa cousine, mais simplement parce que ma sœur était amie avec son frère ainé. Les choses avaient vraiment beaucoup changé en quatre ans, je n'avais strictement plus rien à voir avec les McCall.

Il se rapprocha plus de moi et son torse vint toucher le haut de mon bras. Il fallait croire qu'il ignorait ce que le concept « espace personnel » voulait dire.

J'essayai toutefois de ne pas me montrer agacée, car ce serait entrer dans son jeu et par conséquent lui faire plaisir. C'était ce qu'il recherchait, à me mettre mal à l'aise avec ses regards et ses paroles pleines de sous-entendus. Quel était son problème ? Je ne le comprenais pas, on n'avait jamais été les meilleurs amis du monde, mais on s'entendait bien autrefois, pareil avec Amber. J'étais un peu stupide de me poser la question, parce que finalement, je connaissais parfaitement la réponse et cette dernière avait à voir avec Kelly et Ashton, ni plus ni moins.