Chapitre 6 - Ivy (Tome 2)

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Kelly, c'est au moins le dixième e-mail que je t'écris. Je n'ai plus de nouvelles de toi depuis juin et je commence sérieusement à m'inquiéter. Je sais que tu lis mes courriers, mais pourquoi tu n'y réponds pas, je l'ignore. S'il te plait, au moins dis-moi que tu vas bien et que tu n'as besoin de rien. Je sais que tu as ta vie et que tu en fais ce que tu veux, mais tu ne peux pas m'exclure de la sorte, je ne te le permettrai pas. Peu importe les problèmes que tu aies, je serai toujours là pour t'aider, tu devrais le savoir depuis le temps.

J'espère avoir rapidement de tes nouvelles,

Ta sœur qui t'aime.

Je ne pris même pas la peine de lui raconter ma rentrée au lycée en ce milieu de mois d'août, après tout, elle pouvait déjà s'en faire une idée. J'avais beau lui écrire toutes les semaines en lui racontant ma vie, depuis avant le début de l'été, c'était le silence radio le plus complet.

Quelques années auparavant, je me serais inquiété beaucoup plus, mais Kelly était devenue le genre de personne à ne donner des nouvelles que lorsqu'elle voulait obtenir quelque chose. C'était une particularité chez les gens ayant les mêmes problèmes qu'elle. Ils disparaissaient pendant un temps et un beau jour, ils venaient frapper à ta porte afin de te demander une faveur. Dans le cas de ma sœur, il s'agissait plus d'un coup de fil ou d'un e-mail, cela faisait plus de quatre ans qu'elle n'avait plus remis les pieds à Fairfield. La connaissant, elle n'oserait pas revenir de peur de devoir faire face à nos parents.

Les mensonges commençaient à s'accumuler, j'essayais de la couvrir et de garder le souvenir que j'avais d'elle lorsque nous étions plus petites intacte, mais il commençait sérieusement à s'effriter. Les gens commenceront à avoir des doutes à un moment donné, surtout si on connaissait mes parents et qu'on se rendait compte que finalement, ils n'étaient pas aussi intransigeants. C'était Kelly qui m'avait demandé de raconter cette histoire à quiconque poserait des questions à son propos. Elle ne tenait pas à ce que la vérité se sache, ayant trop honte, même si cela ne l'empêchait pas pour autant de continuer sur cette mauvaise voie. J'étais complice de son état, j'en étais parfaitement consciente et je m'en voulais de lui avoir promis de ne jamais rien dire à personne, même si ses confidences me rongeaient depuis.

Je refermai l'écran de mon ordinateur portable et me levai de mon bureau afin de m'habiller. Comme tous les samedis, je rejoignais Olivia et Elijah dans leurs recherches, parfois Alex était de la partie, mais je voyais parfaitement que ça ne lui plaisait pas des masses de passer son week-end à rechercher quelqu'un qui ne voulait pas être trouvé. Dans un sens, je le comprenais, mais Liv était mon amie et il était de mon devoir de la soutenir dans sa quête. Elle pensait ardemment que cette lettre que Cole lui avait écrite n'était pas vraie, alors, même si je n'étais pas forcément d'accord avec elle et que je le lui avais fait savoir, je l'aidais tout de même.

Quoi qu'il en fut, en ce samedi, je le passerai avec eux et dormirai sans aucun doute chez Olivia. De ce côté-là, j'avais beaucoup plus de liberté que quelques mois plus tôt, surtout depuis que mes parents avaient rencontré ma meilleure amie.

Je comprenais leur réticence, ils ne voulaient que mon bien, ils ne faisaient pas tout ça pour me pourrir la vie comme beaucoup auraient tendance à croire, mais pour me protéger. Ils voulaient éviter que ce qui était arrivé à Kelly ne se répète encore une fois et vérifier les amitiés de leur fille était la première étape.

Une fois prête, je sortis de ma chambre et en débarquant à la cuisine, je remarquai qu'il était un peu plus de dix heures. Ma mère se trouvait derrière les fourneaux et préparait déjà le repas pour ce midi, mais je ne serais pas là pour pouvoir le goûter, alors que ça sentait vraiment super bon. Quant à mon père, il était assis autour de l'îlot central de la pièce, en train de lire la presse écrite. Aujourd'hui était son jour de congé, sinon, je ne l'aurais pas vu avant le soir. C'était l'un des avantages d'être un flic et de bosser à Fairfield, apparemment, lorsque nous vivions à New York, c'était loin d'être pareil. D'après ma mère, il rentrait à peine à la maison et nous voyait très peu. À l'époque, il ne vivait que pour son boulot pour ainsi dire, c'était l'une des raisons qui avait poussé ma famille à quitter la côte Est pour Fairfield.

Si Seulement... (Tome 2 de Si Jamais...) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant