Chapitre 36 - Jake

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Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent ? pensai-je en regardant dans la direction d'Elijah et Ivy.

Ça faisait plus de cinq minutes que j'attendais comme un... chauffeur de taxi devant chez moi tandis qu'ils papotaient tranquillement. D'ailleurs, il allait falloir que je remonte les bretelles de mon frangin. Il prenait trop la confiance dernièrement.

Ce qui me gavait par-dessus tout, c'était qu'il prenait les devants toujours avant moi, ce qui donnait une piètre image de ma personne. J'allais proposer à Ivy de la ramener, mais il avait fallu qu'il soit plus rapide que moi. Contrairement à lui, je devais marcher sur des œufs, je ne voulais surtout pas qu'elle se sente mal à l'aise. C'était une chose de la taquiner ouvertement et de faire des insinuations à connotation douteuse alors qu'Elijah n'était pas très loin, c'en était une tout autre de me retrouver tout seul avec elle dans l'obscurité de la nuit et dans un espace réduit. Certes, c'était déjà arrivé par le passé, dès le jour où nous avions fait la paix, mais les choses avaient changé depuis cette nuit-là.

J'avais beau me dire que je devais me tenir le plus éloigné possible d'elle afin d'éviter les ennuis, j'avais la sensation que cela m'était impossible. J'avais l'impression qu'importe ce que je ferais, je me verrais toujours attiré par elle. Elle était devenue comme le centre gravitationnel de mon univers et ça ne me plaisait pas des masses. Je n'étais pas quelqu'un d'émotionnellement dépendant, ça n'avait jamais été le cas auparavant, pourtant, je me rendais bien compte qu'il y avait quelque chose de différent. À sa façon, elle me fascinait. J'ignorais si c'était à cause de son « innocence », de son honnêteté ou de sa bienveillance. Car oui, qu'importe ce que j'avais pensé d'elle autrefois, elle l'était bel et bien. J'avais beau eu vouloir la détester, sa gentillesse me tapait sur le système. C'était le cas encore aujourd'hui, parce que plus j'apprenais à la connaître, plus je me sentais attiré par sa lumière. J'étais un papillon de nuit ébloui par son éclat, malgré toutes les contraintes qui pouvaient en découler.

Dire que j'étais complètement paumé serait un euphémisme, tout comme affirmer que je n'étais pas nerveux comme un pauvre puceau au simple fait de la raccompagner chez elle. J'avais beau me dire que ce n'était pas la première fois que ça arrivait, le contexte était tout autre.

Puis cette attente... ça en devenait insupportable !

Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien se raconter tous les deux ? En plus, à présent, ils regardaient dans ma direction. Connaissant Elijah, il pouvait très bien être en train de lui raconter des conneries à mon sujet. Bon, je ne pensais pas non plus qu'il cherchait à la faire flipper, mais j'étais certain qu'il lui balançait les gros dossiers me concernant, à savoir : toutes mes gaffes. Et il y en avait un grand nombre.

Agacé, j'appuyai sur le klaxon à deux reprises. Ils sursautèrent et je sortis ma tête par la fenêtre avant de gueuler un « On y va ou quoi ? » pas très affable.

Immédiatement, Ivy dit au revoir à mon frère et vint me rejoindre. En montant dans la voiture, elle évita sciemment mon regard. Désormais, je remarquais qu'elle était aussi rouge qu'une pivoine.

— Tu vas bien ? Tu es cramoisie.

Inconsciemment, elle se toucha les joues puis écarquilla légèrement les yeux, le tout sans même me regarder. Définitivement, Eli lui avait raconté quelque chose. Pour sûr même ! Il allait me les payer celui-là !

— Ça va, murmura-t-elle. Il faut que je sois chez moi à vingt-deux heures trente.

La manière dont elle se pressa tout à coup me fit m'esclaffer. Elle n'avait pas l'air si pressée que ça lorsqu'elle papotait avec Elijah.

Si Seulement... (Tome 2 de Si Jamais...) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant